jeudi 7 juin 2007

La doctrine du Christ à partir de la Réforme

Je poursuis la série sur la christologie, tout en espérant qu'elle suscite un intérêt chez ceux (des millions de fans!) qui ont l'habitude de consulter ce blogue. De toute façon, rien n'est jamais perdu, car là où la Parole de Dieu est rependue, elle suscite des réponses à coup sûr. Pour ceux qui veulent lire les premiers billets de cette série, cliquez ici.

La Seconde Confession helvétique (1566)

Henri Bullinger, successeur du réformateur Huldrych Zwingli à Zurich, a d’abord composé cette confession en 1561 comme confession de foi personnelle. Atteint par la peste en 1564, il décide alors de remettre sa rédaction au conseil de la ville en tant que testament spirituel, au cas où il décéderait. Mais l’année suivante, Frédéric III, prince électeur du Palatinat, demande à Bullinger une confession de foi rendant compte de l’enseignement réformé. Bullinger, alors remis de sa maladie, fait parvenir au prince sa propre confession de foi. C’est donc de cette manière que la Seconde Confession helvétique a commencé à étendre son influence, non plus seulement comme affirmation personnelle de la foi de Bullinger, mais aussi comme déclaration magistrale des Eglises réformées. Au sujet de la doctrine du Christ, voici ce que la Seconde Confession helvétique enseigne au chapitre 11, les articles 1, 2, 4, 5, 6, 7 et 8 :

1. Nous croyons et nous enseignons que le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, a été prédestiné et établi par le Père, de toute éternité, pour être le Sauveur du monde. De même, nous croyons qu’il a été engendré du Père d’une manière ineffable, non seulement quand il a assumé notre chair dans le sein de la vierge Marie, ou un peu avant la fondation du monde, mais encore de toute éternité. Esaïe dit : Qui racontera sa génération? (Es 53.8). Et Michée : Son origine remonte au lointain passé, aux jours d’éternité (Mi 5.1). Jean, de même, dit dans l’Evangile : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (Jn 1.1).

2. Ainsi le Fils, pour ce qui est de sa divinité, est égal et consubstantiel au Père. Il est vrai Dieu, non seulement de nom ou par adoption, ou à cause d’une dignité conférée, mais dans sa substance et sa nature (Ph 2.6). Comme le dit l’apôtre Jean ailleurs : C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jn 5.20). Et l’épître aux Hébreux, semblablement : Il l’a établi héritier de toutes choses, et c’est par lui qu’il a créé les mondes. Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante (He 1.3 ; 3). Le Seigneur lui-même dit dans l’Evangile : Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût (Jn 17.5). Et il est écrit ailleurs dans l’Evangile : Les Juifs cherchaient à le faire mourir, parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi lui-même égal à Dieu (Jn 5.18).

4. Nous croyons, de même, et nous enseignons que le Fils éternel de l’éternel Dieu fut fait le Fils de l’homme, de la postérité d’Abraham et de David. Il n’a pas été engendré par un homme, ainsi que le prétendait Ebion, mais il a été conçu en toute pureté par le Saint-Esprit. Et il est né de Marie, qui est demeurée vierge, ainsi que l’histoire de l’Evangile nous l’explique en détail (Mt 1.18ss). L’épître aux Hébreux déclare encore: Ce n’est pas des anges, assurément, qu’il prend la nature, mais c’est de la descendance d’Abraham qu’il prend la nature (He 2.16). L’apôtre Jean dit, de même: Tout esprit qui ne confesse pas Jésus venu en chair n’est pas de Dieu (1 Jn 4.3). La chair du Christ n’a donc pas été imaginaire ou apportée du ciel, comme l’ont rêvé Valentin et Marcion.

5. De plus, l’âme de notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas été créée sans sentiment ou raison, comme l’affirmait Apollinaire ; son corps n’a pas été sans âme, ainsi qu’Eunomius l’enseignait. Mais il a eu une âme raisonnable et un corps sensible. Et c’est avec ces sens-là qu’il a éprouvé de vraies douleurs au temps de sa Passion, comme il en a lui-même témoigné : Mon âme est triste jusqu’à la mort (Mt 26.38), et : Maintenant mon âme est troublée (Jn 12.27).

6. Nous reconnaissons donc qu’il y a, dans notre seul et unique Seigneur Jésus-Christ, deux natures ou substances, l’une divine et l’autre humaine (He 4.14). Et nous disons qu’elles sont conjointes et unies de telle sorte qu’elles ne sont ni absorbées l’une par l’autre, ni confondues ou mélangées ; mais les propriétés de chaque nature sont permanentes, étant conservées et unies en une seule personne. Par conséquent, nous adorons un seul Christ, notre Seigneur, et non pas deux : un seul vrai Dieu et vrai homme, consubstantiel au Père quant à sa nature divine, et de la même substance que nous quant à son humanité, nous étant en toutes choses semblable, excepté le péché (He 4.16).

7. De la sorte, de même que nous avons en horreur la doctrine de Nestorius qui, du seul Christ, en faisait deux et dissolvait ainsi l’unité de la personne, de même, nous rejetons la folie d’Eutychès et des Monothélites, ou Monophysites, qui abolissaient les propriétés de la nature humaine.

8. Nous n’enseignons donc en aucune manière que la nature divine en Christ ait souffert, ou que le Christ soit encore dans ce monde ou partout présent selon sa nature humaine. En effet, nous ne pensons ni ne croyons que le corps du Christ ait cessé d’être un véritable corps suite à sa glorification, ou qu’il ait été déifié ou même divinisé au point d’avoir été dépouillé de ses propriétés corporelles et psychiques, ou qu’il ait été transformé en la nature divine et soit devenu avec elle une seule substance.

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