dimanche 25 novembre 2007

Prédication: Marc 13

La difficulté de Marc 13

Il ne faut pas se le cacher, Marc 13 a exercé la sagacité de maintes spécialistes bibliques. Ce chapitre a aussi généré une production prolifique de livres et d’articles théologiques. Quand Georges et moi avons discuté ensemble pour préparer cette série sur l’Évangile de Marc, je lui ai présenté le livre suivant de G. R. Beasley-Murray, Jesus and the Last Days: The Interpretation of the Olivet Discourse, qui expose les interprétations des spécialistes bibliques à propos de Marc 13. Imaginez : un livre de 532 pages uniquement pour le chapitre 13 de l’Évangile de Marc!

Aujourd’hui, je n’ai nullement l’intention de vous présenter la complexité de ce débat. Je vais seulement souligner en passant en quoi consiste la difficulté de ce chapitre et d’où provient cette difficulté.

La difficulté de ce chapitre

La difficulté de ce chapitre réside précisément dans la chronologie des événements qui sont prédits par Jésus : Jésus annonce deux événements distincts, la destruction du Temple et son retour glorieux qui coïncide à la fois avec la fin du monde présent, mais ces événements se succèdent-ils immédiatement dans le temps ou bien une certaine période de temps les sépare? Et si une certaine période de temps les sépare, combien de temps doit alors durer cette période?

La provenance de cette difficulté

Cette difficulté provient d’une croyance juive. En effet, les Juifs pensaient que, si le Temple devait un jour en venir à être détruit, cela annoncerait sans l’ombre d’un doute la fin du monde actuel et l’établissement du monde nouveau. Car, pour les Juifs, le temple était le symbole religieux le plus important et grandiose de leur histoire. Le temple était leur plus grande fierté. Ils ne pouvaient donc pas imaginer que le Dieu d’Israël laisse longtemps impunis ceux qui auraient eu l’audace de détruire le temple. En effet, si le temple était détruit, Dieu enverrait pour sûr son Messie afin de vaincre tous les ennemis d’Israël et instaurer par la même occasion le royaume de Dieu. Voilà ce que croyaient les Juifs de l’époque de Jésus. Et cette croyance est perceptible dans la question que les quatre apôtres posent à Jésus :

Lorsque Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit: Maître, regarde quelles pierres, et quelles constructions! Jésus lui répondit: Vois-tu ces grandes constructions? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. Il s'assit sur la montagne des oliviers, en face du temple. Et Pierre, Jacques, Jean et André lui firent en particulier cette question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont s'accomplir? (v. 1-4)

La question des apôtres concerne non seulement la destruction du temple (quand cela arrivera-t-il), mais aussi la fin de toute chose (à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont s’accomplir). Pour les apôtres, l’accomplissement de toutes ces choses signifie la fin du monde et le retour du Messie, ni plus ni moins.

On peut voir cela encore plus clairement dans le récit parallèle de Mathieu :

Dis–nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde? (Mt 24.3)
Les apôtres croyaient donc eux aussi que la destruction du Temple de Jérusalem signifiait du même coup le retour du Messie et la fin du monde.

Jésus, bien entendu, connaissait cette croyance juive. Est-ce qu’il la partageait? C’est ici que se trouve tout l’enjeu du débat. Certains pensent que Jésus partageait cette croyance et que, à cause d’elle, il se serait trompé sur le temps de son avènement en annonçant un retour imminent, c’est-à-dire immédiatement après la destruction du Temple de Jérusalem. D’autres pensent que Jésus n’embrassait aucunement cette croyance; c’est pourquoi il comprenait très bien aussi que son retour ne serait pas immédiatement après la destruction du temple.

Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas l’intention d’entrer dans ce débat. Deux éléments de réponse suffisent d’être mentionnés en faveur d’une période de temps longue entre les deux événements:

  1. Jésus ne connaissait pas la date de son retour. Il semble que Jésus pressentait que son retour ne suivrait pas immédiatement la destruction du temple.
  2. Aussi, l’histoire nous enseigne que le retour du Messie et la fin du monde n’ont pas suivi immédiatement la destruction du Temple de Jérusalem. En effet, le temple a été détruit en l’an 70 de notre ère, et Jésus et la fin du monde ne sont toujours pas arrivés.

De toutes évidences, Jésus n’a pas l’intention de satisfaire la curiosité de ses disciples. En fait, Jésus veut attirer l’attention des disciples sur un autre thème, qui se trouve en réalité être le cœur même de son enseignement apocalyptique : l’importance de prendre garde. Trois dangers guettent en effet les chrétiens dans la période de tumultes qui précède le retour de Christ :

Le danger d’être séduit par les faux christs et les faux prophètes (v. 5, 21-22)

Le danger de se laisser ébranler par les persécutions à cause de la foi (v. 9-13)

Le danger d’être trouvé inactif au jour de son retour (v. 33-36)

Mais avant de considérer plus en détail les dangers qui guettent les disciples de Jésus, on doit poser une question extrêmement importante :

Pourquoi les disciples doivent-ils prendre garde à ces choses?

Jésus offre une seule raison de prendre garde : prendre garde afin d’accomplir la mission. Et cette mission consiste à travailler à la proclamation de la bonne nouvelle à toutes les nations :

Il faut premièrement que la bonne nouvelle soit prêchée à toutes les nations (v. 10)
Rien ne doit arrêter les disciples dans l’accomplissement de leur mission divine. Ils doivent donc prendre garde de ne pas se laisser séduire par les faux christs et les faux prophètes ni se laisser abattre par la férocité des persécutions ou par le découragement engendré par l’attente du retour de Jésus. Ils doivent prendre garde afin que rien ne ralentisse leur entreprise missionnaire dans le monde entier.

Le danger d’être séduit

Dans l’histoire de l’Église

L’histoire des Juifs relate que des faux prophètes et des faux messies avaient réussi à séduire des habitants de Jérusalem en leur faisant croire qu’ils triompheraient de la puissance romaine. Ces faux prophètes ont même essayé à plusieurs reprises de faire naître des révoltes, mais chaque fois celles-ci ont été étouffées par les soldats romains. On rapporte même que lors de la destruction de Jérusalem par Titus en l’an 70, un faux prophète avait séduit environ 6000 Juifs en leur assurant qu’au dernier moment Dieu interviendrait. Ils s’étaient tous enfermés dans des bâtiments adjacents au Temple. Ils ont tous été tués.

Au moment de la prise de Jérusalem en 70, les chrétiens ont profité d’un moment de répit de la part de l’armée romaine pour prendre la fuite à l’extérieur de la ville. Ils avaient pris garde et ne s’étaient pas laissés séduire par les promesses de victoire des faux prophètes, car ils connaissaient la parole prophétique de Jésus à l’égard de Jérusalem et ils avaient su lire les signes avant-coureurs de cet événement tragique.

Aujourd’hui

Depuis le début de l’Église chrétienne, il y a eu des faux christs et des faux prophètes. Et cela est encore vrai pour nous aujourd’hui. On n'a qu’à nommer Jim Jones, qui est responsable d’un suicide collectif de plus de 900 personnes, le 18 novembre 1978. Jones avait fait bâtir une communauté fraternelle en pleine jungle, car il croyait qu’un tel endroit permettrait à sa communauté de survivre à une éventuelle apocalypse nucléaire. On pourrait nommer plusieurs autres personnages qui ont agis comme faux prophètes ou comme faux christs et qui ont attiré à eux des milliers de partisans.

C’est pourquoi l’exhortation de Jésus de prendre garde est toujours actuelle. Si les premiers chrétiens de Jérusalem et ceux d’aujourd’hui ne se sont pas laissés séduire par les faux prophètes, c’est parce qu’ils ont retenu l’avertissement de Jésus et ont pris garde. Nous sommes également tenus de prendre garde de cette manière.

Le danger de se laisser ébranler par les persécutions

Dans l’histoire de l’Église

La tradition chrétienne raconte que presque tous les apôtres sont morts martyrs :

Pierre est mort crucifié à Rome, la tête vers le bas.

André, son frère, a été crucifié sur une croix en forme de X.

Jacques, le frère de Jean, a été décapité sous l’ordre d’Hérode Agrippa.

Matthieu est tombé transpercé par une lance.

Philippe a été lapidé et est mort crucifié, à Hériapolis.

Simon le Zélote a été découpé à la scie.

Barthélemy a été crucifié, puis écorché vif, pour enfin être décapité.

Thomas, selon une légende, aurait été transpercé d’une épée.

Thaddée est également mort martyrisé.

L’apôtre Paul est mort en 67, sans doute décapité.

Tous ces apôtres, sans exception, sont morts à cause du nom de Jésus, dans l’accomplissement de l’œuvre missionnaire. Ils ont pris au sérieux l’avertissement de Jésus de prendre garde à eux-mêmes, c’est pourquoi ils n’ont pas renié le Christ dans la persécution. Comme l’avait prédit Jésus, ils savaient que toutes ces choses devaient se produire, que le Dieu souverain en avait décidé ainsi.

Encore plus, ils savaient que, selon la parole de Jésus, la persécution serait une manière de rendre témoignage à la bonne nouvelle devant les rois et les gouverneurs de ce monde :

Prenez garde à vous–mêmes. On vous livrera aux tribunaux, et vous serez battus de verges dans les synagogues ; vous comparaîtrez devant des gouverneurs et devant des rois, à cause de moi, pour leur servir de témoignage. (v. 9)
Aujourd’hui

Beaucoup de chrétiens sont persécutés de nos jours. À l’heure actuelle, des chrétiens sont persécutés

en Irak,

au Pakistan,

en Iran,

dans les Territoires palestiniens,

en Ouzbékistan,

en Indonésie,

au Soudan,

en Turquie,

en Chine,

en Corée du Nord,

au Vietnam,

en Inde,

au Laos,

au Nigeria et j’en passe.

Si tous ces chrétiens peuvent persévérer dans l’épreuve de la persécution, c’est parce qu’ils prennent au sérieux l’avertissement de Jésus de prendre garde de ne pas abandonner la foi à cause de la persécution. C’est aussi parce qu’ils sont convaincus que la persécution peut servir de témoignage à la bonne nouvelle de l’Évangile.

Le danger d’être trouvé inactif

Le dernier danger est celui d’être trouvé inactif au retour de Jésus, sans y être préparé. Ce n’est pas ainsi que Jésus désire trouver ses serviteurs à son retour.

Or le fait de ne pas connaître l’heure de son retour devrait nous inciter à veiller.

Veillez signifie : accomplir la mission. Prendre garde et veiller pour accomplir la mission.

Une conception renouvelée

On conçoit habituellement les persécutions comme des signes du retour proche de Jésus-Christ, ce qui est vrai. Mais Jésus veut surtout transmettre à ses disciples la vérité suivante : les persécutions sont caractéristiques de la période entre sa mort et son retour.

Conclusion

La question pour nous aujourd’hui est donc la suivante : sommes-nous vigilants? Prenons-nous garde à notre foi devant les menaces que sont la séduction, la persécution et l’inaction?

On peut certes débattre de nos diverses positions eschatologiques, pour essayer de déterminer quand Jésus reviendra. Cependant, je peux vous assurer qu’au sein de la persécution, nos convictions à ce sujet ont peu d’importance; car ce qui compte dans de telles circonstances, c’est de prendre garde à notre foi et de se tenir debout.

vendredi 16 novembre 2007

Enseignement uniquement moral de la Bible

Mon dernier billet concernait ceux qui donnent un enseignement exclusivement scientifique de la Bible. Voici maintenant un autre texte touchant ceux qui donnent un enseignement uniquement moral de la Bible.

Un enseignement uniquement moral de la Bible

Bien sûr, la Bible enseigne nombre de principes moraux; il n’est pas dans notre intention de nier ce fait. En réalité, celui qui lit les Écritures découvrira même une « éthique[1]» dans la Bible. Dans le Sermon sur la montagne, par exemple, Jésus expose à ses disciples l’éthique qui devra dorénavant régir toute leur conduite. Cette éthique enseignée par Jésus, si on prend le nom que lui donnent habituellement les spécialistes bibliques, est « l’éthique du Royaume »[2]. Il est question dans cette éthique des lois spirituelles et morales devant gouverner tous ceux qui vivent désormais sous le règne de Dieu. Cependant, il faut s’empresser d’ajouter que, dans le Nouveau Testament, l’éthique n’est jamais considérée comme une fin en soi. En fait, l’éthique y est secondaire : sa pleine portée et toute son actualité deviennent effectives seulement après la réception de l’Évangile par l’individu. En effet, c’est aux fidèles que l’Écriture ordonne d’obéir à l’éthique du Royaume, non aux incroyants. C’est donc la foi en la grâce de Dieu qui est avant tout indispensable. Par contre, sans la foi, l’obéissance à l’éthique chrétienne ne représente qu’une tentative purement humaine, donc complètement détachée de la connaissance et de la puissance de l’Évangile, de reproduire une conduite morale vertueuse. En d’autres termes, enseigner la morale biblique sans placer celle-ci sous la bannière de la grâce de Dieu ne peut que conduire à la pratique d’un moralisme légaliste.

Du côté de la théologie libérale, le libéralisme moraliste représente un très bon exemple de cette vision purement éthique de l’enseignement biblique. Comme l’expose judicieusement Henri Blocher, la théologie libérale « ramène à l’éthique l’essentiel du christianisme[3]». Aussi, selon cette même théologie, « le Jésus historique, un simple homme à coup sûr, vaut comme Modèle morale[4]». Mais c’est là que s’arrêtent le rôle et la mission de Jésus; jamais la théologie libérale n’a accepté de représenter Jésus comme sacrifice d’expiation pour nos péchés. La prédication chrétienne n’est donc plus, dans ce contexte, la prédication de Jésus notre Sauveur, mort et crucifié pour nos péchés[5]. Tout ce que Jésus a accompli pour nous se résume en fait à ceci : il nous a montré, par son exemple parfait, comment vivre de façon vertueuse devant Dieu et devant les hommes. Naturellement, en tant que chrétiens évangéliques, nous ne pouvons adhérer à la conception des théologiens libéraux concernant l’éthique biblique. Bien entendu, nous croyons que Jésus est le Modèle par excellence. Cependant, selon l’Écriture, Jésus est bien plus qu’un simple modèle : il est aussi, et surtout, le Fils de Dieu fait homme afin de sauver, par son sacrifice à la croix, ceux et celles qui placent leur foi en lui.

Le Nouveau Testament lui-même fait mention de quelques exemples de ce type d’enseignement uniquement moral de l’Écriture. À ce titre, on peut citer les pharisiens. Selon Le Nouveau dictionnaire biblique, leur système de doctrines « ramenait la religion à l’observation de la loi et enseignait que Dieu n’accorde sa grâce qu’à ceux qui se conforment à ses ordonnances. La piété devint ainsi formaliste, la disposition du coeur ayant moins d’importance que l’acte extérieur[6]». C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi Jésus leur a reproché plus d’une fois leur justice hypocrite :

Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impureté. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes mais au dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité. (Mt 23.27-28).

Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de remarquer la manière dont Jésus envisage les conséquences dévastatrices de l’enseignement uniquement moral que répandaient les pharisiens parmi les prosélytes, ces personnes d’origine païenne qui s’étaient converties au judaïsme :

« Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui parcourez mers et continents pour gagner un seul prosélyte, et, quand il l’est devenu, vous le rendez digne de la géhenne, deux fois plus que vous! » (Mt 23.15)

Amar Djaballah résume avec beaucoup de justesse ce que dit le Nouveau Testament au sujet des pharisiens et de leur légalisme :

« Le pharisien, comme tout religieux, ne comprend pas « que “nous étions tous errants comme des brebis, ... et que l’Éternel a fait retombé sur lui la faute de nous tous (Es 53.6)"[7]».

On peut également mentionner les judaïsants, contre lesquels l’apôtre Paul a dû sans cesse mettre en garde les Églises locales, notamment les Églises de la Galatie (Ga 2.4-5), de Philippes (Ph 3.2-3), de Colosses (Col 2.8, 16-23) et de Corinthe (1 Co 1.12; 3.21-23; 2 Co 11.4-5). Le problème des judaïsants dans les Églises de la Galatie revêtait la forme suivante :

Les judaïsants voulaient forcer les anciens païens de la Galatie à adopter les rites et le mode de vie juifs, en particulier la circoncision. Pour eux, il y avait deux catégories de chrétiens [la supérieure et l’inférieure] : ceux qui étaient circoncis (Ga 6.12) et qui observaient les fêtes et les pratiques juives (Ga 4.10) faisaient partie de la catégorie supérieure[8].

Selon l’apôtre Paul, ce légalisme pratiqué et enseigné par les judaïsants constitue « un autre évangile » (Ga 1.6-7). Or le véritable Évangile, celui que Paul enseignait aux païens, annonce que les hommes sont « justifiés par la foi en Christ, et non par les œuvres de la loi, parce que nul ne sera justifié par les œuvres de la loi » (Ga 2.16). Ainsi, les judaïsants, tout comme les pharisiens, refusaient de recevoir la grâce de Dieu, qui seule pouvait pourtant les délivrer de la malédiction de la loi et les introduire dans une véritable communion avec Dieu. Ils préféraient leur « évangile légaliste » à l’Évangile de Jésus-Christ[9]. Pour cette raison, l’apôtre Paul exhortera fermement les Galates, disant : « Si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème! » (Ga 1.9)

Comme le révèlent les exemples ci-dessus, un enseignement uniquement moral de la Bible insistera énergiquement sur l’accomplissement de la loi ou des normes morales de la Bible. Dans nos Églises, ce type d’enseignement porte souvent le nom de légalisme ou de moralisme. D’ordinaire, les prédications et les enseignements de ce type mettent fortement l’accent sur la condamnation et le jugement de Dieu ainsi que sur la nécessité d’observer rigoureusement les commandements divins afin de bénéficier de la faveur divine. Il ne s’agit donc plus du message de la grâce imméritée de Dieu, mais uniquement d’un message de condamnation et de jugement. Selon ce message, seule une obéissance stricte à la loi et aux normes de Dieu peut assurer le salut des hommes. Or un tel enseignement n’est ni plus ni moins que du légalisme. Le danger de se placer sous « l’anathème » de Paul pour avoir prêché « un autre évangile » est donc toujours bien réel. C’est pourquoi les enseignants ont intérêt à s’examiner sans cesse afin de s’assurer de prêcher en tout temps « la parole de vérité » (Co 1.5).

Bien sûr, la pratique de la morale chrétienne est essentielle, puisque Jésus et les apôtres ont écrit plusieurs choses importantes à ce sujet. La morale chrétienne, cependant, doit toujours être enseignée dans le rapport étroit qui la lie au salut accompli en Jésus-Christ. C’est en effet ce salut qui constitue le besoin fondamental de l’homme, et non premièrement la nécessité d’acquérir une conduite vertueuse en accomplissant de bonnes actions morales. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’éthique est secondaire et son actualité devient effective seulement après la réception de l’Évangile par l’individu. Mais dès que cet Évangile est reçu par la foi, la vie du croyant commence à se caractériser par une conduite morale toujours plus vertueuse, conduite morale qui trouve son inspiration et sa raison d’être dans la seule et unique grâce de Dieu révélée en Jésus-Christ. Si le croyant pratique la justice de Dieu, ce n’est pas par contrainte ni par désir d’être trouver en Lui avec une justice qui serait la sienne et « qui viendrait de la loi » (Ph 3.9), mais il la pratique uniquement par reconnaissance envers celui qui « a donné sa vie en rançon pour beaucoup » (1 Tm 2.6). Comme l’expose admirablement l’apôtre Paul, c’est « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes (...), qui nous enseigne à renoncer à l’impiété, aux désirs de ce monde, et à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse » (Tt 2.11-12)

Il ne faudrait cependant pas tomber dans le même piège que les Galates, qui, « après avoir commencé par l’Esprit », voulaient « maintenant finir par la chair » (Ga 3.3). Oui, nous avons reçu le salut de Dieu, et de ce fait la vie éternelle. Mais il peut arriver que, nous aussi, nous « commencions par l’Esprit » pour ensuite chercher à « terminer par la chair », c’est-à-dire vivre notre vie en tentant d’accomplir la volonté de Dieu sans nous placer sous l’impulsion de la grâce. En effet, toutes les fois où nous essayons d’obéir aux commandements de Dieu sans nous souvenir que, si « nous aimons », c’est « parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jn 4.19), nous sommes coupables de pratiquer un légalisme religieux. C’est par l’amour et la grâce de Dieu révélés en Jésus-Christ que nous avons été sauvés; et c’est également par le même amour et la même grâce qu’il nous est possible de marcher dans la volonté de Dieu et d’obéir à ses commandements.

Quiconque néglige d’enseigner aux fidèles qu’il est impossible à un homme de manifester une obéissance authentique envers Dieu tant et aussi longtemps que ce même homme ne se place pas sous « l’impulsion de la grâce », tombe forcément dans un enseignement uniquement moral de la Bible. Le danger pour les enseignants de glisser vers ce type d’enseignement est bien réel, surtout quand les brebis du Seigneur paraissent nonchalantes et peu enclines à marcher selon la volonté de Dieu et qu’il semble falloir les secouer sévèrement pour les pousser à l’action. C’est pourquoi les enseignants doivent constamment se souvenir que leur rôle est d’abord et avant tout de prêcher « Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2). C’est en effet cet Évangile de la croix qui « est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rm 1.16). Ceux qui enseignent doivent donc le faire « par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice » (2 Co 6.7). Comme le mentionne également l’apôtre Paul, « les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Co 10.4-5).

Notes

  1. Le Petit Robert décrit l’éthique comme « la science de la morale; art de diriger la conduite ». Voir Le Petit Robert, sous la rubrique « Éthique ».
  2. Ladd, dans son ouvrage classique The Presence of the Future, offre une étude excellente concernant le Royaume de Dieu et l’éthique qui s’y rattache. Il dit ceci à propos de l’éthique enseignée par Jésus : « L’éthique de Jésus, donc, est l’éthique du Royaume, l’éthique du règne de Dieu. Il est impossible de séparée celle-ci du contexte total du message et de la mission de Jésus. Elle est pertinente seulement pour ceux qui ont expérimenté le règne de Dieu. »; Georges Eldon LADD, The Presence of the Future, Grand Rapids, Eerdmans, 1996, p. 290.
  3. Henri BLOCHER, Fac étude : christologie, premier fascicule, Vaux-sur-Seine, 1986, p.127.
  4. Ibid.
  5. « Ce que les libéraux nous offrent, donc, est un Christ qui a révélé ce que l’homme devrait être, mais pas un Sauveur qui délivre l’homme du péché afin que ce dernier puisse devenir ce qu’il n’est pas »; Richard J. COLEMAN, Issues of Theological Conflict : Evangelicals and Liberals, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 82.
  6. Le Nouveau dictionnaire biblique, Saint-Légier, Editions Emmaüs, 1992, voir sous la rubrique « Pharisiens ».
  7. Amar DJABALLAH, Les paraboles aujourd’hui, Québec, La Clairière, 1994, p. 107.
  8. Ibid.
  9. « Derrière ces judaïsants, nous discernons l’éternel problème du légalisme, de ceux qui pensent que le salut par grâce n’est pas suffisant et qu’il faudrait ajouter quelque chose à la foi pour gagner la faveur de Dieu et obtenir toute sa bénédiction. Dans ce sens, les judaïsants ont eu de nombreux descendants tout au long de l’histoire de l’Église. »; Le Nouveau dictionnaire biblique, Saint-Légier, Editions Emmaüs, 1992, voir sous la rubrique « Judaïsants ».

jeudi 15 novembre 2007

Enseignement de la Bible et lecture scientifique

Voici un texte que j'ai écrit concernant le rôle des enseignants de la Bible et la tendance actuelle que certains ont d'imposer une lecture scientifique des Écritures.

Un enseignement uniquement scientifique de la Bible

Une tendance actuelle dans l’enseignement de la Bible consiste à donner des enseignements scientifiques de la Bible. Cette façon de faire n’est pas nécessairement mauvaise en soi, cependant elle peut devenir potentiellement dangereuse si elle perd de vue le message central du texte enseigné. Comme le mentionne à juste titre le professeur Henri Blocher, au premier stade de l’étude de la Bible,

il convient de pratiquer « l'oubli » méthodique des théories présentes, pour entendre sans interférence le sens de l’Instruction révélée[1].

Il est en effet important de ne pas oublier que la Bible n’est pas un manuel de science. Bien entendu, la Bible contient certains énoncés de nature « scientifique ». Pour plusieurs personnes, le récit de la création est un des exemples bibliques les plus communs « d’énoncés scientifiques ». Cependant, il faut en tout temps garder en mémoire que l’Écriture n’a pas été écrite pour notre instruction scientifique et que les énoncés scientifiques qu’elle pourrait contenir sont occasionnels et fragmentaires. L’Écriture a été donnée pour révéler le salut de Dieu et sa volonté pour les hommes[2].

L’exemple du récit de la création mérite que nous lui accordions une plus grande attention. De nos jours, parmi les chrétiens évangéliques, le thème de la création jouit d’une très grande popularité. Bien sûr, une grande partie de cette popularité découle des débats engendrés par les thèses évolutionnistes de
Darwin. Ce que nous pouvons retenir de ces débats, c’est la prise de position radicale des chrétiens évangéliques contre les théories évolutionnistes. Un tel positionnement de la part des évangéliques s’avérait d’ailleurs nécessaire, car la théorie de l’évolution menaçait sérieusement de miner la foi des fidèles en la doctrine biblique de la création. Au fil du 20e siècle on a donc vu apparaître deux groupes distincts et diamétralement opposés : les évolutionnistes, d’une part, et les créationnistes, d’autre part. Ces deux groupes ont produit chacun de leur côté une littérature fort impressionnante. Beaucoup de livres créationnistes sont d’ailleurs lus par des pasteurs et des membres d’Églises locales. En soi, ce type de lecture est très approprié, voire utile et indispensable, surtout lorsque ces livres nous aident à défendre la doctrine biblique de la création. Pourtant, une question tout à fait légitime s’impose face à ce débat et la tournure gigantesque qu’il prend actuellement : est-il possible que ce débat créationniste puisse nous éloigner du véritable message du récit génésiaque de la création? Autrement dit, est-il possible qu’en voulant à tout prix « prouver » scientifiquement la véracité de la doctrine de la création, et plus particulièrement de la création en sept jours de vingt-quatre heures, on passe à côté de l’intention initiale de Moïse lorsqu’il a écrit les premiers chapitres de la Genèse?


Naturellement, ces questions n’ont pas pour but de dénigrer le bien-fondé de la démarche créationniste, qui se veut une défense honnête de la doctrine biblique de la création. Il est en effet tout à fait légitime de riposter aux attaques de l’ennemi en prenant les « armes offensives et défensives de la justice » (2 Co 6.7). Se défendre contre l’ennemi et lui riposter en temps opportun ne représente donc pas un problème en soi. Cependant, ce qui devient trop souvent problématique dans l’effort de plusieurs créationnistes pour garder « intact » les énoncés dits scientifiques du récit de la création, c’est quand la perspective scientifique devient omniprésente dans l’interprétation qu’ils font du texte de la Genèse. Le récit génésiaque est bel et bien lu, analysé et étudié en profondeur, mais tout cet effort a pour seul et unique but de répliquer aux objections des évolutionnistes. Le discours des créationnistes et leur interprétation des Écritures deviennent alors uniquement scientifiques, et tout ce que Moïse a voulu initialement communiquer par ce récit de la création passe soudainement au second plan ou est tout simplement ignoré et mis de côté. De telles conséquences nous obligent donc à réfléchir sérieusement à la façon dont nous abordons les Écritures.


Le rôle de l’enseignant et les énoncés scientifiques de la Bible

Le rôle de l’enseignant est d’enseigner droitement l’Écriture Sainte. Mais, pour bien accomplir cette tâche, l’enseignant doit respecter scrupuleusement les limites que le texte lui impose. Et, tel que nous l’avons déjà dit, la Bible n’est pas d’abord un livre scientifique, pas même le récit de la création dans la Genèse. Voilà un exemple très clair d’une limite que le texte biblique impose.

À ce sujet, il est important de bien comprendre que cette « limite scientifique » existe parce que les écrivains bibliques ont eux-mêmes « limité » leurs écrits de la sorte. Ceux-ci n’ont pas écrit des manuels scientifiques et n’avaient nullement l’intention de faire l’instruction scientifique de leurs contemporains. Concernant le livre de la Genèse, et plus particulièrement ses deux premiers chapitres, on pourrait facilement se laisser persuader que Moïse avait un certain « minimum » d’intention scientifique en touchant le thème de la création. Moïse ne présente-t-il pas en effet le Comment? de la naissance de notre monde, de quelle manière celui-ci est venu à l’existence par la parole créatrice de Dieu? Pourtant, s’imaginer qu’un récit a été écrit dans une intention scientifique uniquement parce qu’il suscite en nous des questions de nature scientifique est une bien mauvaise équation. Que le texte de la Genèse soit aujourd’hui d’un certain intérêt scientifique pour nous ne signifie nullement que Moïse a écrit ce récit dans le but de produire chez le lecteur un tel intérêt. À vrai dire, cet intérêt scientifique pour le livre de la Genèse, pour une grande partie en tout cas, est davantage le fruit de nombreuses décennies de disputes entre créationnistes et évolutionnistes[3]. La question urgente qui se pose donc à nous est la suivante : dans quel but Moïse a-t-il écrit le récit de la création et l’ensemble du livre de la Genèse? Quiconque étudie le livre de la Genèse doit prendre garde de ne pas séparer le récit de la création du reste de l’ouvrage. Une bonne compréhension du livre dans sa totalité est en effet indispensable pour saisir l’intention avec laquelle Moïse a écrit la Genèse. Le lecteur attentif remarquera que la quasi-totalité de la Genèse se concentre sur l’histoire des patriarches et sur la constitution de la nation d’Israël par le biais de la promesse faite à Abraham et à sa descendance (Gn 12.7). Le thème dominant de la Genèse est donc celui de l’histoire de la constitution de la nation d’Israël comme peuple de Dieu à travers l’accomplissement de la promesse faite à Abraham et à sa descendance. C’est dans cette perspective qu’il faut aussi considérer le récit de la création. Comme le résume avec justesse Gordon J. Wenham,

le Dieu qui a appelé Abraham n’était pas une divinité locale mais le créateur de tout l’univers. La succession de catastrophes qui arrivent à l’humanité avant l’appel d’Abraham montre pourquoi l’élection d’Abraham, et en lui, d’Israël, était nécessaire[4].

En d’autres termes, la Genèse a pour but de nous confronter au Dieu créateur contre lequel l’homme a péché, ce Dieu créateur qui, loin de s’avouer vaincu par la désobéissance de l’homme, s’engage au contraire à devenir le Dieu sauveur de ses propres créatures en se choisissant un peuple (Israël) par lequel il révélera sa volonté et accomplira la rédemption[5]. Nous ferons donc bien de prêter une oreille attentive à l’exhortation suivante :

La Genèse concerne principalement le caractère de Dieu et ses desseins pour l’humanité pécheresse. Prenons garde de ne pas laisser nos intérêts nous détourner de l’idée centrale du livre, afin de ne pas passer à côté de ce que le Seigneur, notre créateur et rédempteur, est en train de nous dire[6].

Le rôle de l’enseignant consiste donc à transmettre le même message théologique qu’a jadis voulu transmettre Moïse. Dans le concret, cela signifie que le texte de la création doit être enseigné dans la perspective de l’histoire du salut que le livre de la Genèse présente dans son ensemble. Celui qui enseigne les premiers chapitres de la Genèse doit donc le faire en prenant bien soin de faire ressortir les liens que Moïse établit entre le récit de la création et l’histoire des patriarches. Pour ce faire, l’enseignant doit connaître en profondeur le contexte culturel (le Proche-Orient) au sein duquel se déroulent les événements qui sont relatés dans la Genèse. S’il omet de faire avec soin ce travail, il court le danger d’isoler le récit de la création du reste du livre et, par conséquent, de mettre au premier plan de son enseignement des préoccupations scientifiques étrangères à l’intention initiale de l’auteur de la Genèse. Or une telle démarche serait contraire à la responsabilité qui lui incombe de prêcher le conseil de Dieu dans toute sa pureté.

Notes

  1. Henri BLOCHER, Révélation des origines, 2e édition revue et augmentée, Lausanne, Presses bibliques universitaires, 1988, p. 211.
  2. Dire que la Bible n’est pas un livre scientifique ne signifie évidemment pas que les données scientifiques qu’elle contient sont fausses. Cependant, pour éviter tout malentendu sur ce point, nous avons jugé bon de citer ici la 1ière Déclaration de Chicago sur la doctrine de l’inerrance de la Bible, et plus particulièrement l’article touchant le rapport entre Bible et science : « Nous affirmons que l’Écriture dans son intégralité est inerrante, exempte de toute fausseté, fraude ou tromperie. Nous rejetons l’opinion qui limite l’infaillibilité et l’inerrance de la Bible aux thèmes spirituels, religieux, ou concernant la rédemption, et qui exclut les énoncés relevant de l’histoire et des sciences. Nous déclarons, en outre, illégitime l’emploi d’hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre pour renverser l’enseignement de l’Écriture sur la création et le déluge. » (Art. XII); 1ière Déclaration de Chicago, dans Paul WELLS, Dieu a parlé, Québec, La Clairière, 1997, p. 232. On peut à ce titre citer cette brillante réflexion du pasteur Vincent Bru, qui joint ici la notion d’inerrance-infaillibilité à celle du but de l’Écriture : « Il va de soit que le concept même d’infaillibilité ou d’inerrance, pour être bien compris, implique une juste vision des critères propres de l’Ecriture quant à la notion même de vérité qui, au regard du plan du salut de Dieu, n’implique pas forcément l’exactitude mathématique, scientifique - au sens moderne du terme - de tous les détails qui apparaissent dans le texte. Et ce, d’autant plus que le but de l’Ecriture - lequel but est bel et bien atteint infailliblement jusque dans les plus petits détails du texte biblique -, n’est pas de nous fournir un traité de zoologie, de cosmologie, de géologie, ni même une documentation historique du peuple de Dieu selon les exigences de l’historiographie moderne, mais bien de nous amener à la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu. » ; Vincent BRU, Le statut des Ecritures : examen de la valeur du principe externe et formel de la foi réformée confessante.
  3. Dans son commentaire sur la Genèse, Gordon J. Wenham fait une observation qui rejoint la nôtre : « L’homme moderne fait des suppositions à propos du monde qui sont complètement différentes de celles du second millénium av. J.-C.. Par conséquent, quand nous lisons la Genèse, nous avons tendance à nous emparer de points qui étaient vraiment d’intérêt périphérique pour l’auteur de la Genèse et nous négligeons des points qui sont fondamentaux. […] Mais nous, lecteurs modernes avec une vision du monde façonnée par la science, trouvons difficile d’établir un rapport entre la Genèse et le reste de notre pensée. Ma conviction est que la plupart de nos problèmes sont causés par une mauvaise compréhension des intentions de la Genèse. »; Gordon J. Wenham, Word Biblical Commentary : Genesis 1-15, Waco, Word Books, 1987, p. xlv-xlvi.
  4. Ibid., p. xxii.
  5. « Car le salut vient des Juifs. » (Jn 4.22)
  6. Gordon J. WEHNAM, op.cit., p. liii.

mardi 13 novembre 2007

Georges est parfois comique. Voici le dernier courriel que j'ai reçu de sa part:

ATTENTION


ALIENS ARE COMING TO ABDUCT ALL THE GOOD LOOKING AND SEXY PEOPLE.

(Les extraterrestres viennent pour enlever toutes les personnes qui paraissent bien et qui sont sexy.)

YOU WILL BE SAFE, I'M JUST E-MAILING TO SAY GOOD-BYE.
(Tu seras sauvé; j'envoie ce courriel uniquement pour te dire bye bye)

lundi 12 novembre 2007

Le doute

Je réfléchie ces jours-ci à la manière dont je vis ma vie ici bas sur la terre. Ma réflexion m'a conduit à la question suivante: ma vie actuelle est-elle au service du royaume de Dieu? Plus précisément encore, je me suis demandé si vraiment je comprenais l'importance de prêcher l'Évangile, étant donné que, sans l'Évangile, les hommes ne pourront être sauvés. Bien entendu, sur le plan théorique, je sais à quel point il faut parler de Christ à nos contemporains. Mais dans ma vie de tous les jours, dans les relations que j'entretiens avec mes semblables, suis-je vraiment en train de servir la cause de Christ? Ai-je à cœur de voir ces gens se tourner vers Christ et le servir?

Pour être franc, je dois avouer que
, dans ma vie, cet aspect de la foi chrétienne est pour l'instant assez négligé. J'ai donc cherché à savoir pourquoi j'en suis arrivé à ne plus me soucier de mes semblables et à ne plus leur présenter Christ avec la fougue du serviteur fidèle qui ne désire qu'une chose: plaire à son maître.

Ma conclusion suite à ce questionnement est la suivante: j'ai laissé pénétrer dans ma tête le doute. Il s'agit d'un doute subtile, qui s'est instillé discrètement
dans ma tête au fil des années. C'est le doute philosophique hérité de Descartes, ce doute qui exige que la raison soit pleinement satisfaite par des preuves convaincantes avant d'adhérer à une idée. Je l'ai laissé pénétrer dans ma tête, sans m'en apercevoir, et dorénavant je dois le combattre pour ne pas le laisser triompher.

Combattre le doute: je considère cela comme la lutte la plus exigeante que j'ai eue à mener jusqu'à présent. Si j'essaie de combattre le doute par la raison, je m'épuise à la tâche, car jamais la légitimité du christianisme ne pourra se démontrer uniquement sur le terrain des preuves rationnelles. Certes, le christianisme a en sa faveur bien des arguments qui sont très difficiles à jeter à terre. Pourtant, si le christianisme pouvait être "prouvé" par l'étude scientifique, tous les vrais hommes de raison y adhèreraient, sans exception. Non, combattre le doute se joue aussi sur un autre terrain, et j'ai nommé le terrain de l'amour.

L'amour de Dieu manifesté en Christ: voilà mon haut lieu, le seul endroit où je trouve refuge quand le doute m'assaille et cherche à renverser ma foi. Quand je médite à Christ, à son amour pour moi manifesté par sa vie et sa mort à la croix, je me souviens qu'il n'existe aucun autre lieu dans ce monde où un tel amour est déployé. Et je me dis que Jésus-Christ ne peut être que la vérité, car la vérité est le langage de l'amour et le langage de Dieu est toujours vrai puisque Dieu est amour. L'amour de Dieu n'explique pas tout à ma pauvre raison qui ne cesse de chercher des réponses aux multiples questions qu'elle se pose. Par contre, l'amour de Dieu éblouit ma pensée, et celle-ci se tient tranquille, humble et rassurée. Mais, surtout, l'amour de Dieu me touche au plus profond de mon être et vient s'y loger, et, soudainement, tout fait du sens: je me sais accepté par Dieu et libéré de tout ce qui me retenait dans la captivité, pour devenir celui que le Père désire me voir être.

jeudi 8 novembre 2007

L'autorité et l'inspiration des Écritures

Comme chrétiens, nous croyons fermement que la Bible est la Parole de Dieu révélée pour le salut des hommes. Nous croyons que les auteurs bibliques ont écrit leurs livres sous l'inspiration du Saint-Esprit, ce qui, de fait, garantit l'autorité divine de ce qu'ils ont écrits. Pourtant, lorsque je parle avec des chrétiens et que je leur demande les raisons de leur acceptation de la Bible comme Parole de Dieu, il devient évident que plusieurs d'entre eux ne savent pas sur quel fondement repose leur conviction que la Bible est revêtue de l'autorité de Dieu. Pourquoi, donc, croyons-nous que la Bible est la Parole de Dieu, révélée par lui et revêtue de son autorité divine?

Les chrétiens ont toujours cru que la Bible se rend témoignage à elle-même, c'est-à-dire qu'elle contient en elle-même les preuves de son inspiration et de son autorité divines
(dans le jargon théologique, on dit que la Bible est autopistos, c'est-à-dire qu'elle affirme en elle-même avoir le droit d'être crue). Par exemple, plusieurs textes bibliques affirment que la Bible est la Parole de Dieu (Deutéronome 9.10; Deutéronome 29.29; 2 Timothée 3.15-17). Pourtant, malgré ce témoignage que la Bible se rend à elle-même, cela ne constitue pas encore pour le croyant une preuve irréfutable que la Bible est la Parole de Dieu.

En fait, un autre élément s'ajoute à la conviction que nous avons que la Bible se rend témoignage à elle-même, et cet autre élément est absolument déterminant pour que le chrétien acquière la certitude que la Bible est d'origine divine: il s'agit du témoignage du Saint-Esprit, lui qui confirme dans nos cœurs que Jésus-Christ est la véritable Parole de Dieu dont parlent les écrits bibliques.

Voici un bout de texte que j'ai déjà écrit à ce sujet et qui explique mon point de vue:

Le témoignage du Saint-Esprit et le message de la Bible

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, le témoignage que l’Esprit rend à l’Écriture ne s’effectue pas sans qu’il ne soit aussi question du message de la Bible. Certains théologiens, par contre, parlent parfois de l’autorité « formelle » de l’Écriture, en prenant bien soin de distinguer cette autorité du « contenu » (le message) de la Bible. Selon cette conception, l’autorité de la Bible résiderait dans la « forme » de l’Écriture, sans qu’il ne soit question du message de celle-ci[1]. Autrement dit, une personne pourrait, sans même ne rien connaitre de l’Évangile de Jésus-Christ, être convaincue de la nature divine et de l’autorité de la Bible. Berkouwer explique et critique ce point :

Il n’est en aucun cas question d’une confirmation formelle ou d’une voix qui nous murmurerait quelque chose à propos de l’origine ou de la qualité de l’Écriture. Preiss fait remarquer que seulement les théologiens plus récents ont commencé à parler d’une manière plus formelle et abstraite à propos du testimonium, « comme s’il pouvait y avoir une autorité formelle et abstraite de la Parole de Dieu qui serait séparée de son contenu ». En parlant ainsi, le testimonium est réduit à « quelque chose d’abstrait et d’artificiel »[2].


Berkouwer, en s’accordant en cela avec Kuyper et Bavinck, affirme qu’on ne peut ni ne doit séparer le message de l’Écriture du témoignage du Saint-Esprit à l’égard de la Bible[3]. Car une telle séparation viderait l’Écriture de son sens et de sa portée théologiques. En effet, il y a une relation étroite entre les mots dans la Bible et le message dont ils parlent et témoignent, alors qu’une telle division ne ferait pas justice à cette relation[4]. De plus, comme le mentionne Kuyper, « une telle conception divise le chemin de la foi en deux parties : il y a premièrement le chemin de la certitude à propos de l’Écriture, et ensuite le chemin du message[5] ». Encore plus, cette division établit deux témoignages de l’Esprit : un premier en ce qui concerne l’autorité des Écritures, et un second à propos de la véracité de son message. Mais, comme le mentionne Kuyper, le testimonium n’est pas un événement magique ou un message surnaturel par lequel Dieu dit : L’Écriture est ma Parole[6]. Il insistera donc sur le fait que le testimonium Spiritus Sancti est à un tel point rattaché au Christ, qu’il devient par conséquent une composante de chaque conversion authentique[7]. À ce sujet, J. M. Boice, avec beaucoup de justesse, affirme :

Le Seigneur Jésus-Christ et son œuvre sont les principaux sujets de la Bible. Le Saint-Esprit a pour fonction de le révéler. A mesure que cette révélation s’accomplit, la Bible s’éclaire, l’Écriture porte témoignage à l’Écriture et on sent l’autorité et la puissance du Dieu vivant s’affirmer souverainement dans ses pages[8].




[1] « Whenever the words “abstract” and “formal” appear frequently in the discussion, what is meant is that the Scripture is received as writing, as a book of divine quality, while its content and message as such are thereby not taken into account from the outset. », BERKOUWER, Studies in Dogmatics: Holy Scripture, Grand Rapids, William B. Eerdmans, 1975, p.42-43.
[2] Ibid.
[3] « It is important that both Bavinck and Kuyper reject the idea that Scripture is the object of the testimonium apart from its message, for as Kuyper points out, such a view is contrary to the way in which faith works, which excludes such a formalization. », BERKOUWER, Holy Scripture, op.cit., p. 45.
[4] BERKOUWER, Holy Scripture, op.cit., p. 45.
[5] BERKOUWER, Holy Scripture, op.cit., p. 45.
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] BOICE, Le Dieu souverain, Saint-Légier, Emmaüs, 1981, p.56.

vendredi 2 novembre 2007

Coucou!

La photo à la droite ne me représente plus maintenant: les cheveux et la barbe, c'est tout parti!