lundi 4 juin 2007

La doctrine du Christ à partir de la Réforme

Voici une nouvelle section de la série sur la christologie. Pour lire les billets précédents, cliquez ici.

La doctrine du Christ à partir de la Réforme

La Réforme n’a pas vraiment innové en matière de christologie, si ce n’est quelques précisions doctrinales nécessaires qu’elle a dû apporter face à certains hérésiarques de cette époque qui reprenaient les hérésies du passé mais sous des formes et présentations différentes. La Réforme a donc réaffirmé de manière globale et conciliante les dogmes christologiques des premiers Conciles œcuméniques (les quatre premiers conciles, Chalcédoine en particulier)[1].


Dans la section qui suit, nous verrons la christologie des principales confessions issues de la Réforme (la Confession d’Augsbourg, la Confession de La Rochelle, la Seconde Confession helvétique et le Catéchisme de Heidelberg) et de la période subséquente à la Réforme (les Textes de Westminster, la Confession de foi réformée baptiste de 1689). Nous n’avons retenu de ces confessions que l’enseignement relatif aux deux natures (divine et humaine) du Christ et à l’union de ces deux natures dans une personne unique.

Les Confessions de foi de la Réforme

La Confession d’Augsbourg (1530)
Devant la menace nouvelle que représentent le mouvement de protestation suscité par le moine augustin Martin Luther, la Diète (assemblée politique dans certains pays d’Europe) du Saint Empire romain germanique décide de se réunir à Augsbourg au printemps 1530. Devant les seigneurs, évêques et représentants des villes, l’empereur Charles Quint propose un arbitrage entre partisans et ennemis de Luther.

Craignant cependant pour sa vie, Martin Luther décide de se faire représenter par Philippe Melanchton. Le 25 juin 1530, celui-ci présente donc à la Diète la profession de foi de Luther, connue sous le nom de « Confession de foi d’Augsbourg ». Ce texte est toutefois rejeté après six semaines de réflexion par les théologiens catholiques. Les partisans de Luther émettent aussitôt une protestation solennelle. D’où le nom de « protestants » qui est donné dès lors à l’ensemble des chrétiens qui se détournent de l’ancienne foi catholique. Voici ce qu’enseigne, à l’article 3, cette confession de foi en ce qui concerne la personne de Christ :

Article 3 : Du Fils de Dieu Nous enseignons aussi que Dieu le Fils est devenu homme, né de la pure Vierge Marie, et que les deux natures, la divine et l’humaine, unies inséparablement dans une personne unique, constituent un seul Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme. Il est véritablement né, il a réellement souffert, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, afin qu’il s’offrit en sacrifice, non seulement pour le péché originel, mais aussi pour tous les autres péchés, afin d’apaiser la juste colère de Dieu[2].

[1] Comme le souligne Robert L. Reymond, « la définition chalcédonienne du cinquième siècle devait devenir la pierre de touche de l’orthodoxie christologique dans la chrétienté catholique [universel] durant les mille cinq cents prochaines années, survivant même au schisme de 1050 ap. J.-C. de l’Église en Églises d’Orient et d’Occident et ensuite au sixième siècle dans la chrétienté occidentale à la division de cette même Église en Églises romaine catholique et protestante » ; Robert L. REYMOND, op.cit., p. 614.

[2] « Le même Christ est descendu aux enfers ; il est réellement ressuscité le troisième jour, monté au ciel, assis à la droite de Dieu, afin qu’il étende son règne et sa domination éternels sur toutes les créatures, qu’il sanctifie, purifie, affermisse et console par le Saint-Esprit tous ceux qui croient en lui, et afin qu’il leur donne en partage la vie et toutes sortes de dons, et qu’il les protège contre le diable et le péché. Ce même Seigneur Jésus-Christ reviendra enfin visiblement, pour juger les vivants et les morts, etc., — selon le Symbole des Apôtres. »

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