lundi 25 juin 2007

Les noms du Christ, partie 2

Voici la deuxième partie de cette section. Nous y considérerons d'autres noms attribués au Christ. Pour lire tous les billets précédents de cette étude christologique, cliquez ici.

Le nom Fils de l’Homme

Titre toujours employé par Jésus lui-même, il s’agit certainement de celui dont le sens est le plus controversé et le plus débattu. Qu’est-ce que ce titre évoquait-il donc pour ceux qui entendaient Jésus le prononcer ?

Les premiers auditeurs étant juifs, il est naturel de chercher une réponse dans les traditions religieuses juives de l’époque. Dans l’Ancien Testament, l’expression est employée de deux manières différentes : la plupart du temps elle désigne seulement un être humain (distinct de Dieu). Dans ce contexte, elle met surtout l’accent sur la faiblesse et la pauvreté des mortels en contraste avec la puissance de Dieu (Nb 23.19 ; Jb 25.6 ; Ps 8.4 ; 146.3 ; Es 51.12). À l’occasion, le terme désigne un prophète (Ez 2.1 ; Dn 8.17).

Le titre « Fils de l’homme » est aussi employé d’une façon très différente dans Daniel 7.13-14. Dans ce passage, loin d’indiquer la faiblesse de l’homme, l’expression renvoie plutôt à un être transcendant, céleste, qui partage la puissance même de Dieu. Spécifions cependant que, dans la langue araméenne, le titre « Fils de l’homme » (bar-nasha ) ne signifie rien en particulier, sinon une façon de parler des gens en général[1].

Bien sûr, il ne s’agit pas pour nous de choisir entre l’une ou l’autre de ces possibilités pour comprendre le sens exact de l’expression dans les évangiles : elles sont sans doute toutes pertinentes. Mais pour Jésus, ce terme un peu flou lui permettait surtout de s’identifier personnellement. Et pour ceux qui disposaient d’un excellent arrière-plan biblique, le titre « Fils de l’homme » pouvait à tout le moins leur indiquer que Jésus était à la fois un humain ainsi qu’un être qui vient de Dieu et qui doit retourner à Dieu (Jn 3.13 ; 8.28).

Le nom Fils de Dieu

Dans l’Israël ancien, le roi était considéré (avec un sens imagé et non dans un usage courant) comme le « Fils de Dieu » (2 S 7.14 ; Ps 2.7 ; 89.26). En hébreu (ben) et en araméen (bar), « fils » ne désigne pas seulement une descendance mais aussi une relation spéciale : le mot peut ainsi signifier un être divin ou humain ayant une relation particulière avec Dieu. Au 1er siècle, le terme est utilisé par les Romains pour désigner l’Empereur ou tout personnage héroïque (Mt 27.54).

Dans le cas de Jésus, ce titre avait au moins deux sens distincts : d’abord le sens messianique, désignant en effet le rôle de Messie que doit jouer Jésus (Mt 17.5 ; Mc 1.11 ; 9.7 ; Lc 3.22 ; 9.35), et ensuite le sens natif, désignant ainsi la naissance surnaturelle de Jésus provenant du Père (Lc 1.35). Ce deuxième sens inclut évidemment le sens trinitaire, puisque le Fils de Dieu est également la deuxième personne de la Trinité.

Le nom Seigneur

Le nom « Seigneur », qui vient du mot grec kurios, est l’équivalent du terme vétérotestamentaire hébreux Adonai (Jos 3.13 ; Ps 97.5 ; Mi 4.13 ; Za 4.14). Il était appliqué à Dieu comme désignation honorifique. Dans le Nouveau Testament, le terme reçoit une application triple : a) il est utilisé comme forme de politesse (Mt 8.2 ; 20.33), b) on l’emploie aussi pour indiquer la propriété et l’autorité (Mt 21.3 ; 24.42), c) et, finalement, « Seigneur » exprime dans certains passages néotestamentaires le plus haut degré de dignité et d’autorité ; il est dans ces occurrences pratiquement l’équivalent du nom « Dieu » (Mc 12.36, 37 ; Lc 2.11 ; 3.4 ; Ac 2.36 ; 1Co 12.3 ; Ph 2.11).



[1] Les chapitres 1.1 à 2.4a du livre de Daniel sont en hébreux, ensuite le livre se poursuit en araméen jusqu’à la fin du chapitre 7, puis il se termine en hébreux.

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