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mardi 10 février 2009

La spiritualité et les chrétiens évangéliques

J'ai débuté ma maîtrise en théologie. Premier cours: La spiritualité et les chrétiens évangéliques. Je crois que ce cours sera très intéressant, si bien que j'ai décidé d'utiliser le thème de ce cours pour mes prochaines prédictions. Dans les semaines à venir, je compte partager avec vous quelques-unes de mes réflexions sur le sujet.

vendredi 26 décembre 2008

Pensée sur le créationisme

Ce qui devient trop souvent problématique dans l’effort de plusieurs créationnistes pour garder « intact » les énoncés dits scientifiques du récit de la création, c’est quand la perspective scientifique devient omniprésente dans l’interprétation qu’ils font du texte de la Genèse. Le récit de la création est bel et bien lu, analysé et étudié en profondeur, mais tout cet effort a pour seul et unique but de répliquer aux objections des évolutionnistes. Le discours des créationnistes et leur interprétation des Écritures deviennent alors uniquement scientifiques, et tout ce que Moïse a voulu initialement communiquer par ce récit de la création passe soudainement au second plan ou est tout simplement ignoré et mis de côté.

dimanche 6 juillet 2008

La connaissance de Dieu, partie 3

Voici la suite et la finale de la brève série sur la connaissance de Dieu. Vous pouvez lire la partie 1 en cliquant ici et la partie 2 en cliquant ici.

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Comme nous l’avons vu dans le dernier billet, Dieu est incompréhensible (ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas être connu par les siens) et aucun homme ne peut prétendre le connaître tel qu’il est en réalité. Dieu est au-dessus des hommes, il les transcende. Cette transcendance signifie que Dieu est le créateur et que nous sommes ses créatures. Cette distinction créateur/créature est fondamentale pour le croyant: elle lui rappelle que ce n’est pas lui qui est la source et le soutien de toutes choses mais Dieu. C’est Dieu qui est le Tout-Puissant et, s’il le désire, il peut nous anéantir tous en un seul instant.

En réalité, nul homme ne décide de son sort et nul ne sait ce que Dieu a en réserve pour lui. Cette pensée est angoissante pour le non-croyant. Comment peut-il en effet être vraiment paisible et heureux alors qu’il n’a aucune idée de son destin et de ce qui adviendra de lui lorsqu’il aura trépassé ?

Ne pas connaître Dieu, c’est aussi ne pas connaître le sens de la vie et le pourquoi de la mort. Les hommes ne se plaisent pas face à un tel sentiment vertigineux de vide. Alors, comme pour « boucher le trou », pour se donner l’impression qu’il y a quelque chose ou quelqu’un qui connaît toutes choses et domine sur tout, les hommes se sont donné des dieux. Mais, en vérité, ces « dieux » ne sont pas au-dessus des hommes, ils ne sont pas de véritables dieux : ils ne sont que le vulgaire produit de l’imagination humaine.

À dire vrai, l’idolâtrie (les multiples cultes rendus à des dieux) n’est que le chemin le plus détourné que les hommes empruntent pour se vouer un culte à eux-mêmes : ils adorent ce qu’ils ont imaginé, ce que leurs mains ont façonné. N’est-ce pas là d’ailleurs la racine du premier péché, cette connaissance du bien et du mal qui aurait permis aux hommes d’être « comme des dieux » (Gn 3.5) ?

Dieu est infiniment grand et majestueux et c’est lui qui est au contrôle de tout. Nul ne peut s’opposer à lui ni le détrôner. Nul ne peut l’injurier sans être puni. Nul ne peut aimer Dieu si ce dernier ne se révèle pas aux hommes et ne leur montre pas le véritable chemin de l’adoration. Le chrétien reconnaît la suprématie de Dieu et il s’en réjouit. Au lieu de nous écraser, une vision d’un Dieu transcendant devrait nous sécuriser. En effet, comme Paul le dit en Romains 8.31 : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Car ce Dieu qui nous transcende est aussi celui qui vient vers nous.

vendredi 4 juillet 2008

La connaissance de Dieu, partie 2

Voici la suite du billet précédent intitulé La connaissance de Dieu.

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O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles ! En effet, qui a connu la pensée du Seigneur, qui a été son conseiller ? (Rm 11.33-34)
Un hérésiarque nommé Eunome a dit ceci :
Dieu ne sait de son être rien de plus que nous, son être n’est pas plus clair pour lui que pour nous. Tout ce que nous savons de lui, il le sait également, et tout ce qu’il sait de lui-même, nous le trouvons facilement en nous sans différence aucune.
Inutile de dire que cette affirmation est blasphématoire et anti-biblique. Pas étonnant aussi que les blasphèmes de cet hérésiarque ont été vigoureusement réfutés par quelques-uns des Pères de l’Église, dont Basile de Césarée, son frère Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome.

Pourtant, une telle affirmation est porteuse de leçons. Bien entendu, ce n’est pas de son contenu doctrinal que nous pouvons tirer quelques leçons, mais des conséquences inévitables qu’entraînera toujours un rejet de la Parole de Dieu. Dans le cas d'Eunome, son rejet de la Parole l’a conduit à formuler cette doctrine impie qui réduit Dieu à la mesure des hommes. C'est pourquoi les hommes, tant et aussi longtemps qu'ils refusent de se soumettre à l’Écriture Sainte pour s’enquérir de la véritable connaissance de Dieu, s’égareront toujours plus en de vaines spéculations à la fois absurdes et blasphématoires à propos de Dieu.

Comme le dit Saint Paul dans l’épître aux Romains (le verset en tête du billet), « nul n’a connu la pensée du Seigneur ». Permettez-moi de vous dire que Paul s’adresse ici à des croyants de l’Église primitive et que ceux-ci se soumettaient tant à l’Ancien Testament qu’à la prédication des apôtres. Ils avaient donc une certaine connaissance du Dieu véritable. Or ces croyants n'osaient même pas dire qu'ils étaient à même de sonder les profondeurs de Dieu. Il va de soi que les incroyants ne peuvent pas faire mieux dans ce domaine! Dieu est au-dessus des hommes et ses pensées ne sont pas les leurs; il transcende les hommes. Mais il a daigné se faire connaître à nous, membres de son peuple élu ; il s’est révélé à nous dans la personne du Seigneur Jésus-Christ.

Que Dieu soit béni éternellement!

mercredi 2 juillet 2008

La connaissance de Dieu

La connaissance de Dieu, le connaître Lui : on nous dit souvent que cet aspect est essentiel pour notre marche chrétienne, voire fondamental. Mais qu’entendons-nous exactement par connaître Dieu ? En quoi consiste cette connaissance ? Est-elle strictement intellectuelle ou bien n’est-elle qu’une simple relation émotionnelle avec Dieu, quasi mystique et irrationnelle?

Il est évident que ces deux conceptions, une connaissance intellectuelle et une relation émotionnelle, sont extrêmes et nous n’avons pas à choisir entre l’une ou l’autre. En fait, la vraie connaissance de Dieu implique autant notre intelligence que nos émotions. En effet, n’y a-t-il pas une joie immense (émotion) de penser à Dieu (intelligence) et de le connaître tel qu’il se révèle à nous par sa Parole ? N’avons-nous pas tous fait l’expérience enivrante d’une allégresse indescriptible lorsque nous avons compris que Dieu nous a fait grâce et qu’il est devenu notre Sauveur en Jésus-Christ ? N’avons-nous pas tous été transportés de joie lorsque Dieu, le créateur de toutes choses, a fait de nous de nouvelles créatures? Ainsi, l’authentique connaissance de Dieu fait appel autant à notre intelligence qu’à nos émotions.

Mais pourquoi cette connaissance sollicite aussi bien nos émotions que notre intelligence ? Nous répondons à cette question par un seul mot : la ferveur. En effet, la saine doctrine de Dieu, lorsqu’elle est passionnément méditée dans notre homme intérieur, débouche inévitablement sur l’obéissance. Le chrétien devient alors un fervent ! Une passion l’anime, il bouillonne d’une joie et d’un enthousiasme débordant et il s’exclame alors, comme l’apôtre : “ Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier. ” (1 Jean 4.19) Par contre, si la doctrine est aride et ne descend pas plus profondément que nos neurones de la superficialité, elle demeure stérile et ne produit aucune ferveur. À l’inverse, la ferveur sans connaissance n’est que gaspillage d’énergie et de temps. C’est une ferveur “ dans le vide ”, car elle n’a pas d’objet précis ni de but défini (à savoir une idée juste de Dieu et de sa volonté). Donc, la vraie connaissance de Dieu, celle que la Parole nous enseigne et que l’Esprit Saint nous communique, illumine l’entendement du croyant et réjouit son cœur ; elle le pousse à obéir avec ferveur et intelligence à Sa volonté.

vendredi 27 juin 2008

La Passion du Christ

Vous vous souvenez sans doute du film La Passion du Christ, de Mel Gibson? Les images suivantes sont tirées des scènes les plus sanglantes et morbides du film (et, croyez-moi, celles-ci ne sont pas les plus morbides ni les plus violentes):


Lorsque l'on compare ces images de l'épisode de la Passion aux faits relatés dans les quatre évangiles, on s'étonne de constater à quel point les évangélistes ont été sobres et très peu descriptifs dans leur manière de rapporter la passion de Jésus (le mot passion, en passant, veut dire "souffrance" en latin). On voit très bien que pour les évangélistes, contrairement à Mel Gibson, la violence ainsi que les détails sanglants de la Passion ne figuraient pas à l'avant-plan de leur théologie. Ils ne voulaient pas que la foi des fidèles repose sur une émotion de frayeur engendrée par une description détaillée des sévices que Jésus a endurés.

J'en viens parfois à me demander si le film de Mel Gibson n'est pas dans le fond une forme de "voyeurisme sadomasochiste" qu'on a spiritualisé parce qu'après tout il s'agit de Jésus. Nous sommes parfois comme ça, nous, les chrétiens: un p'tit peu de jésus par-ci, un p'tit peu de jésus par-là et le tour est joué, on se dit qu'on a affaire à quelque chose de vraiment chrétien. C'est triste, mais, à bien y penser, c'est tout de même plus facile pour la conscience de "christianiser" le monde que de marcher délibérément dans le monde. Au moins, de cette façon, on a l'impression d'accomplir le bien, même si, dans le fond, on se lance tête première dans les voies destructrices des œuvres des ténèbres. J'ai d'abord critiqué plus positivement le film de Gibson (voir ici). Mais, après quelques années de réflexion, je me suis fait une opinion beaucoup plus négative de ce film.

mercredi 18 juin 2008

Le pétrole des riches

Alors Jésus les appela tous auprès de lui et dit: Vous savez ce qui se passe dans les nations: les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font peser sur eux leur autorité (Matthieu 20.25)

Alors Jésus dit à ses disciples: Vraiment, je vous l'assure: il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux (Matthieu 19.23).
Le prix de l'essence monte en flèche; on se demande bien quand cette montée vertigineuse du prix à la pompe enfin cessera . Les consommateurs en ont marre; ils ne veulent plus payer. Mais, faute d'une voix assez forte pour se faire entendre, ceux-ci se résignent et payent.

Cette situation me donne profondément à penser comment nous, les petits, sommes sans voix et à la merci des grands de ce monde. Vraiment, que peut-on faire de concret pour réduire le coût de l'essence? Implorer l'intervention du gouvernement? Mais que dit Jésus? Ne dit-il pas que ce sont les chefs politiques et les grands personnages qui font peser sur le peuple leur autorité ? Ces gens font équipe. Tout comme les politiciens et les grands personnages d'autrefois, les politiciens et les richards de notre époque s'allient pour exploiter les petits. Une preuve? Décortiquez le prix de l'essence, et vous vous apercevrez qu'une bonne portion de votre argent va directement dans les coffres du gouvernement. Les magnas du pétrole et les politiciens profitent donc ensemble de la hausse du prix de l'or noir.

La richesse et le pouvoir ne sont pas en soi de mauvaises choses. Par contre, dans le contexte d'un monde perverti par le péché, il en va tout autrement. Et je crois que c'est précisément cela que Jésus a voulu transmettre à ses disciples. Il a voulu leur faire comprendre que le pouvoir et la richesse, dans le contexte du Royaume de Dieu, n'ont plus la même signification et ne poursuivent plus les mêmes objectifs. Le pouvoir, en contexte chrétien, revêt le caractère du service accompli fidèlement envers ses frères ("Si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur" - Marc 10.43), tandis que la richesse, toujours dans le même contexte, doit servir à contenter les pauvres, comme l'illustre si bien le dialogue entre Jésus et le jeune homme riche ("Si tu veux être parfait, va vendre tes biens, distribue le produit de la vente aux pauvres, et tu auras un capital dans le ciel. Puis viens et suis-moi" - Matthieu 19.21).

La Révolution a toujours été la tentative des petits de renverser la domination des grands. La Révolution semble a priori très noble et pleine de bonne justice; elle désire en effet rétablir toute justice en effaçant les rapports de force injustes entre les grands et les petits. Mais y parvient-elle vraiment? Non, elle n'y parvient jamais. L'histoire nous enseigne en effet que les petits qui ont fait la Révolution, une fois les grands renversés, sont eux-mêmes devenus de nouveaux grands dominants. Ce qui, au départ, paraissait être une cause noble, s'est effondré une fois les acquis de la Révolution obtenus, lorsque les révolutionnaires, une fois en possession du pouvoir, ont été asservis par les penchants mauvais de leur cœur non moins assoiffés de puissance et de richesses que le cœur de ceux qu'ils venaient de renverser.

Jésus n'a pas suggéré à ses disciples la voie de la Révolution. Il a plutôt institué l'Église, nouvelle société de justice au sein de laquelle les plus aptes à conduire le troupeau seraient ceux dont la vie se caractériserait par une humilité et un esprit de service hors du commun. Ces pasteurs seraient non seulement des serviteurs, mais encore des exemples de vie pour les brebis, pour que ces mêmes brebis acquièrent elles aussi une humilité et un esprit de service.

vendredi 25 janvier 2008

Théologie et puissance de Dieu 2

Pour faire suite et répondre en partie à mon billet précédent, Théologie et puissance de Dieu, voici une citation fort à propos de Charles Henry Mackintosh, qui illustre bien le type de chrétiens anti-théologiens auxquels j'ai fait allusion dans ce dit billet. Voici ce qu'il a écrit dans son ouvrage Notes sur le livre du Deutéronome:

Nous serons entièrement délivrés des influences desséchantes des systèmes théologiques quels qu’ils soient! Nous pourrons dire aux promoteurs de toutes les écoles de théologie sous le soleil, que quels que soient les éléments de vérité qu’ils puissent trouver dans leurs systèmes, nous les possédons avec une perfection divine dans la parole de Dieu; ni tordus, ni tourmentés, afin de les faire entrer dans un système, mais étant tous à leur vraie place dans le vaste cercle de la révélation divine, dont le centre éternel est la personne bénie de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
Il est intéressant de constater que cet auteur, qui accuse les écoles théologiques de tordre et tourmenter la parole de Dieu, offre dans son ouvrage sur le Deutéronome tout sauf une exposition claire et satisfaisante de ce livre biblique. En effet, pour Mackintosh, le texte scripturaire sert de prétexte pour aborder des thèmes doctrinaux certes bibliques, mais qui n'ont toutefois aucun lien avec le livre biblique étudié. Il en résulte une « exposition massacrée » du texte, où il devient tout à fait impossible de comprendre l'idée directrice du récit biblique ainsi que le sens des versets, tant en eux-mêmes que dans l'ensemble de leur contexte immédiat et du livre biblique lui-même. Il est d’ailleurs malheureux de constater que Mackintosh applique cette même approche interprétative dans tous ses ouvrages sur le Pentateuque. Ce qui prouve que le fait d'affirmer fièrement ne s'accrocher à aucun système théologique, quel qu'il soit, ne garantit nullement une meilleure interprétation du texte sacré.

Il m'apparaît évident qu'une confusion règne dans l'esprit de ceux qui rejettent la théologie: ils ne font pas la distinction entre rationalisme et raison. Le rationalisme, selon deux définitions du dictionnaire Le Petit Robert, est

1) Une croyance et confiance dans la raison, dans la connaissance naturelle (opposé à mysticisme, révélation religieuse).

2) Une doctrine selon laquelle on ne doit admettre en matière religieuse que ce qui est conforme à la raison naturelle et saisissable par elle (opposé à fidéisme).

Qu'il se trouve des individus pour s'opposer et dénoncer le rationalisme, vous m'en verriez heureux, car le rationalisme est contraire au message de la Bible. La Bible, en effet, laisse clairement entendre que la sagesse des hommes ne peut aucunement les conduire à Dieu :
Aussi est–il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ?Dieu n’a–t–il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. (1 Corinthiens 1:19-21)
Par contre la raison, dans sa signification fondamentale, désigne les facultés intellectuelles de l'homme. La pensée discursive et la logique appartiennent en propre aux facultés intellectuelles humaines, bien que certaines personnes possèdent ces facultés dans une plus grande mesure. La raison, ainsi considérée et contrairement au rationalisme, ne s'oppose pas à la pensée biblique; elle ne fait que se placer au service de la foi chrétienne, pour systématiser le message évangélique et nous faire ainsi découvrir l’harmonie du tout et de chacune de ses parties. Quiconque a déjà cultivé un potager comprend ce que je veux dire : pour aider le potager à fructifier et pour que le jardinier s’y retrouve plus aisément, il convient de planter les légumes en les ordonnant selon un plan. C'est un peu la même chose que la théologie désire faire.

Dans un prochain billet, je vais poursuivre cette réflexion en démontrant que la Bible enseigne une utilisation saine de la raison et que la raison renouvelée ne s'oppose pas à la puissance de Dieu.

mardi 22 janvier 2008

Théologie et puissance de Dieu

J'ai souvent entendu certains chrétiens dire que les théologiens, en raison de leur intérêt pour la réflexion, nient la puissance de Dieu. Comme si le fait de réfléchir faisait du même coup en sorte que diminue la foi du théologien en la puissance de Dieu. Dans l'esprit de ces chrétiens, il paraît en effet impossible que la réflexion théologique ainsi que la systématisation de cette réflexion puisse aller de pair avec la foi chrétienne en la toute puissance du Seigneur, car, disent-ils, la réflexion « tue » la foi. Ils proposent donc à la place une pratique de la foi qui se garde de placer les doctrines chrétiennes en système théologique et se persuadent de la sorte avoir mis leur foi en sécurité contre cette « théologie-systématique-dévoreuse-de-foi-chrétienne ».

Je ne partage pas l'opinion de ces gens. C'est pourquoi je prendrai le temps de la réfuter dans un billet ultérieur.

vendredi 18 janvier 2008

Confession de foi 4

6) L'homme : Certains se plaisent à penser que l'homme a été formé à l'image du singe, suite à un long processus évolutif; nous croyons plutôt que l'homme, qui n'a absolument rien d'un singe, a été divinement créé à l'image de Dieu. L'homme a commis le mal, devenant ainsi coupable devant Dieu. Par conséquent, il se trouve désormais dans un état de dépravation totale dans lequel il est mort spirituellement et meurt physiquement.

Les cinq premières rubriques:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

3) Christ : Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

4) Le Saint-Esprit : Il est aujourd’hui à la mode de concevoir le Saint-Esprit comme une « puissance », mais non comme une personne. Mais cela n’est pas notre opinion: nous croyons que le Saint-Esprit est non seulement une puissance, mais qu’il est aussi une personne absolument divine dans son être même et qu’il agit dans cette qualité en convaincant le monde de péché, de justice et de jugement et en régénérant, sanctifiant, illuminant et réconfortant ceux qui croient en Jésus-Christ.

5) Satan : L’iconographie populaire s’est plu à représenter le Diable comme un personnage aux oreilles pointues, avec des cornes, des pieds fourchus et une longue queue. Mais cette représentation, en plus d’être inexacte, incite les gens à croire que Satan est un personnage légendaire et non un être mauvais qui existe réellement. Nous croyons non seulement qu’il existe, mais qu’il est aussi à l’origine du mal et qu’il est le suprême ennemi de Dieu et de l’homme.

mercredi 16 janvier 2008

Confession de foi 3

4) Le Saint-Esprit : Il est aujourd’hui à la mode de concevoir le Saint-Esprit comme une « puissance », mais non comme une personne. Mais cela n’est pas notre opinion: nous croyons que le Saint-Esprit est non seulement une puissance, mais qu’il est aussi une personne absolument divine dans son être même et qu’il agit dans cette qualité en convaincant le monde de péché, de justice et de jugement et en régénérant, sanctifiant, illuminant et réconfortant ceux qui croient en Jésus-Christ.

5) Satan : L’iconographie populaire s’est plu à représenter le Diable comme un personnage aux oreilles pointues, avec des cornes, des pieds fourchus et une longue queue. Mais cette représentation, en plus d’être inexacte, incite les gens à croire que Satan est un personnage légendaire et non un être mauvais qui existe réellement. Nous croyons non seulement qu’il existe, mais qu’il est aussi à l’origine du mal et qu’il est le suprême ennemi de Dieu et de l’homme.

Les trois premiers:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

3) Christ : Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

mardi 15 janvier 2008

Confession de foi 2

Voici la suite de la confession:

3) Christ: Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

Un rappel des deux premières rubriques:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

lundi 14 janvier 2008

Dieu est généreux

Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Recommande–leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. (1 Timothée 6:17-19)
Il y a dans ce verset une affirmation théologique à propos de la personne de Dieu : Dieu est bon et généreux. En effet, « Dieu nous donne en abondance toutes choses pour que nous en jouissions ». Mais la vérité de la bonté de Dieu nous renvoie également à la notion de Dieu le créateur. Car c’est bien en raison du fait que Dieu est le créateur des cieux et de la terre qu’il peut ainsi nous accorder toutes choses. Voici ce qu’enseigne la Genèse :
Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture. (Genèse 1:26-30)
Dieu, dans sa bonté, nous a donc donné de dominer sur la création afin que nous jouissions de tout ce qu’elle contient.

J’aime beaucoup la pêche. J’apprécie la pêche parce qu’il s’agit d’une occasion de découvrir la générosité de Dieu en contemplant ce qu’il a créé et donné en partage aux hommes. La richesse de nos lacs et rivières où abondent les poissons, les oiseaux qui virevoltent au dessus de ma tête, les animaux qui se blottissent derrière les arbustes pour épier mes moindres mouvements, les feuilles frissonnantes des arbres: quand j’erre dans les bois, toute cette faune et flore pleine de vitalité me témoignent de la générosité de Dieu.

Mais d’une manière plus spécifique encore, Dieu ordonne à l’homme d’être fécond et de se multiplier. Cet ordre de se multiplier est également une démonstration de la générosité de Dieu. Il indique en effet que la création est suffisamment abondante de richesses pour accueillir des multitudes de vies humaines.

Nous pouvons jouir de la création de manière directe. Par exemple, quand je mange les poissons que je pêche, je jouis de la création directement, puisqu’il n’y a aucun intermédiaire entre le produit et moi. Il en va de même lorsque je cultive mon propre jardin et me nourris de sa récolte. Dans un cas comme dans l’autre, les produits dont je jouis n’ont jamais été introduits dans l’activité économique.

En règle générale, nous jouissons de la création en consommant des produits qui proviennent des différents secteurs de l’économie. Ces produits peuvent être non transformés, comme les fruits, les légumes, le poisson, etc., ou être transformés, par exemple une télévision, une voiture, une maison, etc. Dans la majorité des cas, les produits appartenant à cette seconde façon de consommer se payent en argent. Dans notre société, on dit d’une personne qu’elle est riche lorsqu’elle possède une abondance d’argent lui permettant d’acquérir des biens provenant des différents secteurs de l’économie.

Pourquoi la pauvreté?

Dieu est bon et généreux, comme l’Écriture l’enseigne. Pourquoi alors la pauvreté? Comment expliquer que certaines personnes nagent dans l’opulence alors que les autres ont de la difficulté à « joindre les deux bouts »?

Selon une étude de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’université des Nations unies, en 2000, les 1 % d’adultes les plus riches du monde possédaient à eux seuls 40 % des biens mondiaux et 10% de la population la plus riche détenait 85 % du total mondial. Comment expliquer le fait que la presque totalité des biens mondiaux se trouvent entre les mains d’un petit nombre de personnes alors que tous les autres êtres humains se partagent le peu qui reste ?

Quand on considère la pauvreté dans le monde et ce qu’elle entraîne comme conséquences désastreuses pour ceux qui la subissent, on peut être tenté de douter de la générosité de Dieu. Pour les chrétiens, cette considération est d’autant plus troublante que ceux-ci peuvent, comme Asaph l’a fait autrefois, en arriver à remettre sérieusement en cause la bonté de Dieu pour les siens :
Mon pied allait fléchir, Mes pas étaient sur le point de glisser ; Car je portais envie aux insensés, En voyant le bonheur des méchants. Rien ne les tourmente jusqu’à leur mort, Et leur corps est chargé d’embonpoint ; Ils n’ont aucune part aux souffrances humaines, Ils ne sont point frappés comme le reste des hommes. Ainsi sont les méchants : Toujours heureux, ils accroissent leurs richesses. C’est donc en vain que j’ai purifié mon cœur, Et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence: Chaque jour je suis frappé, Tous les matins mon châtiment est là. (Psaume 73:2-5, 12-14)
Comment expliquer cette « injustice » humaine, criante et qui n’épargne aucun peuple ni aucune société? Comment expliquer que ce sont les impies qui ont la vie facile, alors que nous, les enfants de Dieu, sommes parfois dans la misère ? Dieu aurait-il abandonné son peuple ?

Injustice des hommes

Comme les textes bibliques nous l’ont démontré, Dieu est bon et généreux. Il est donc hors de question de contester cette donnée scripturaire. La Bible, cependant, donne une explication de l’origine de l’injustice et de la pauvreté qu’elle fait naître. Selon le récit de la Genèse, tout a commencé à la chute; c’est à cause du péché de l’homme que la pauvreté a pris place :
Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. (Genèse 3:17-19)
La malédiction du sol constitue en effet la première conséquence du péché pour l’homme : l’homme devra désormais peiner toute sa vie pour obtenir sa subsistance quotidienne. Telle est la réalité de l’homme depuis la chute. Et, bien entendu, ce sont les plus robustes et les plus endurants qui ont tiré parti de cette situation. En effet, on voit cela peu de temps après le déluge :
Cusch engendra aussi Nimrod ; c’est lui qui commença à être puissant sur la terre. Il fut un vaillant chasseur devant l’Eternel ; c’est pourquoi l’on dit : Comme Nimrod, vaillant chasseur devant l’Eternel. Il régna d’abord sur Babel, Erec, Accad et Calné, au pays de Schinear. (Genèse 10:8-10)
Nimrod a été le premier tyran à vouloir exercer une domination sur les autres hommes. L’expression hébraïque « un puissant sur la terre » signifie un grand soldat[1]. Nimrod a donc été le premier homme à conquérir des nations par la puissance militaire. Dans son commentaire biblique sur le livre de la Genèse, Jean Calvin décrit Nimrod de la manière suivante :

Nimrod s’est mis au « plus haut degré » ;
Il a été un « homme cruel » ;
Il a été « le premier auteur de la tyrannie »[2].
Depuis Nimrod, bien d’autres hommes comme lui ont établi leur domination, de sorte que même un proverbe a été écrit à propos de ce type d’hommes qui obtiennent puissance et richesse par la force :

La femme gracieuse obtient de l’honneur, et les hommes robustes obtiennent les richesses. (Proverbe 11:16)
D’autres traductions de ce même passage offrent quelques nuances intéressantes :

Et ceux qui ont de la force obtiennent la richesse.

Et les hommes violents obtiennent des richesses.

Jacques fait également mention des riches qui vivent dans l’abondance tout en opprimant le juste :
A vous maintenant, riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés ; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours ! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées. Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices, vous avez rassasié vos cœurs au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste, qui ne vous a pas résisté. (Jacques 5:1-6)
Les voies de Dieu

De toutes évidences, Dieu tolère l’injustice des hommes qui acquièrent des richesses par le moyen de l’oppression. Cependant cela ne signifie pas que Dieu permettra cette situation à tout jamais. En effet, au jour du jugement, Dieu anéantira les oppresseurs et les infidèles. Le psalmiste Asaph, dont nous avons parlé ci-dessus, a finalement compris les voies de Dieu quant au sort final des oppresseurs, et son cœur en a été apaisé. Reprenons le psaume 73 là où nous l’avons laissé :
Quand j’ai réfléchi là–dessus pour m’éclairer, La difficulté fut grande à mes yeux, Jusqu’à ce que j’eusse pénétré dans les sanctuaires de Dieu, Et que j’eusse pris garde au sort final des méchants. Oui, tu les places sur des voies glissantes, Tu les fais tomber et les mets en ruines. Eh quoi ! en un instant les voilà détruits ! Ils sont enlevés, anéantis par une fin soudaine ! Car voici, ceux qui s’éloignent de toi périssent ; Tu anéantis tous ceux qui te sont infidèles. Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien : Je place mon refuge dans le Seigneur, l’Eternel, Afin de raconter toutes tes œuvres. (Psaume 73:16-19, 27-28)
Proclamer la générosité de Dieu

À ce stade-ci de notre étude, une question s’impose : de quelle manière pouvons-nous proclamer la générosité et la bonté de Dieu dans un monde où Dieu tolère momentanément l’acquisition injuste de richesses et la tyrannie des riches? Comment, par exemple, parvenir à cette belle confession de l’apôtre Paul, qui, dans son dénuement même, peut dire avec assurances aux frères de l’Église de Philippe :
Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ. (Philippiens 4:19)
La vérité, c’est que nous démontrons la réalité de notre confiance en la bonté de Dieu lorsque, à l’exemple de lui, nous nous montrons généreux envers les autres. En d’autres mots, Dieu est généreux, oui, mais il a choisi de l’être par le truchement de ses enfants, comme si la main que nous tendons vers les nécessiteux serait une extension de la sienne. Aussi Dieu se sert-il de nous pour remédier à l’injustice humaine que subissent nos frères et sœurs en la foi.

Si nous retournons à notre texte de départ, 1 Timothée 6:17-19, nous pouvons y lire ce que Timothée, sous l’ordre de Paul, devait recommander aux chrétiens riches :
Recommande–leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. (1 Timothée 6:18-19)
Les riches, à qui Timothée doit faire cette recommandation, avaient acquis leurs richesses avant de faire profession de foi. Paul ne leur interdit nullement de préserver leur statut de riches. Par contre il les exhorte à adopter une attitude différente face à leurs richesses; il désire que leurs biens ne soient plus pour eux un sujet d’orgueil et de fausses espérances, mais que ces biens, au contraire, deviennent entre leurs mains une démonstration de la générosité chrétienne et du même coup de la générosité divine.

Mais ce ne sont pas uniquement les croyants riches qui sont appelés à faire montre de générosité; les pauvres aussi peuvent agir avec libéralité, comme en témoignent les Églises de la Macédoine, qui, malgré leur pauvreté extrême, ont contribué de bon cœur à la collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem :
Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Eglises de la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au delà de leurs moyens, nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints. (2 Corinthiens 8:1-4)
Non seulement cela, parmi les Églises de la Macédoine, il s’en trouvait une qui, malgré sa pauvreté profonde, s’est montrée particulièrement généreuse à l’endroit de l’apôtre Paul. Il s’agit de l’Église de Philippe. Or c’est aux membres de cette église locale que Paul adresse les paroles que nous avons lues précédemment :
Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ.
Si nous retournons dans l’Épître aux Philippiens, nous lisons en effet :
Vous le savez vous–mêmes, Philippiens, au commencement de la prédication de l’Evangile, lorsque je partis de la Macédoine, aucune Eglise n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous fûtes les seuls à le faire, car vous m’envoyâtes déjà à Thessalonique, et à deux reprises, de quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche les dons ; mais je recherche le fruit qui abonde pour votre compte. J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance ; j’ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable. Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ. (Philippiens 4:15-19)
Chrétien égoïste?

Un chrétien égoïste, ça va sans dire, serait une contradiction! Par définition, le chrétien est un être généreux, comme Dieu est lui-même généreux. Jacques va même plus loin : selon lui, a une foi morte le chrétien qui refuserait d’accorder nourriture et vêtement à son frère ou sa sœur :
Mes frères, que sert–il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut–elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez–vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert–il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle–même.(Jacques 2:14-17)
Conclusion

Dieu est bon et généreux. Mais comme nous l’avons vu, la générosité de Dieu s’exprime par le moyen de ses enfants; c’est à travers notre amour pour autrui que Dieu entend démontrer sa propre générosité. Serons-nous être à la mesure de ce que Dieu désire accomplir à travers nous?

________________________
[1] Voir Gordon J. WEHNAM, Word Biblical Commentary: Genesis 1-15, Word Books, Waco, 1987, p.223.
[2] Voir Jean CALVIN, Commentaires bibliques : Le livre de la Genèse, Éditions Kerygma, Aix-en-Provence, 1978, p.175.

samedi 5 janvier 2008

Confession de foi

Je comprends pourquoi bien des chrétiens trouvent que les confessions de foi sont arides et "plates" à lire. Cependant j'aime bien le format qu'ont donné à leur confession de foi les dirigeants de Saddleback Church, qu'on peut lire ici (en anglais). C'est simple et agréable à lire. D'autres diront que c'est "moderne". Je me propose donc de faire un peu la même chose, en utilisant comme document de base la confession de foi qui se trouve sur mon site. Commençons d'abord par les deux premiers thèmes de cette confession de foi, à savoir la Bible et Dieu.

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

dimanche 25 novembre 2007

Prédication: Marc 13

La difficulté de Marc 13

Il ne faut pas se le cacher, Marc 13 a exercé la sagacité de maintes spécialistes bibliques. Ce chapitre a aussi généré une production prolifique de livres et d’articles théologiques. Quand Georges et moi avons discuté ensemble pour préparer cette série sur l’Évangile de Marc, je lui ai présenté le livre suivant de G. R. Beasley-Murray, Jesus and the Last Days: The Interpretation of the Olivet Discourse, qui expose les interprétations des spécialistes bibliques à propos de Marc 13. Imaginez : un livre de 532 pages uniquement pour le chapitre 13 de l’Évangile de Marc!

Aujourd’hui, je n’ai nullement l’intention de vous présenter la complexité de ce débat. Je vais seulement souligner en passant en quoi consiste la difficulté de ce chapitre et d’où provient cette difficulté.

La difficulté de ce chapitre

La difficulté de ce chapitre réside précisément dans la chronologie des événements qui sont prédits par Jésus : Jésus annonce deux événements distincts, la destruction du Temple et son retour glorieux qui coïncide à la fois avec la fin du monde présent, mais ces événements se succèdent-ils immédiatement dans le temps ou bien une certaine période de temps les sépare? Et si une certaine période de temps les sépare, combien de temps doit alors durer cette période?

La provenance de cette difficulté

Cette difficulté provient d’une croyance juive. En effet, les Juifs pensaient que, si le Temple devait un jour en venir à être détruit, cela annoncerait sans l’ombre d’un doute la fin du monde actuel et l’établissement du monde nouveau. Car, pour les Juifs, le temple était le symbole religieux le plus important et grandiose de leur histoire. Le temple était leur plus grande fierté. Ils ne pouvaient donc pas imaginer que le Dieu d’Israël laisse longtemps impunis ceux qui auraient eu l’audace de détruire le temple. En effet, si le temple était détruit, Dieu enverrait pour sûr son Messie afin de vaincre tous les ennemis d’Israël et instaurer par la même occasion le royaume de Dieu. Voilà ce que croyaient les Juifs de l’époque de Jésus. Et cette croyance est perceptible dans la question que les quatre apôtres posent à Jésus :

Lorsque Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit: Maître, regarde quelles pierres, et quelles constructions! Jésus lui répondit: Vois-tu ces grandes constructions? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. Il s'assit sur la montagne des oliviers, en face du temple. Et Pierre, Jacques, Jean et André lui firent en particulier cette question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont s'accomplir? (v. 1-4)

La question des apôtres concerne non seulement la destruction du temple (quand cela arrivera-t-il), mais aussi la fin de toute chose (à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont s’accomplir). Pour les apôtres, l’accomplissement de toutes ces choses signifie la fin du monde et le retour du Messie, ni plus ni moins.

On peut voir cela encore plus clairement dans le récit parallèle de Mathieu :

Dis–nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde? (Mt 24.3)
Les apôtres croyaient donc eux aussi que la destruction du Temple de Jérusalem signifiait du même coup le retour du Messie et la fin du monde.

Jésus, bien entendu, connaissait cette croyance juive. Est-ce qu’il la partageait? C’est ici que se trouve tout l’enjeu du débat. Certains pensent que Jésus partageait cette croyance et que, à cause d’elle, il se serait trompé sur le temps de son avènement en annonçant un retour imminent, c’est-à-dire immédiatement après la destruction du Temple de Jérusalem. D’autres pensent que Jésus n’embrassait aucunement cette croyance; c’est pourquoi il comprenait très bien aussi que son retour ne serait pas immédiatement après la destruction du temple.

Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas l’intention d’entrer dans ce débat. Deux éléments de réponse suffisent d’être mentionnés en faveur d’une période de temps longue entre les deux événements:

  1. Jésus ne connaissait pas la date de son retour. Il semble que Jésus pressentait que son retour ne suivrait pas immédiatement la destruction du temple.
  2. Aussi, l’histoire nous enseigne que le retour du Messie et la fin du monde n’ont pas suivi immédiatement la destruction du Temple de Jérusalem. En effet, le temple a été détruit en l’an 70 de notre ère, et Jésus et la fin du monde ne sont toujours pas arrivés.

De toutes évidences, Jésus n’a pas l’intention de satisfaire la curiosité de ses disciples. En fait, Jésus veut attirer l’attention des disciples sur un autre thème, qui se trouve en réalité être le cœur même de son enseignement apocalyptique : l’importance de prendre garde. Trois dangers guettent en effet les chrétiens dans la période de tumultes qui précède le retour de Christ :

Le danger d’être séduit par les faux christs et les faux prophètes (v. 5, 21-22)

Le danger de se laisser ébranler par les persécutions à cause de la foi (v. 9-13)

Le danger d’être trouvé inactif au jour de son retour (v. 33-36)

Mais avant de considérer plus en détail les dangers qui guettent les disciples de Jésus, on doit poser une question extrêmement importante :

Pourquoi les disciples doivent-ils prendre garde à ces choses?

Jésus offre une seule raison de prendre garde : prendre garde afin d’accomplir la mission. Et cette mission consiste à travailler à la proclamation de la bonne nouvelle à toutes les nations :

Il faut premièrement que la bonne nouvelle soit prêchée à toutes les nations (v. 10)
Rien ne doit arrêter les disciples dans l’accomplissement de leur mission divine. Ils doivent donc prendre garde de ne pas se laisser séduire par les faux christs et les faux prophètes ni se laisser abattre par la férocité des persécutions ou par le découragement engendré par l’attente du retour de Jésus. Ils doivent prendre garde afin que rien ne ralentisse leur entreprise missionnaire dans le monde entier.

Le danger d’être séduit

Dans l’histoire de l’Église

L’histoire des Juifs relate que des faux prophètes et des faux messies avaient réussi à séduire des habitants de Jérusalem en leur faisant croire qu’ils triompheraient de la puissance romaine. Ces faux prophètes ont même essayé à plusieurs reprises de faire naître des révoltes, mais chaque fois celles-ci ont été étouffées par les soldats romains. On rapporte même que lors de la destruction de Jérusalem par Titus en l’an 70, un faux prophète avait séduit environ 6000 Juifs en leur assurant qu’au dernier moment Dieu interviendrait. Ils s’étaient tous enfermés dans des bâtiments adjacents au Temple. Ils ont tous été tués.

Au moment de la prise de Jérusalem en 70, les chrétiens ont profité d’un moment de répit de la part de l’armée romaine pour prendre la fuite à l’extérieur de la ville. Ils avaient pris garde et ne s’étaient pas laissés séduire par les promesses de victoire des faux prophètes, car ils connaissaient la parole prophétique de Jésus à l’égard de Jérusalem et ils avaient su lire les signes avant-coureurs de cet événement tragique.

Aujourd’hui

Depuis le début de l’Église chrétienne, il y a eu des faux christs et des faux prophètes. Et cela est encore vrai pour nous aujourd’hui. On n'a qu’à nommer Jim Jones, qui est responsable d’un suicide collectif de plus de 900 personnes, le 18 novembre 1978. Jones avait fait bâtir une communauté fraternelle en pleine jungle, car il croyait qu’un tel endroit permettrait à sa communauté de survivre à une éventuelle apocalypse nucléaire. On pourrait nommer plusieurs autres personnages qui ont agis comme faux prophètes ou comme faux christs et qui ont attiré à eux des milliers de partisans.

C’est pourquoi l’exhortation de Jésus de prendre garde est toujours actuelle. Si les premiers chrétiens de Jérusalem et ceux d’aujourd’hui ne se sont pas laissés séduire par les faux prophètes, c’est parce qu’ils ont retenu l’avertissement de Jésus et ont pris garde. Nous sommes également tenus de prendre garde de cette manière.

Le danger de se laisser ébranler par les persécutions

Dans l’histoire de l’Église

La tradition chrétienne raconte que presque tous les apôtres sont morts martyrs :

Pierre est mort crucifié à Rome, la tête vers le bas.

André, son frère, a été crucifié sur une croix en forme de X.

Jacques, le frère de Jean, a été décapité sous l’ordre d’Hérode Agrippa.

Matthieu est tombé transpercé par une lance.

Philippe a été lapidé et est mort crucifié, à Hériapolis.

Simon le Zélote a été découpé à la scie.

Barthélemy a été crucifié, puis écorché vif, pour enfin être décapité.

Thomas, selon une légende, aurait été transpercé d’une épée.

Thaddée est également mort martyrisé.

L’apôtre Paul est mort en 67, sans doute décapité.

Tous ces apôtres, sans exception, sont morts à cause du nom de Jésus, dans l’accomplissement de l’œuvre missionnaire. Ils ont pris au sérieux l’avertissement de Jésus de prendre garde à eux-mêmes, c’est pourquoi ils n’ont pas renié le Christ dans la persécution. Comme l’avait prédit Jésus, ils savaient que toutes ces choses devaient se produire, que le Dieu souverain en avait décidé ainsi.

Encore plus, ils savaient que, selon la parole de Jésus, la persécution serait une manière de rendre témoignage à la bonne nouvelle devant les rois et les gouverneurs de ce monde :

Prenez garde à vous–mêmes. On vous livrera aux tribunaux, et vous serez battus de verges dans les synagogues ; vous comparaîtrez devant des gouverneurs et devant des rois, à cause de moi, pour leur servir de témoignage. (v. 9)
Aujourd’hui

Beaucoup de chrétiens sont persécutés de nos jours. À l’heure actuelle, des chrétiens sont persécutés

en Irak,

au Pakistan,

en Iran,

dans les Territoires palestiniens,

en Ouzbékistan,

en Indonésie,

au Soudan,

en Turquie,

en Chine,

en Corée du Nord,

au Vietnam,

en Inde,

au Laos,

au Nigeria et j’en passe.

Si tous ces chrétiens peuvent persévérer dans l’épreuve de la persécution, c’est parce qu’ils prennent au sérieux l’avertissement de Jésus de prendre garde de ne pas abandonner la foi à cause de la persécution. C’est aussi parce qu’ils sont convaincus que la persécution peut servir de témoignage à la bonne nouvelle de l’Évangile.

Le danger d’être trouvé inactif

Le dernier danger est celui d’être trouvé inactif au retour de Jésus, sans y être préparé. Ce n’est pas ainsi que Jésus désire trouver ses serviteurs à son retour.

Or le fait de ne pas connaître l’heure de son retour devrait nous inciter à veiller.

Veillez signifie : accomplir la mission. Prendre garde et veiller pour accomplir la mission.

Une conception renouvelée

On conçoit habituellement les persécutions comme des signes du retour proche de Jésus-Christ, ce qui est vrai. Mais Jésus veut surtout transmettre à ses disciples la vérité suivante : les persécutions sont caractéristiques de la période entre sa mort et son retour.

Conclusion

La question pour nous aujourd’hui est donc la suivante : sommes-nous vigilants? Prenons-nous garde à notre foi devant les menaces que sont la séduction, la persécution et l’inaction?

On peut certes débattre de nos diverses positions eschatologiques, pour essayer de déterminer quand Jésus reviendra. Cependant, je peux vous assurer qu’au sein de la persécution, nos convictions à ce sujet ont peu d’importance; car ce qui compte dans de telles circonstances, c’est de prendre garde à notre foi et de se tenir debout.

vendredi 16 novembre 2007

Enseignement uniquement moral de la Bible

Mon dernier billet concernait ceux qui donnent un enseignement exclusivement scientifique de la Bible. Voici maintenant un autre texte touchant ceux qui donnent un enseignement uniquement moral de la Bible.

Un enseignement uniquement moral de la Bible

Bien sûr, la Bible enseigne nombre de principes moraux; il n’est pas dans notre intention de nier ce fait. En réalité, celui qui lit les Écritures découvrira même une « éthique[1]» dans la Bible. Dans le Sermon sur la montagne, par exemple, Jésus expose à ses disciples l’éthique qui devra dorénavant régir toute leur conduite. Cette éthique enseignée par Jésus, si on prend le nom que lui donnent habituellement les spécialistes bibliques, est « l’éthique du Royaume »[2]. Il est question dans cette éthique des lois spirituelles et morales devant gouverner tous ceux qui vivent désormais sous le règne de Dieu. Cependant, il faut s’empresser d’ajouter que, dans le Nouveau Testament, l’éthique n’est jamais considérée comme une fin en soi. En fait, l’éthique y est secondaire : sa pleine portée et toute son actualité deviennent effectives seulement après la réception de l’Évangile par l’individu. En effet, c’est aux fidèles que l’Écriture ordonne d’obéir à l’éthique du Royaume, non aux incroyants. C’est donc la foi en la grâce de Dieu qui est avant tout indispensable. Par contre, sans la foi, l’obéissance à l’éthique chrétienne ne représente qu’une tentative purement humaine, donc complètement détachée de la connaissance et de la puissance de l’Évangile, de reproduire une conduite morale vertueuse. En d’autres termes, enseigner la morale biblique sans placer celle-ci sous la bannière de la grâce de Dieu ne peut que conduire à la pratique d’un moralisme légaliste.

Du côté de la théologie libérale, le libéralisme moraliste représente un très bon exemple de cette vision purement éthique de l’enseignement biblique. Comme l’expose judicieusement Henri Blocher, la théologie libérale « ramène à l’éthique l’essentiel du christianisme[3]». Aussi, selon cette même théologie, « le Jésus historique, un simple homme à coup sûr, vaut comme Modèle morale[4]». Mais c’est là que s’arrêtent le rôle et la mission de Jésus; jamais la théologie libérale n’a accepté de représenter Jésus comme sacrifice d’expiation pour nos péchés. La prédication chrétienne n’est donc plus, dans ce contexte, la prédication de Jésus notre Sauveur, mort et crucifié pour nos péchés[5]. Tout ce que Jésus a accompli pour nous se résume en fait à ceci : il nous a montré, par son exemple parfait, comment vivre de façon vertueuse devant Dieu et devant les hommes. Naturellement, en tant que chrétiens évangéliques, nous ne pouvons adhérer à la conception des théologiens libéraux concernant l’éthique biblique. Bien entendu, nous croyons que Jésus est le Modèle par excellence. Cependant, selon l’Écriture, Jésus est bien plus qu’un simple modèle : il est aussi, et surtout, le Fils de Dieu fait homme afin de sauver, par son sacrifice à la croix, ceux et celles qui placent leur foi en lui.

Le Nouveau Testament lui-même fait mention de quelques exemples de ce type d’enseignement uniquement moral de l’Écriture. À ce titre, on peut citer les pharisiens. Selon Le Nouveau dictionnaire biblique, leur système de doctrines « ramenait la religion à l’observation de la loi et enseignait que Dieu n’accorde sa grâce qu’à ceux qui se conforment à ses ordonnances. La piété devint ainsi formaliste, la disposition du coeur ayant moins d’importance que l’acte extérieur[6]». C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi Jésus leur a reproché plus d’une fois leur justice hypocrite :

Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impureté. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes mais au dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité. (Mt 23.27-28).

Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de remarquer la manière dont Jésus envisage les conséquences dévastatrices de l’enseignement uniquement moral que répandaient les pharisiens parmi les prosélytes, ces personnes d’origine païenne qui s’étaient converties au judaïsme :

« Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui parcourez mers et continents pour gagner un seul prosélyte, et, quand il l’est devenu, vous le rendez digne de la géhenne, deux fois plus que vous! » (Mt 23.15)

Amar Djaballah résume avec beaucoup de justesse ce que dit le Nouveau Testament au sujet des pharisiens et de leur légalisme :

« Le pharisien, comme tout religieux, ne comprend pas « que “nous étions tous errants comme des brebis, ... et que l’Éternel a fait retombé sur lui la faute de nous tous (Es 53.6)"[7]».

On peut également mentionner les judaïsants, contre lesquels l’apôtre Paul a dû sans cesse mettre en garde les Églises locales, notamment les Églises de la Galatie (Ga 2.4-5), de Philippes (Ph 3.2-3), de Colosses (Col 2.8, 16-23) et de Corinthe (1 Co 1.12; 3.21-23; 2 Co 11.4-5). Le problème des judaïsants dans les Églises de la Galatie revêtait la forme suivante :

Les judaïsants voulaient forcer les anciens païens de la Galatie à adopter les rites et le mode de vie juifs, en particulier la circoncision. Pour eux, il y avait deux catégories de chrétiens [la supérieure et l’inférieure] : ceux qui étaient circoncis (Ga 6.12) et qui observaient les fêtes et les pratiques juives (Ga 4.10) faisaient partie de la catégorie supérieure[8].

Selon l’apôtre Paul, ce légalisme pratiqué et enseigné par les judaïsants constitue « un autre évangile » (Ga 1.6-7). Or le véritable Évangile, celui que Paul enseignait aux païens, annonce que les hommes sont « justifiés par la foi en Christ, et non par les œuvres de la loi, parce que nul ne sera justifié par les œuvres de la loi » (Ga 2.16). Ainsi, les judaïsants, tout comme les pharisiens, refusaient de recevoir la grâce de Dieu, qui seule pouvait pourtant les délivrer de la malédiction de la loi et les introduire dans une véritable communion avec Dieu. Ils préféraient leur « évangile légaliste » à l’Évangile de Jésus-Christ[9]. Pour cette raison, l’apôtre Paul exhortera fermement les Galates, disant : « Si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème! » (Ga 1.9)

Comme le révèlent les exemples ci-dessus, un enseignement uniquement moral de la Bible insistera énergiquement sur l’accomplissement de la loi ou des normes morales de la Bible. Dans nos Églises, ce type d’enseignement porte souvent le nom de légalisme ou de moralisme. D’ordinaire, les prédications et les enseignements de ce type mettent fortement l’accent sur la condamnation et le jugement de Dieu ainsi que sur la nécessité d’observer rigoureusement les commandements divins afin de bénéficier de la faveur divine. Il ne s’agit donc plus du message de la grâce imméritée de Dieu, mais uniquement d’un message de condamnation et de jugement. Selon ce message, seule une obéissance stricte à la loi et aux normes de Dieu peut assurer le salut des hommes. Or un tel enseignement n’est ni plus ni moins que du légalisme. Le danger de se placer sous « l’anathème » de Paul pour avoir prêché « un autre évangile » est donc toujours bien réel. C’est pourquoi les enseignants ont intérêt à s’examiner sans cesse afin de s’assurer de prêcher en tout temps « la parole de vérité » (Co 1.5).

Bien sûr, la pratique de la morale chrétienne est essentielle, puisque Jésus et les apôtres ont écrit plusieurs choses importantes à ce sujet. La morale chrétienne, cependant, doit toujours être enseignée dans le rapport étroit qui la lie au salut accompli en Jésus-Christ. C’est en effet ce salut qui constitue le besoin fondamental de l’homme, et non premièrement la nécessité d’acquérir une conduite vertueuse en accomplissant de bonnes actions morales. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’éthique est secondaire et son actualité devient effective seulement après la réception de l’Évangile par l’individu. Mais dès que cet Évangile est reçu par la foi, la vie du croyant commence à se caractériser par une conduite morale toujours plus vertueuse, conduite morale qui trouve son inspiration et sa raison d’être dans la seule et unique grâce de Dieu révélée en Jésus-Christ. Si le croyant pratique la justice de Dieu, ce n’est pas par contrainte ni par désir d’être trouver en Lui avec une justice qui serait la sienne et « qui viendrait de la loi » (Ph 3.9), mais il la pratique uniquement par reconnaissance envers celui qui « a donné sa vie en rançon pour beaucoup » (1 Tm 2.6). Comme l’expose admirablement l’apôtre Paul, c’est « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes (...), qui nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux désirs de ce monde, et à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse » (Tt 2.11-12)

Il ne faudrait cependant pas tomber dans le même piège que les Galates, qui, « après avoir commencé par l’Esprit », voulaient « maintenant finir par la chair » (Ga 3.3). Oui, nous avons reçu le salut de Dieu, et de ce fait la vie éternelle. Mais il peut arriver que, nous aussi, nous « commencions par l’Esprit » pour ensuite chercher à « terminer par la chair », c’est-à-dire vivre notre vie en tentant d’accomplir la volonté de Dieu sans nous placer sous l’impulsion de la grâce. En effet, toutes les fois où nous essayons d’obéir aux commandements de Dieu sans nous souvenir que, si « nous aimons », c’est « parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jn 4.19), nous sommes coupables de pratiquer un légalisme religieux. C’est par l’amour et la grâce de Dieu révélés en Jésus-Christ que nous avons été sauvés; et c’est également par le même amour et la même grâce qu’il nous est possible de marcher dans la volonté de Dieu et d’obéir à ses commandements.

Quiconque néglige d’enseigner aux fidèles qu’il est impossible à un homme de manifester une obéissance authentique envers Dieu tant et aussi longtemps que ce même homme ne se place pas sous « l’impulsion de la grâce », tombe forcément dans un enseignement uniquement moral de la Bible. Le danger pour les enseignants de glisser vers ce type d’enseignement est bien réel, surtout quand les brebis du Seigneur paraissent nonchalantes et peu enclines à marcher selon la volonté de Dieu et qu’il semble falloir les secouer sévèrement pour les pousser à l’action. C’est pourquoi les enseignants doivent constamment se souvenir que leur rôle est d’abord et avant tout de prêcher « Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2). C’est en effet cet Évangile de la croix qui « est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16). Ceux qui enseignent doivent donc le faire « par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice » (2 Co 6.7). Comme le mentionne également l’apôtre Paul, « les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Co 10.4-5).

Notes

  1. Le Petit Robert décrit l’éthique comme « la science de la morale; art de diriger la conduite ». Voir Le Petit Robert, sous la rubrique « Éthique ».
  2. Ladd, dans son ouvrage classique The Presence of the Future, offre une étude excellente concernant le Royaume de Dieu et l’éthique qui s’y rattache. Il dit ceci à propos de l’éthique enseignée par Jésus : « L’éthique de Jésus, donc, est l’éthique du Royaume, l’éthique du règne de Dieu. Il est impossible de séparée celle-ci du contexte total du message et de la mission de Jésus. Elle est pertinente seulement pour ceux qui ont expérimenté le règne de Dieu. »; Georges Eldon LADD, The Presence of the Future, Grand Rapids, Eerdmans, 1996, p. 290.
  3. Henri BLOCHER, Fac étude : christologie, premier fascicule, Vaux-sur-Seine, 1986, p.127.
  4. Ibid.
  5. « Ce que les libéraux nous offrent, donc, est un Christ qui a révélé ce que l’homme devrait être, mais pas un Sauveur qui délivre l’homme du péché afin que ce dernier puisse devenir ce qu’il n’est pas »; Richard J. COLEMAN, Issues of Theological Conflict : Evangelicals and Liberals, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 82.
  6. Le Nouveau dictionnaire biblique, Saint-Légier, Editions Emmaüs, 1992, voir sous la rubrique « Pharisiens ».
  7. Amar DJABALLAH, Les paraboles aujourd’hui, Québec, La Clairière, 1994, p. 107.
  8. Ibid.
  9. « Derrière ces judaïsants, nous discernons l’éternel problème du légalisme, de ceux qui pensent que le salut par grâce n’est pas suffisant et qu’il faudrait ajouter quelque chose à la foi pour gagner la faveur de Dieu et obtenir toute sa bénédiction. Dans ce sens, les judaïsants ont eu de nombreux descendants tout au long de l’histoire de l’Église. »; Le Nouveau dictionnaire biblique, Saint-Légier, Editions Emmaüs, 1992, voir sous la rubrique « Judaïsants ».

jeudi 15 novembre 2007

Enseignement de la Bible et lecture scientifique

Voici un texte que j'ai écrit concernant le rôle des enseignants de la Bible et la tendance actuelle que certains ont d'imposer une lecture scientifique des Écritures.

Un enseignement uniquement scientifique de la Bible

Une tendance actuelle dans l’enseignement de la Bible consiste à donner des enseignements scientifiques de la Bible. Cette façon de faire n’est pas nécessairement mauvaise en soi, cependant elle peut devenir potentiellement dangereuse si elle perd de vue le message central du texte enseigné. Comme le mentionne à juste titre le professeur Henri Blocher, au premier stade de l’étude de la Bible,

il convient de pratiquer « l'oubli » méthodique des théories présentes, pour entendre sans interférence le sens de l’Instruction révélée[1].

Il est en effet important de ne pas oublier que la Bible n’est pas un manuel de science. Bien entendu, la Bible contient certains énoncés de nature « scientifique ». Pour plusieurs personnes, le récit de la création est un des exemples bibliques les plus communs « d’énoncés scientifiques ». Cependant, il faut en tout temps garder en mémoire que l’Écriture n’a pas été écrite pour notre instruction scientifique et que les énoncés scientifiques qu’elle pourrait contenir sont occasionnels et fragmentaires. L’Écriture a été donnée pour révéler le salut de Dieu et sa volonté pour les hommes[2].

L’exemple du récit de la création mérite que nous lui accordions une plus grande attention. De nos jours, parmi les chrétiens évangéliques, le thème de la création jouit d’une très grande popularité. Bien sûr, une grande partie de cette popularité découle des débats engendrés par les thèses évolutionnistes de
Darwin. Ce que nous pouvons retenir de ces débats, c’est la prise de position radicale des chrétiens évangéliques contre les théories évolutionnistes. Un tel positionnement de la part des évangéliques s’avérait d’ailleurs nécessaire, car la théorie de l’évolution menaçait sérieusement de miner la foi des fidèles en la doctrine biblique de la création. Au fil du 20e siècle on a donc vu apparaître deux groupes distincts et diamétralement opposés : les évolutionnistes, d’une part, et les créationnistes, d’autre part. Ces deux groupes ont produit chacun de leur côté une littérature fort impressionnante. Beaucoup de livres créationnistes sont d’ailleurs lus par des pasteurs et des membres d’Églises locales. En soi, ce type de lecture est très approprié, voire utile et indispensable, surtout lorsque ces livres nous aident à défendre la doctrine biblique de la création. Pourtant, une question tout à fait légitime s’impose face à ce débat et la tournure gigantesque qu’il prend actuellement : est-il possible que ce débat créationniste puisse nous éloigner du véritable message du récit génésiaque de la création? Autrement dit, est-il possible qu’en voulant à tout prix « prouver » scientifiquement la véracité de la doctrine de la création, et plus particulièrement de la création en sept jours de vingt-quatre heures, on passe à côté de l’intention initiale de Moïse lorsqu’il a écrit les premiers chapitres de la Genèse?


Naturellement, ces questions n’ont pas pour but de dénigrer le bien-fondé de la démarche créationniste, qui se veut une défense honnête de la doctrine biblique de la création. Il est en effet tout à fait légitime de riposter aux attaques de l’ennemi en prenant les « armes offensives et défensives de la justice » (2 Co 6.7). Se défendre contre l’ennemi et lui riposter en temps opportun ne représente donc pas un problème en soi. Cependant, ce qui devient trop souvent problématique dans l’effort de plusieurs créationnistes pour garder « intact » les énoncés dits scientifiques du récit de la création, c’est quand la perspective scientifique devient omniprésente dans l’interprétation qu’ils font du texte de la Genèse. Le récit génésiaque est bel et bien lu, analysé et étudié en profondeur, mais tout cet effort a pour seul et unique but de répliquer aux objections des évolutionnistes. Le discours des créationnistes et leur interprétation des Écritures deviennent alors uniquement scientifiques, et tout ce que Moïse a voulu initialement communiquer par ce récit de la création passe soudainement au second plan ou est tout simplement ignoré et mis de côté. De telles conséquences nous obligent donc à réfléchir sérieusement à la façon dont nous abordons les Écritures.


Le rôle de l’enseignant et les énoncés scientifiques de la Bible

Le rôle de l’enseignant est d’enseigner droitement l’Écriture Sainte. Mais, pour bien accomplir cette tâche, l’enseignant doit respecter scrupuleusement les limites que le texte lui impose. Et, tel que nous l’avons déjà dit, la Bible n’est pas d’abord un livre scientifique, pas même le récit de la création dans la Genèse. Voilà un exemple très clair d’une limite que le texte biblique impose.

À ce sujet, il est important de bien comprendre que cette « limite scientifique » existe parce que les écrivains bibliques ont eux-mêmes « limité » leurs écrits de la sorte. Ceux-ci n’ont pas écrit des manuels scientifiques et n’avaient nullement l’intention de faire l’instruction scientifique de leurs contemporains. Concernant le livre de la Genèse, et plus particulièrement ses deux premiers chapitres, on pourrait facilement se laisser persuader que Moïse avait un certain « minimum » d’intention scientifique en touchant le thème de la création. Moïse ne présente-t-il pas en effet le Comment? de la naissance de notre monde, de quelle manière celui-ci est venu à l’existence par la parole créatrice de Dieu? Pourtant, s’imaginer qu’un récit a été écrit dans une intention scientifique uniquement parce qu’il suscite en nous des questions de nature scientifique est une bien mauvaise équation. Que le texte de la Genèse soit aujourd’hui d’un certain intérêt scientifique pour nous ne signifie nullement que Moïse a écrit ce récit dans le but de produire chez le lecteur un tel intérêt. À vrai dire, cet intérêt scientifique pour le livre de la Genèse, pour une grande partie en tout cas, est davantage le fruit de nombreuses décennies de disputes entre créationnistes et évolutionnistes[3]. La question urgente qui se pose donc à nous est la suivante : dans quel but Moïse a-t-il écrit le récit de la création et l’ensemble du livre de la Genèse? Quiconque étudie le livre de la Genèse doit prendre garde de ne pas séparer le récit de la création du reste de l’ouvrage. Une bonne compréhension du livre dans sa totalité est en effet indispensable pour saisir l’intention avec laquelle Moïse a écrit la Genèse. Le lecteur attentif remarquera que la quasi-totalité de la Genèse se concentre sur l’histoire des patriarches et sur la constitution de la nation d’Israël par le biais de la promesse faite à Abraham et à sa descendance (Gn 12.7). Le thème dominant de la Genèse est donc celui de l’histoire de la constitution de la nation d’Israël comme peuple de Dieu à travers l’accomplissement de la promesse faite à Abraham et à sa descendance. C’est dans cette perspective qu’il faut aussi considérer le récit de la création. Comme le résume avec justesse Gordon J. Wenham,

le Dieu qui a appelé Abraham n’était pas une divinité locale mais le créateur de tout l’univers. La succession de catastrophes qui arrivent à l’humanité avant l’appel d’Abraham montre pourquoi l’élection d’Abraham, et en lui, d’Israël, était nécessaire[4].

En d’autres termes, la Genèse a pour but de nous confronter au Dieu créateur contre lequel l’homme a péché, ce Dieu créateur qui, loin de s’avouer vaincu par la désobéissance de l’homme, s’engage au contraire à devenir le Dieu sauveur de ses propres créatures en se choisissant un peuple (Israël) par lequel il révélera sa volonté et accomplira la rédemption[5]. Nous ferons donc bien de prêter une oreille attentive à l’exhortation suivante :

La Genèse concerne principalement le caractère de Dieu et ses desseins pour l’humanité pécheresse. Prenons garde de ne pas laisser nos intérêts nous détourner de l’idée centrale du livre, afin de ne pas passer à côté de ce que le Seigneur, notre créateur et rédempteur, est en train de nous dire[6].

Le rôle de l’enseignant consiste donc à transmettre le même message théologique qu’a jadis voulu transmettre Moïse. Dans le concret, cela signifie que le texte de la création doit être enseigné dans la perspective de l’histoire du salut que le livre de la Genèse présente dans son ensemble. Celui qui enseigne les premiers chapitres de la Genèse doit donc le faire en prenant bien soin de faire ressortir les liens que Moïse établit entre le récit de la création et l’histoire des patriarches. Pour ce faire, l’enseignant doit connaître en profondeur le contexte culturel (le Proche-Orient) au sein duquel se déroulent les événements qui sont relatés dans la Genèse. S’il omet de faire avec soin ce travail, il court le danger d’isoler le récit de la création du reste du livre et, par conséquent, de mettre au premier plan de son enseignement des préoccupations scientifiques étrangères à l’intention initiale de l’auteur de la Genèse. Or une telle démarche serait contraire à la responsabilité qui lui incombe de prêcher le conseil de Dieu dans toute sa pureté.

Notes

  1. Henri BLOCHER, Révélation des origines, 2e édition revue et augmentée, Lausanne, Presses bibliques universitaires, 1988, p. 211.
  2. Dire que la Bible n’est pas un livre scientifique ne signifie évidemment pas que les données scientifiques qu’elle contient sont fausses. Cependant, pour éviter tout malentendu sur ce point, nous avons jugé bon de citer ici la 1ière Déclaration de Chicago sur la doctrine de l’inerrance de la Bible, et plus particulièrement l’article touchant le rapport entre Bible et science : « Nous affirmons que l’Écriture dans son intégralité est inerrante, exempte de toute fausseté, fraude ou tromperie. Nous rejetons l’opinion qui limite l’infaillibilité et l’inerrance de la Bible aux thèmes spirituels, religieux, ou concernant la rédemption, et qui exclut les énoncés relevant de l’histoire et des sciences. Nous déclarons, en outre, illégitime l’emploi d’hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre pour renverser l’enseignement de l’Écriture sur la création et le déluge. » (Art. XII); 1ière Déclaration de Chicago, dans Paul WELLS, Dieu a parlé, Québec, La Clairière, 1997, p. 232. On peut à ce titre citer cette brillante réflexion du pasteur Vincent Bru, qui joint ici la notion d’inerrance-infaillibilité à celle du but de l’Écriture : « Il va de soit que le concept même d’infaillibilité ou d’inerrance, pour être bien compris, implique une juste vision des critères propres de l’Ecriture quant à la notion même de vérité qui, au regard du plan du salut de Dieu, n’implique pas forcément l’exactitude mathématique, scientifique - au sens moderne du terme - de tous les détails qui apparaissent dans le texte. Et ce, d’autant plus que le but de l’Ecriture - lequel but est bel et bien atteint infailliblement jusque dans les plus petits détails du texte biblique -, n’est pas de nous fournir un traité de zoologie, de cosmologie, de géologie, ni même une documentation historique du peuple de Dieu selon les exigences de l’historiographie moderne, mais bien de nous amener à la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu. » ; Vincent BRU, Le statut des Ecritures : examen de la valeur du principe externe et formel de la foi réformée confessante.
  3. Dans son commentaire sur la Genèse, Gordon J. Wenham fait une observation qui rejoint la nôtre : « L’homme moderne fait des suppositions à propos du monde qui sont complètement différentes de celles du second millénium av. J.-C.. Par conséquent, quand nous lisons la Genèse, nous avons tendance à nous emparer de points qui étaient vraiment d’intérêt périphérique pour l’auteur de la Genèse et nous négligeons des points qui sont fondamentaux. […] Mais nous, lecteurs modernes avec une vision du monde façonnée par la science, trouvons difficile d’établir un rapport entre la Genèse et le reste de notre pensée. Ma conviction est que la plupart de nos problèmes sont causés par une mauvaise compréhension des intentions de la Genèse. »; Gordon J. Wenham, Word Biblical Commentary : Genesis 1-15, Waco, Word Books, 1987, p. xlv-xlvi.
  4. Ibid., p. xxii.
  5. « Car le salut vient des Juifs. » (Jn 4.22)
  6. Gordon J. WEHNAM, op.cit., p. liii.