jeudi 31 août 2006

Désolé...

Vous me voyez grandement désolé de ne pas laisser de posts ces jours-ci. C'est que je suis dans les rénovations par-dessus la tête! Je réfléchis cependant à plusieurs sujets, et je pense être en mesure de vous les partager bientôt. J'aimerais, par exemple, approfondir un peu plus mes réflexions sur Romains 2, car je pense ne pas avoir épuisé ce chapitre (cela est-il seulement possible?). Croyez moi, je vais faire ce que je peux pour être à vous bientôt.

lundi 28 août 2006

Caricature

J'aime beaucoup les caricatures de Garnotte, surtout celles à saveur politique. Celle dans Le Devoir d'aujourd'hui est vraiment à point... Cliquez ici pour voir cette caricature.

vendredi 25 août 2006

Réflexions sur Romains 2

Je me souviens encore de la première fois où j'ai lu l'Épître aux Romains. J'étais jeune chrétien et je devais être âgé de 17 ou 18 ans. Je me souviens particulièrement de la surprise que j'ai éprouvée lorsque j'ai commencé à lire le chapitre 2: ce chapitre me semblait aborder un sujet complètement différent du premier chapitre. À part la question du jugement, celui de Dieu exprimé au chapitre 1 et celui de l'homme dont parle l'apôtre Paul au chapitre 2, je ne pouvais voir de lien entre ces deux chapitres, car, dans le premier chapitre, il est question de l'universalité de l'Évangile et de la révélation de Dieu, alors que le deuxième chapitre parle de l'homme qui juge injustement. Je ne comprenais tout simplement pas la logique de Paul et je ne parvenais pas à identifier le fil conducteur de son argumentation. Quelle est donc cette logique de l'apôtre?

Malgré l'apparence, à ce point-ci de l'épître (le chapitre 2), d'une cassure dans la pensée de l'apôtre, il est clair que Paul poursuit son argumentation dans une logique implacable. Après avoir parlé du jugement de Dieu révélé dans la création, jugement sous lequel tous les hommes croulent sans exception puisque, ayant tous accès à cette révélation, ils ont néanmoins rejeté le Dieu créateur, Paul enchaîne maintenant le deuxième chapitre en abordant la question de la position du Juif dans l'économie du plan rédempteur de Dieu: le Juif est-il supérieur au Grec? En d'autres mots, le Juif occupe-t-il une place dans ce plan et des prérogatives qui pourraient le dispenser du jugement divin? Comme l'explique Karl Barth, il n'en est rien:
"Aucune excuse", aucune raison et aucune possibilité de tenir tête, ni pour ceux qui ignorent le Dieu inconnu (1.18 sq.)... ni pour ceux qui le connaissent! Eux aussi, ceux qui le connaissent, ils appartiennent au temps; eux aussi, ils sont des hommes. Pas de justice humaine qui soustraie l'homme à la colère de Dieu! Pas de grandeur matérielle, pas de hauteur locale qui le justifie devant Dieu! Pas de disposition d'esprit ou de comportement, pas de manière de penser ou d'état d'âme, pas de discernement et de compréhension qui, comme tels, soient agréables à Dieu! L'homme est homme, et il est dans le monde des hommes (p. 60).
C'est ce qui fait dire à Paul cette parole sans équivoque possible:
Tribulation et angoisse sur toute âme d'homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec! (Romains 2.9)
Le Juif est donc dans une situation égale à celle du Grec: il pèche et lui aussi, par conséquent, mérite le juste jugement de Dieu. En quoi alors cela lui est-il profitable d'être Juif si, de toute manière, cela ne lui octroie aucun privilège au-delà du Grec? Paul, avec la rhétorique qu'on lui connaît, pose en effet cette question au chapitre 3 et y répond tout de suite:
Quel est donc l'avantage des Juifs, ou quelle est l'utilité de la circoncision? Il est grand de toute manière, et tout d'abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés. (Romains 3.1-2)

Le Juif a seulement cette "longueur d'avance" sur le Grec: les oracles de Dieu lui ont été confiés et il a reçu la loi. Mais l'élection d'Israël est une élection de pure grâce, que le Juif ne saurait s'approprier comme objet de vantardise, comme une occasion et un moyen de s'élever au-dessus de tout et de tous en tant que maître et juge du monde et des races. Barth rend ainsi la logique de l'apôtre:

Quand celui qui a eu quelque aperçu de Dieu affirme positivement qu'il occupe une position exceptionnelle, il se rend semblable à celui qui n'a encore absolument rien aperçu (p. 64).
En d'autres termes, et je crois que c'est en cela que consiste la logique de Paul au chapitre 2, la bonté de Dieu n'accorde pas à ceux qui la reçoivent le droit de s'élever en juge au-dessus de leurs prochains. Bien au contraire, les richesses de la bonté de Dieu, de sa patience et de sa longanimité devraient pousser tout homme à la repentance (Romains 2.4), non au jugement d'autrui. Barth, je pense, a saisi ici l'intensité de le réflexion de Paul, de cette description qu'il fait de l'homme qui prétend être le juge de tous et chacun et qui, pourtant, commet les mêmes crimes que les pécheurs, mais dont l'attachement religieux et pharisaïque à loi lui procure l'illusion d'une supériorité. Ce genre d'homme dont parle l'apôtre Paul, Barth le décrit de la façon suivante:
Il peut bien encore élever, de plus en plus haut, la tour de Babel des droits qu'il fait valoir sur Dieu, de sa certitude de posséder Dieu, de sa jouissance de Dieu, cependant derrière l'écran de sa vie éphémère est déjà aux aguets le jour éternel de la colère du juste jugement. Debout sur sa hauteur, il est déjà précipité. Ami de Dieu, il est déjà l'ennemi le plus acharné et le plus détesté de Dieu. Juste, il est déjà jugé. Il n'oserait être surpris que, soudain, ce qu'il est apparaisse et soit formulé aussi (p. 64).

jeudi 24 août 2006

Pluton n'est plus (n'a jamais été) une planète!

Depuis ma tendre enfance, la science, l'astronomie en particulier, reconnaissait l'existence de neuf planètes gravitant autour du soleil de notre système solaire. Depuis cette semaine, ce nombre a été révisé à la baisse: notre système solaire ne compterait maintenant que huit planètes. C'est que quelques 2500 astronomes réunis à Prague, en République tchèque, ont pris la décision d'exclure Pluton du nombre des planètes existantes. Selon eux,

Pluton ne répond plus aux critères maintenant exigés pour accéder au rang de planète : « un corps céleste qui est en orbite autour du soleil, a une masse suffisante pour que sa gravité propre supporte les forces d'un corps rigide (...) ce qui lui confère une forme presque ronde, et dispose d'un espace dégagé autour de son orbite. »

Ce que je trouve intéressant dans ce dossier, c'est l'ambivalence des scientifiques devant leurs propres cadres interprétatifs; ce que certains scientifiques dans le passé ont reconnu comme avéré, est aujourd'hui remis en question par la communauté scientifique. Pourquoi? Parce que la raison scientifique a elle aussi ses limites. Elle ne peut pas prétendre régner en souveraine, car elle est également soumise à nos présuppositions et à nos cadres interprétatifs, et ce malgré ses prétentions à la neutralité. Cela nous rappelle que la science, malgré tous ses bons côtés, a aussi des limites!

Comme chrétiens, nous croyons que la science est un outil nous permettant d'étudier la création de Dieu afin de la comprendre et d'en expliquer les lois et le fonctionnement. Pourtant, nous sommes en même temps conscients que la science ne peut pas tout expliquer et que, ce qu'elle explique, elle l'explique toujours de façon provisoire et incomplète. La science ne peut avoir une vue d'ensemble, car sa perspective n'est pas celle de Dieu mais celle des hommes, celle d'une communauté de chercheurs dont les hypothèses et les théories sont sans cesse questionnées et réexaminées.

mercredi 23 août 2006

Le sondage sur l'Église émergente et le néo-barthisme

Pour ceux qui ont répondu au sondage et qui aimerait maintenant laisser des commentaires, je vous laisse ici la possibilité de le faire. Alors, à vos claviers...

mardi 22 août 2006

Together for the Gospel

On parle souvent sur ce blogue du mouvement chrétien nommé Église émergente, des critiques de ce mouvement à l'endroit des évangéliques (critiques que je ne partage pas toujours), au point où on peut oublier qu'il existe un grand nombre de bonnes choses parmi les évangéliques, comme, par exemple, le mouvement T4G (Together for the Gospel). Je vous invite à consulter la page Web de ce mouvement, qui explique les buts et objectifs de ce groupe.

lundi 21 août 2006

Le décès d'un collègue et frère en Christ

L'un de mes collègues de travail et frère dans le Seigneur Jésus-Christ est décédé durant la fin de semaine. Il était atteint d'un cancer sévère à l'estomac et, malgré l'opération qu'il a reçue, il n'est jamais parvenu à se rétablir complètement. Il était dans la fin cinquantaine.

Comme toujours, la mort entraîne avec elle son lot d'incompréhension et de souffrances: pourquoi la mort? Que se passera-t-il une fois cette "étape" franchie? Les non croyants sont souvent tracassés, voire apeurés par ces questions et la perspective omniprésente de la mort en général et de leur propre mort en particuliers. Mais plusieurs d'entre eux tentent par tous les moyens d'éviter de confronter cette question. Ils se lancent alors dans des plaisirs mondains ou s'engagent dans des responsabilités pour ne pas penser à ce grand incontournable de l'existence humaine.

Pour le chrétien, la mort n'est pas moins une étape troublante de l'existence humaine. Certes, nous savons que la mort a été vaincue par notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui tient à tout jamais les clefs de la mort et du séjour des morts (
Apocalypse 1.18). Pourtant, contrairement à ce que nombre de chrétiens pensent, la mort n'est pas notre amie; la Bible nous la présente plutôt comme un ennemi à vaincre, puisque "le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort" (1 Corinthiens 15.26).

Or, comme le dit Paul, "l'aiguillon de la mort, c'est le péché; et la puissance du péché, c'est la loi" (
1 Corinthiens 15.56). En d'autres termes, la mort, via le péché qui est reconnu comme péché par la connaissance de loi de Dieu, est liée à la loi de Dieu. La mort a cependant un lien de jugement à la loi de Dieu: "L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra" (Ézéchiel 18.4). La mort est donc étroitement liée au péché de l'homme. Par conséquent, elle ne peut s'appréhender que dans un état de culpabilité face à Dieu et à sa loi, puisqu'elle est le résultat du juste jugement de Dieu. Nul homme ne peut l'appréhender en conscience pure, car si nous mourrons, c'est en raison du péché de notre race contre le Créateur.

Je trouve terrible d'entendre des gens parler de la mort comme si elle était une chose inoffensive pour l'homme. Pire encore, je trouve injuste et malhonnête que des gens qui, en tentant de réconforter des mourants, disent à ces derniers que le Paradis les accueillera à bras ouverts. Savent-ils seulement que nous mourrons parce que nous méritons justement la mort? La mort est le fruit de la culpabilité de l'homme, non une délivrance accordée par Dieu à l'homme pour le sortir de cette vie absurde. La mort n'est pas une renaissance, mais "un venir à jugement" (Hébreux 9.27).

Penser la mort, c'est reconnaître notre condition de péché. De plus, c'est accepter la seule et unique grâce de Dieu qui peut nous pardonner et nous ressusciter à une vie nouvelle. Toutes les autres façons d'envisager la mort (ou de ne pas y penser) sont donc des fuites que les hommes se créent pour éviter de reconnaître leur propre culpabilité.

dimanche 20 août 2006

L'Épître aux Romains, moi et Karl Barth

Comme vous le savez, je lis actuellement l'Épître de Paul aux Romains, dans sa langue originelle, c'est-à-dire le grec. J'ai d'ailleurs écrit deux posts jusqu'à maintenant sur cette magnifique épître paulinienne (Réflexions sur Romains 1 et Réflexions sur Romains 1.18-32). En poursuivant mes lectures, je me suis rappelé que ma bibliothèque, parmi tous les commentaires qu'elle compte sur cette épître, contient également l'édition française du commentaire de L'Épître aux Romains de Karl Barth. Je me suis en effet procuré ce volume alors que j'étais encore bachelier en théologie, pour la modique somme de 2$, et complètement neuf en plus de ça! J'ai donc pensé qu'il serait intéressant de joindre à mes réflexions sur l'Épître de Paul aux Romains celles de Karl Barth. Je veux " squeezer " ce commentaire pour en tirer tout le jus qu'il est possible d'en tirer, acclamer les idées intéressantes et riches de sens que Barth propose et critiquer celles qui ne me semblent pas être au diapason du texte biblique.

vendredi 18 août 2006

Je suis reparti...

Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas rédigé de posts ces derniers jours. Je crois pouvoir m'en "justifier" en évoquant le fait que mon blogue a subi quelques légères modifications, comme vous pouvez le constater. Je recommencerai donc à réécrire des posts dès maintenant.

samedi 12 août 2006

Réflexions sur Romains 1.18-32


L'apôtre Paul veut démontrer aux chrétiens de Rome que l'Évangile qu'il prêche est le seul qui soit une puissance de salut (Romains 1.16). Pour ce faire, il doit d'abord leur prouver que tous les hommes, sans exception, les Juifs comme les Grecs, sont sous l'empire du péché et que, en conséquence, la colère de Dieu pèse sur tous (Romains 3.9). C'est d'ailleurs ce que l'apôtre Paul entend prouver dans le passage que nous étudions.

Tous les hommes sont sous l'empire du péché. Selon Paul, cette vérité est tangible et s'inscrit dans le domaine de l'expérience humaine et des faits observables. En d'autres mots, le péché n'est pas, comme le prétendait à tort le philosophe juif Spinoza, qu'un ensemble de "modes de penser", que nous formons parce ce que nous faisons des comparaisons (voir Henri Blocher, La doctrine du péché et de la rédemption, vol. I, p. 12). Le péché, pour l'apôtre, a une réalité très concrète; sa présence signifie destruction et souffrance, et nul homme n'échappe à cette réalité de la présence du péché.

Mais Paul ne se contente pas d'affirmations d'ordre général et abstraites: il nomme le péché, en l'identifiant à telle ou telle action pécheresse. La présence du péché est si vraie, que celui-ci engendre à coup sûr des comportements pécheurs qui s'observent partout où l'homme se trouve. De ces comportements pécheurs, Paul nomme l'idolâtrie (Romains 1.23), les convoitises (1.24), le mensonge (1.25), l'homosexualité (1.26-27) et bien d'autres péchés, comme l'injustice, la méchanceté, la cupidité, la malice, l'envie, le meurtre, la querelle, la ruse, la malignité, le rapportage, la médisance, l'impiété, l'arrogance, la prétention, la fanfaronnerie, l'ingéniosité au mal, la rébellion envers les parents ainsi que le manque d'intelligence, de loyauté, d'affection naturelle et de miséricorde (1.29-31).

Mais cette réalité de la présence du péché est également le signe d'une autre réalité non moins objective: les hommes sont enfermés dans cette condition de péché parce qu'ils sont des créatures coupables et inexcusables, ayant en effet abandonné le Dieu de gloire qui les a créés. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'il faut comprendre cette parole de Paul, lorsque celui-ci affirme que "Dieu a livré les hommes à l'impureté, selon les convoitises de leurs coeurs" (Romains 1.24). Paul ne pense certes pas qu'il était dans l'intention de Dieu de livrer les hommes à l'impiété et de les voir se vautrer eux-mêmes dans leurs péchés, ce qui, bien entendu, ferait de Dieu le responsable du péché. Au contraire, la Bible affirme clairement que Dieu est lumière et qu'il habite une lumière inaccessible (1 Timothée 6.16). En fait, les hommes s'étaient déjà égarés dans leurs pensées vaines avant que Dieu ne les livre à leur impiété (Romains 1.23-24) et ils avaient déjà commencé à rendre un culte à la création au lieu du Créateur (1.25-26). Ce n'est donc pas Dieu qui les a poussés dans la voie du péché, mais ils y sont entrés de leur propre chef. Ce que Dieu a fait, par contre, c'est de les abandonner dans leurs ténèbres, de sorte que tout ce que les hommes pouvaient connaître de Dieu par la création, celle qu'ils vénéraient tant, est devenu désormais pour eux une manifestation de la colère de Dieu et non de sa bonté. Dieu les a tout simplement livrés, c'est-à-dire qu'il a coupé tous les ponts entre eux et lui. Leurs dieux et eux-mêmes sont impuissants pour les délivrer de l'état dans lequel Dieu les a livrés. D'où la grandeur de l'Évangile que proclame l'apôtre Paul, qui est justement cette puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. Car sans cet Évangile, aucun homme ne pourra échapper à la colère de Dieu, cette colère que les hommes sont en mesure de percevoir dans la Création.

jeudi 10 août 2006

De la manne dans le désert du Sinaï


Pour ceux que ça intéressent, il y aurait de la manne dans le désert du Sinaï! En effet, certains gens des localités avoisinantes et certains scientifiques croient que le phénomène qui se produit tous les jours est le même qu'ont vécu les Israélites des temps bibliques lors de leur séjour dans le désert. C'est le journal Holy Observer qui a fait part de cette découverte, dans l'article Manna Appearing Again in Sinai - Locals Still Complaining.

mercredi 9 août 2006

Réflexions sur Romains 1

(Lire Romains 1)

L'apôtre Paul, dans le début du premier chapitre de l'Épître aux Romains, décrit l'étendue de son apostolat: il se doit de proclamer l'Évangile à tous, aux Grecs et aux barbares, aux sages comme aux ignorants (Romains 1.14). Car, comme il le dit lui-même, l'Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, le Juif premièrement, le Grec ensuite (Romains 1.15). L'Évangile, donc, s'adresse à tous les hommes, peu importe leur rang social, leur arrière-plan religieux ou leur condition humaine.

L'apôtre introduit ensuite le sujet de la justice de Dieu, sujet qu'il développera d'ailleurs durant la première moitié de son épître. Paul commence ce thème de la justice en indiquant le moyen par lequel cette justice nous est révélée: la justice de Dieu est révélée par l'Évangile (Romains 1.17). Cependant, Paul prend immédiatement soin de spécifier que c'est par la foi que nous parvenons à la connaissance de cette justice de Dieu. Nous y parvenons par la foi et pour la foi. Car il s'agit de "la justice qui vient de la foi" (Romains 9.30; 10.6), la justice de Dieu pour le salut de quiconque croit en la bonne nouvelle. Dans la terminologie théologique, on parle ici de la révélation spéciale de Dieu, dans ce sens que cette révélation n'est pas contenue dans la Création.

Paul n'abandonne cependant pas à ce point-ci de son raisonnement le thème de la justice en rapport à la révélation. Il entend en effet démontrer un autre aspect de la justice divine, celui du jugement de Dieu contre ceux qui commettent l'impiété (Romains 1.18, 32). Or cette justice de Dieu pour le jugement, contrairement à la justice de la foi (qui est le salut des croyants), est une révélation à la portée de tous les hommes, puisqu'elle est inscrite dans les ouvrages de Dieu, c'est-à-dire dans la Création (voir Romains 1.18-32). Dans le langage théologique, on lui donne le nom de révélation naturelle, dans ce sens que cette révélation est contenue dans la création elle-même. Cette révélation, depuis la chute, n'accomplit vraiment qu'une seule chose: rendre les hommes inexcusables devant Dieu. Le théologien et apologète
Cornelius Van Til a montré les implications graves de la théologie naturelle:
Après la chute de l'homme, la révélation naturelle est toujours historiquement suffisante. Elle est suffisante pour ceux qui, en Adam, ont entraîné la malédiction de Dieu sur la nature. Elle est suffisante pour les rendre inexcusables. (Cornelius Van Til, Nature and Scripture, cité par Raymond Perron, Plaidoyer pour la foi chrétienne: l'apologétique selon Cornelius Van Til, p. 275).

La suite de l'épître nous montrera comment se développe la logique de Paul, mais on peut d'ores et déjà la résumer de la manière suivante: si Dieu juge les Juifs par la Loi, il juge tout aussi bien les Grecs et les barbares (les païens) par la révélation naturelle. Ce qui a fait dire à l'apôtre Paul cette vérité incontournable:

Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit : il n'y a point de juste, pas même un seul ; nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Romains 3.9-11).

Mais comment, demandera quelqu'un, la révélation naturelle peut-elle révéler la colère de Dieu? La réponse est en réalité très simple: la Création nous montre la perfection de Dieu et, du même coup, notre incapacité à vivre à la mesure de la perfection divine. Quand l'homme contemple le reflet de Dieu dans la Création, il ne peut que se condamner lui-même et se savoir inexcusable devant le divin, en raison de son péché. L'apôtre exprime cela de la façon suivante:

En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables (Romains 1.20).

Cette vérité explique bien des comportements religieux présents dans un bon nombre de sociétés. Le premier comportement étant l'idolâtrie, qui est en fait une tentative de la part des hommes de se soustraire à la présence accusatrice de Dieu, et cela en façonnant des dieux qui sont faits d'objets créés et qui paraîssent de la sorte moins terribles à leurs yeux que le Dieu souverain qui se tient au-dessus de toutes choses. Un deuxième comportement, que l'apôtre condamne aussi dans ses écrits, est le système sacrificiel élaboré par les hommes (excepté celui des Juifs, qui est le fruit de la révélation de Dieu à Moïse), avec toutes ces règles et prescriptions sacrificielles visant à apaiser la colère des dieux.

Ces deux comportements religieux ont pourtant ceci en commun: ils sont la preuve que le genre humain se sait inexcusable devant le divin. Mais, au lieu de se tourner humblement devant le Dieu vivant, les hommes se sont égarés dans leur idolâtrie, se rendant de la sorte encore plus coupables.

mardi 8 août 2006

L'Épître de Paul aux Romains

Pour la énième fois, je lis l'épître de Paul aux Romains. Quelle belle oeuvre spirituelle (et littéraire)! J'ai toujours été enrichi de plusieurs manières par les multiples joyaux spirituels que contient cette missive de Paul à l'endroit des chrétiens de Rome. Mais, cette fois-ci, ma lecture de cette épître est un peu différente des lectures précédentes: je la lis dans sa langue originelle, c'est-à-dire en grec. Et pourquoi cela est-il différent? Parce que je suis forcé de comprendre le texte. Je dois m'efforcer de chercher à comprendre les liens entre les mots et les liens logiques entre les phrases. De plus, il faut que je fouille dans mon dictionnaire et mon lexique grecs, question de m'assurer que ma compréhension des mots est conforme à leurs usages. Par contre, tout cet effort en vaut la chandelle. En effet, la première joie que j'éprouve en lisant, c'est lorsque je comprends le texte; la deuxième source d'allégresse, c'est quand le sens du texte m'imprègne profondément et que la Parole de notre Dieu vient éclairer mon esprit: Dieu me parle par et avec les mots de la Bible.

Je me suis donc dit: "Pourquoi ne pas partager à tes lecteurs toutes les richesses que tu découvres en lisant cette épître?" Alors, voilà, j'ai décidé de commenter à l'occasion tel ou tel passage de l'épître aux Romains et de vous partager le fruit de mes réflexions. Je ne promets cependant pas de laisser chaque jour un commentaire sur mon blogue, mais, chaque fois que l'occasion s'y prête, je le ferai. On verra bien ce que ça donnera au fil des semaines (je suis réaliste, je pense en effet consacrer plusieurs semaines à la lecture de cette épître).

lundi 7 août 2006

Propos d'un professeur de français en congé forcé

Aujourd'hui, c'est une journée de congé forcé pour moi. C'est le "Civic Day" (en Ontario, mais pas au Québec), et mes clients, des fonctionnaires du gouvernement fédéral, sont tous en congé. Je suis assis, mon portable sur les cuisses, et je me demande bien ce que je peux pondre en une telle journée.

Mon épouse est allongée sur notre lit, tout près de moi, et elle souffre en silence (du moins, elle essaie); elle a un congé préventif, sa grossesse étant très difficile, les douleurs sont constantes et lancinantes. Je la regarde gémir, mon coeur souffre avec elle. Cette situation me rappelle l'histroire du théologien américain Benjamin
Breckenbridge Warfield, dont la femme a été frappée de paralysie jusqu'à la fin de sa vie:

B.B.Warfield married his wife Annie in 1876 and they left for honeymoon in Germany. He was also studying at Leipzig at that time. On a walking trip in the Harz mountains they were overtaken by a terrible thunderstorm. It was a shattering experience for Mrs Warfield from which she never recovered. She was more or less an invalid for the rest of her life. They had no children and Warfield cared for Annie all her days. The students would see them walking slowly together about the Seminary campus. B.B.Warfield was always gentle and caring with her. He could never leave her for very long. This was one of the reasons he was rarely present at church courts or heard speaking from the floor of his presbytery. He was not outstanding in debate. His time was spent with his beloved Annie. (pour lire tout le texte, cliquez ici)
Cet homme a certes été l'un des théologiens américains les plus influents de l'histoire, il n'en demeure pas moins qu'il était avant tout un mari tendre et bienveillant à l'égard de sa bien-aimée.

J'ai aussi entendu cette autre histoire, celle d'un non croyant dont l'épouse était entrée dans un état végétatif.
Tous les jours, cet homme se rendait à la résidence où était hospitalisée sa femme, il s'y rendait une fois le matin, avant son travail, pour lui faire prendre le déjeuner (le petit déjeuner) et la vêtir pour la journée, et durant la soirée, après son travail, pour lui donner son deuxième repas de la journée, le souper (le dîner), lui faire prendre son bain et l'habiller pour la nuit. Un jour, quelqu'un lui a demandé:
Pourquoi faites-vous tout cela pour votre épouse, vous n'êtes pas tenu de faire ça, puisqu'il y a des infirmières qui sont payées pour le faire?
Cet homme a alors répondu à son interlocuteur les paroles que voici:
La Bible dit que je dois prendre soin de ma femme comme je prends soin de ma propre chair. Or tous les jours je me lave le corps, je m'habille et je mange deux repas. Si donc je prends ainsi soin de ma propre chair, il faut que j'en fasse de même pour mon épouse. (Ep 5.28-29)

Quand je pense à ces deux histoires, je comprends un peu mieux ce que mes professeurs de théologie voulaient signifier lorsqu'ils nous disaient "qu'une théologie qui 'n'atterrit' pas ne sert à rien".

dimanche 6 août 2006

J. Wentzel Van Huyssteen, Essays in Postfoundationalist Theology

Je suis en train de commencer la lecture d'un autre livre, Essays in Postfoundationalist Theology de J. Wentzel Van Huyssteen, un livre qui sera, je l'espère, très passionnant et instructif, particulièrement en raison du propos abordé. Voici la description de l'ouvrage, telle qu'on peut la lire sur la couverture arrière du livre:

How and why do some of us hang on to religious faith amid the confusion of this postmodern age? How can we speak of the certainty of faith or of passionate commitments and deep convictions in a postmodern context that celebrates cultural and religious pluralism? Can Christian theology ever really claim to join this postmodern conversation without retreating to an esoteric world of private, insular knowledge claims? Finally, how does theological reflection relate to other modes of intellectual inquiry, and especially to scientific knowledge, which very often goes unchallenged as the ultimate paradigm of human rationality in our times?

This collection of essays in philosophical theology boldly addresses many of the challenges faced by Christian theology in the context of contemporary postmodern thought. Through a series of profound discussions of theology in relation to epistemology, methodology, and science, J. Wentzel van Huyssteen presses the case for a "postfoundationalist theology" as a viable third option beyond the extremes of foundationalism and nonfoundationalism.

The essays in Part l explore the dynamics involved when a philosophical theologian enters the interdisciplinary conversation with strong personal convictions. In the process, van Huyssteen critically engages with the work of Wolfhart Pannenberg, Nancey Murphy, and Jerome Stone. Part 2 focuses on the need for Christian theology to break out of an insularity that is concerned only with its own community and with the church and to relate publicly and plausibly to our contemporary intellectual world. Part 3, which begins in dialogue with Gerd Theissen, turns to some of the important issues in the current theology-and-science dialogue as concrete examples of interdisciplinarity in postfoundationalist theology.

Handling abstract themes in a remarkably clear and concise way, this volume sets forth the convincing argument that only a truly accessible and philosophically credible notion of interdisciplinarity will be able to pave the way for a plausible public theology that can play an important intellectual role in our fragmented culture today.

J. WENTZEL VAN HUYSSTEEN is the James I. McCord Professor of Theology and Science at Princeton Theological Seminary. He is also the author of Theology and the Justification of Faith: Constructing Theories in Systematic Theology.


vendredi 4 août 2006

Deux études sur le célibat biblique

Ces deux études sur le célibat, je les ai d'abord enseignées à mon église locale, pour le groupe de jeunes et carrières. Elles formaient l'introduction à une série sur les fréquentations.

LE CÉLIBAT, PARTIE I

(Lire 1 Corinthiens 7.1-2, 7-9, 25-35, 36-38, 39-40)

Contexte de ce sujet dans l’ensemble de l’épître

Les chapitres 7 à 14 forment une section dans laquelle Paul répond à quelques questions que les Corinthiens lui ont posées par écrit. Cette lettre que les Corinthiens ont envoyée à Paul a fort probablement été écrite parce que ceux-ci avaient reçu une première missive de l’apôtre[1], dans laquelle Paul parlait de ceux qui entretiennent des relations avec des débauchés (voir 1 Co 5.29). Mais il ne s’agit là que d’une supposition qu’il nous est impossible de prouver. Par contre, il est certain que les Corinthiens ont écrit une lettre à l’apôtre Paul pour lui faire part de certaines de leurs interrogations.

La première de ces questions, donc, concerne le mariage (tout le chapitre 7)[2]. Paul expose dans ce chapitre ce qu’il pense devoir suggérer aux Corinthiens à propos du mariage et du célibat. Nous ne verrons cependant que les questions relatives au célibat.

Les idées principales du chapitre 7 à propos du célibat

  1. À cause de la situation dans laquelle se trouvent les Corinthiens, il est préférable pour eux de demeurer célibataires (vv. 1, 26, 28).
  2. Il est nécessaire pour une personne de se marier lorsque celle-ci manque de maîtrise sur le plan sexuel (v. 2, 8, 9).
  3. Le célibat est un choix conscient et volontaire, qui repose sur le désir et la possibilité (maîtrise des tentations sexuelles) de se consacrer entièrement au Seigneur (vv. 2, 7-9, 36-38, 39-40).

Nous allons tour à tour étudier les passages où il est question de ces trois idées principales.

Les passages

Chapitre 7.1-2

Dans ce premier passage, Paul répond à la lettre des Corinthiens. Il leur écrit : « Il est bon pour l’homme de ne pas toucher de femme ». Le verbe « toucher » signifie ici les relations sexuelles. Cependant, certaines versions de la Bible traduisent ce verset de la façon suivante : « Il est bon pour un homme de ne pas se marier. » Cette traduction n’est pas tout à fait exacte. Mais elle est n’est pas forcément fausse : en effet, dans la pensée juive et la pensée chrétienne, la sexualité et le mariage sont indissociables.

Il est possible que certaines personnes dans l’Église de Corinthe aient été influencées par des religions égyptiennes concernant le célibat religieux; ces religions affirmaient, entre autres choses, qu’il ne faut pas se marier. Bien que Paul soit d’accord avec l’idée de demeurer célibataire, il suggère néanmoins le mariage quand une personne ne peut pas rester seule en raison de ses trop fortes pulsions sexuelles (v. 2, 9).

Ce premier passage nous pousse à nous poser la question suivante : Paul serait-il en train de dire que le célibat est supérieur au mariage? Six raisons nous interdisent de répondre oui à cette question :

  1. Tout le chapitre 7 spécifie clairement que le mariage est une bonne chose (voir v. 38).
  2. Comme l’indique le verset 26, la cause de cette exhortation au célibat est purement contextuelle : « Voici donc ce que j’estime bon, à cause des calamités présentes : il est bon à un homme d’être ainsi. »
  3. Parce qu’en 1 Timothée 4.3, Paul déclare que l’un des signes de l’abandon de la foi dans les derniers temps sera ceux qui « prescrivent de ne pas se marier ». Paul ne peut quand même pas se contredire.
  4. Parce que, selon la Bible, le mariage est une institution divine : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Gn 2.18) On ne peut pas interpréter Paul dans un sens qui contredirait l’enseignement de la Parole de Dieu.
  5. Parce que Paul lui-même utilise le mariage pour illustrer la relation entre Christ et son Église (voir Ep 5.22-33). De plus, dans ce texte, Paul cite Genèse 2.24 comme faisant autorité, démontrant par le fait même qu’il croyait en l’inspiration de la Genèse, donc au mariage puisque Genèse 2 institue le mariage, ce qui prouve la véracité de notre point précédant (4.).
  6. La nature nous enseigne que le mariage est essentiel à la croissance du caractère de l’individu et au bien-être de la société. Déprécier le mariage serait donc contraire à la loi de la nature et à la révélation de Dieu.

Un chrétien célibataire ne peut donc pas s’estimer supérieur à ceux qui sont mariés. Comme nous le verrons plus loin, les raisons que Paul donne pour le célibat sont uniquement de nature pratique et contextuelle.

Chapitre 7.7-9

Les versets 7, 8 et 9 reprennent essentiellement les mêmes thèmes que les versets 1 et 2 : a) il est bon de demeurer célibataire, comme Paul lui-même est célibataire; b) il vaut mieux se marier si on ne peut pas se maîtriser sur le plan sexuel : « Car il vaut se marier que de brûler ». Le verbe « brûler » signifie premièrement « brûler de désir sexuel », dans le sens de s’adonner à des pratiques sexuelles. On ne doit donc pas y voir d’abord une référence au feu de l’enfer lors du jugement dernier.

Pour ceux et celles qui désirent demeurer célibataires, une question s’impose : êtes-vous capables de maîtriser vos pulsions sexuelles, pas seulement aujourd’hui, mais durant votre vie entière? Si vous répondez oui à cette question, vous possédez le premier critère pour rester célibataires. Si la réponse est non, force vous est de reconnaître que le célibat n’est pas pour vous.

Ce passage nous force également à nous poser une autre question : existe-t-il un don de célibat? Lorsque Paul dit « que chacun tient de Dieu un don particulier », fait-il référence au célibat? Le mot « don » ici est le même terme que Paul emploie pour parler des dons spirituels dans les chapitres 12 à 14. Il s’agit du mot « charisme ». Le mot charisme, en grec, est construit à partir du mot « grâce » (charis). Je pense donc que le célibat est une grâce de Dieu accordée à certains chrétiens. Paul aimerait bien que tous les hommes soient célibataires, cependant il est conscient que ce ne sont pas tous les hommes qui sont en mesure de se priver du mariage. On doit également reconnaître que le mariage est une grâce de Dieu, puisque Paul affirme que « chacun a reçu un don particulier, l’un d’une manière (le célibat), l’autre d’une autre (le mariage) ».

Il faut aussi souligner le choix que fait Paul du mot charisme tant pour le don du célibat que pour les dons spirituels : il indique ainsi un lien très fort entre le célibat et le ministère dans l’Église. Nous toucherons ce point un peu plus loin.

Chapitre 7.25-35

Dans ce passage, Paul précise pourquoi le célibat est préférable au mariage. Il offre trois raisons :

  1. À cause « des calamités présentes » et pour ne pas avoir « des afflictions dans la chair » (vv. 26, 28). Les termes qu’emploie ici Paul suggèrent la persécution : il vaut mieux rester seul que de s’engager dans une relation de mariage alors que la persécution à cause de l’Évangile menace les chrétiens et rend la vie de couple très difficile (perte du conjoint, des enfants, nécessité de pourvoir aux besoins des siens malgré la persécution, etc.). Paul veut les ménager. Il sait ce que c’est que de souffrir pour le Christ, lui qui a été si abondamment persécuté.
  2. « Car le temps est court et la figure de ce monde passe » (29-31). Il s’agit ici d’une allusion au retour de Jésus-Christ. Paul savait que Christ reviendrait bientôt. Il voulait donc encourager les Corinthiens à attendre le retour de Christ avec la même ferveur que lui, sans être préoccupés des choses de ce monde.
  3. Pour que le célibataire soit entièrement consacré au Seigneur sans éprouver les inquiétudes relatives aux responsabilités qu’engendre le mariage (v. 32-35). La consécration au Seigneur, pour l’apôtre Paul, est le but principal du célibat; c’est la raison fondamentale pour laquelle une personne peut demeurer célibataire, les deux premières raisons appartenant d’ailleurs à cette dernière.

Chapitre 7.36-38

Comparez les différentes traductions de ce passage :

Colombe

36 Si quelqu’un estime déshonorant pour sa (fille) vierge de dépasser l’âge nubile et qu’il doive en être ainsi, qu’il fasse ce qu’il veut, il ne pèche pas; qu’on se marie.

37 Mais celui qui tient ferme en lui-même, sans contrainte et avec l’exercice de sa propre volonté, et qui a décidé en son coeur de garder sa (fille) vierge, celui-là fait bien.

38 Ainsi, celui qui donne sa (fille) vierge en mariage fait bien, celui qui ne la donne pas fait mieux.

Bible en français courant

36 Maintenant, si un jeune homme pense qu’il cause du tort à sa fiancée en ne l’épousant pas, s’il est dominé par le désir et estime qu’ils devraient se marier, eh bien, qu’ils se marient, comme il le veut; il ne commet pas de péché.

37 Par contre, si le jeune homme, sans subir de contrainte, a pris intérieurement la ferme résolution de ne pas se marier, s’il est capable de dominer sa volonté et a décidé en lui-même de ne pas avoir de relations avec sa fiancée, il fait bien.

38 Ainsi, celui qui épouse sa fiancée fait bien, mais celui qui y renonce fait mieux encore.

Darby

36 Mais si quelqu’un estime qu’il agit d’une manière inconvenante à l’égard de sa virginité, et qu’elle ait passé la fleur de son âge, et qu’il faut que cela soit ainsi, qu’il fasse ce qu’il veut, il ne pèche pas; -qu’ils se marient.

37 Mais celui qui tient ferme dans son coeur, et qui n’est pas sous l’empire de la nécessité, mais qui est maître de sa propre volonté et a décidé dans son coeur de garder sa propre virginité, fait bien.

38 Ainsi, et celui qui se marie fait bien; et celui qui ne se marie pas fait mieux.

Dans ce passage, l’apôtre Paul affirme clairement que le célibat est une question de choix (v. 37); il souligne également le fait que le mariage « n’est pas péché » (v. 36). Ainsi, en dépit de la traduction retenue par le lecteur, le célibat est toujours vu comme une question de choix, et cela même dans la traduction où c’est le père qui choisit pour sa fille la préservation de sa virginité (traduction Colombe). Car le père choisit ce qui lui semble bon pour elle. La décision du célibat n’est donc pas le fruit d’une révélation extatique (vision, songe, signe miraculeux, etc.) dans laquelle Dieu dit : mon enfant, sois célibataire!

Paul répète encore une fois que le célibat est mieux que le mariage. Il faut cependant interpréter cette parole à la lumière du contexte des persécutions.

Chapitre 7.39-40

Dans ces derniers versets, Paul souligne encore une fois la notion de liberté et de volonté quant au choix de se marier ou non. Il indique cependant qu’une veuve serait plus heureuse seule que remariée. On peut donc retenir de ces versets que le célibat ou le mariage sont des choix que les chrétiens doivent faire.

But et utilité du célibat

Quel est le but du célibat. Comme Paul le dit si clairement, le but du célibat est de se consacrer totalement au service du Seigneur. Paul ne parle pas nécessairement du ministère. Une personne peut très bien demeurer célibataire et avoir un travail séculier. Paul a plutôt en tête le service chrétien dans les temps libres. En d’autres mots, celui qui est célibataire consacre le temps libre dont il dispose au service du Seigneur, temps libre que ce même individu passerait cependant avec son conjoint s’il était marié.

De plus, on ne peut pas dissocier le célibat de la foi. Celui qui a reçu le don de célibat l’a reçu pour consacrer plus de temps au service de l’Église par l’exercice de ses dons spirituels. On perçoit donc ici le lien entre l’utilisation du mot charisme pour le célibat et pour les dons spirituels.

Ce qui signifie qu’une personne ne peut pas choisir le célibat pour d’autres raisons que celle de la consécration au Seigneur. On ne choisit pas le célibat pour réussir une carrière dans les affaires ni parce qu’on a de la difficulté à tolérer l’autre sexe. Ceux et celles qui désirent demeurer célibataires doivent donc se poser la question suivante : est-ce pour servir le Seigneur que je veux demeurer célibataire?

Peut-on appliquer cette exhortation de Paul pour nous aujourd’hui?

Je pense que le but de l’exhortation de Paul était d’abord contextuel : il s’agissait d’une situation propre à l’Église de Corinthe. Mais une telle situation de persécution peut encore survenir aujourd’hui, et dans ce cas une telle recommandation garde toute sa valeur. Cependant, il n’est pas non plus interdit de choisir le célibat en se basant sur ce passage. Car celui qui désire être célibataire au sens où Paul l’entend a certainement de bonnes intentions. Et il faut approuver cela.

Les deux types de célibat

On peut donc dire, en conclusion, qu’il y a deux types de célibat : 1) le célibat de fait (ceux qui sont toujours à la recherche d’un conjoint) et 2) le célibat de choix. Ceux qui sont célibataires doivent se poser la question de savoir s’ils désirent rester dans cette situation ou s’ils désirent se marier. Cette question est primordiale, et elle devrait être répondue avant même de se mettre à chercher l’âme sœur.


LE CÉLIBAT, PARTIE II

(Lire Matthieu 19.1-12)

Contexte immédiat de ce passage

Matthieu introduit ici une discussion entre Jésus et les Pharisiens concernant le divorce, discussion que ces derniers ont entamée afin de tendre un piège à Jésus (v. 3). L’intention première de ce passage est donc le divorce, et plus précisément la compréhension légale (la Loi de Moïse) qu’a Jésus à propos de cette question du divorce (vv. 7-9). En guise de réponse à la question piégée des Pharisiens, Jésus insiste sur le caractère divin du mariage (« les deux deviendront une seule chair »; v. 5) et sur les responsabilités élevées qui découlent du mariage (« que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni »; v. 6). Le divorce facile est donc hors de question!

Le message central de ce passage ne concerne donc pas le célibat, bien que Jésus y fasse allusion dans les deux derniers versets, suite à la remarque de ses disciples, qui semblent de toute évidence ne pas apprécier les paroles plutôt radicales de leur Maître (vv. 11-12). Nous nous concentrerons cependant sur la question du célibat, et non sur celle du mariage. Mais, pour nous aider à comprendre la notion du célibat dans ce texte, résumons les divisions principales du passage:

  1. Les Pharisiens tendent un piège à Jésus par une question concernant le divorce (v. 3).
  2. Dans les versets 4-9, éclate une discussion entre Jésus et les Pharisiens concernant le mariage et le divorce. Jésus affirme le caractère divin du mariage (quel bel éloge au mariage!) et souligne du même coup les responsabilités de l’homme à l’égard de sa femme : « que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni », « sauf pour cause d’infidélité ».
  3. Dans le verset 10, les disciples manifestent à Jésus leur réserve à propos de son enseignement sur le mariage (surtout à propos de la question de la responsabilité de l’homme à l’égard de sa femme) et se demandent s’il est avantageux pour l’homme de se marier.
  4. Dans les versets 11 et 12, Jésus leur répond, disant : a) Que ce ne sont pas tous qui comprennent son enseignement à propos du mariage, mais seulement ceux à qui cela est donné; b) il y a trois exceptions au mariage : les eunuques de naissance, les eunuques par la main des hommes et les eunuques (volontaires) pour le Royaume.

La mauvaise compréhension de ce texte provient d’ordinaire du fait que certaines personnes rattachent la fin du verset 12 « Que celui qui peut comprendre comprenne » à l’enseignement de Jésus à propos des eunuques (v. 12). Ces personnes interprètent alors cette dernière partie de ce passage de la façon suivante : « Que celui qui peut comprendre ce que moi, Jésus, j’ai dit à propos des eunuques comprenne. » Trois raisons nous interdisent cependant d’interpréter le texte de cette façon :

  1. Toute l’argumentation de Jésus dans l’ensemble de ce passage donne en faveur du mariage. Ainsi, dire que Jésus insisterait ici pour que les gens comprennent (« que celui qui peut comprendre comprenne ») la signification du célibat reviendrait à dire que le célibat est supérieur au mariage. Mais Jésus ne peut certainement pas avoir ici cette intention en tête, puisqu’il donnerait alors raison aux disciples, qui pensent qu’il n’est pas avantageux pour l’homme de se marier. Jésus contredirait donc tout le sérieux de son enseignement à propos du mariage.
  2. Au verset 11, Jésus répond à la remarque de ses disciples de la façon suivante : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. » Cette « parole » dont parle ici Jésus est de toute évidence celle qu’il a prononcée dans les versets précédents : il s’agit de tout son enseignement à propos du mariage. Cet enseignement, comme le mentionne Jésus, ce ne sont pas tous qui le comprennent. Et pourquoi tous ne le comprennent-ils pas : « Car il y a des eunuques » (de trois sortes), qui, du fait de leur célibat, ne pourront jamais comprendre cet enseignement de Jésus parce qu’ils n’auront jamais eu l’occasion de goûter au mariage. Ce sont en effet les gens mariés qui peuvent comprendre l’enseignement de Jésus à propos du mariage, si, bien entendu, leur cœur n’est pas dur (v. 8).
  3. La fin du verset 12 : « Que celui qui peut comprendre comprenne » est une reprise du verset 11 : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. » La « compréhension » dont il est question ici, au verset 12, est donc la même que celle du verset 11, à savoir l’enseignement de Jésus à propos du mariage. D’ailleurs, dans ces deux versets, Jésus utilise le même terme grec lorsqu’il emploie le verbe « comprendre » (en grec : chōrēo; dans son sens premier, ce verbe signifie « accepter », « recevoir », d’où le sens possible de « comprendre »).

Ce que Jésus dit donc essentiellement ici, c’est que le célibat est envisageable seulement dans le contexte de ces trois types d’eunuque. Par contre, il repose sur un mauvais motif lorsqu’il est considéré pour d’autres raisons que celles mentionnées par Jésus. L’intention de Jésus par cet enseignement consiste donc à faire comprendre à ses disciples l’engagement total que doivent démontrer ceux qui se marient, et ce parce que le mariage est une œuvre du Créateur et parce que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni.

Enfin, un eunuque pour le Royaume (un eunuque spirituel) est pratiquement la même chose chez Jésus et chez Paul : il s’agit d’une personne dont la vie est entièrement consacrée au service de Dieu. Jésus a d’ailleurs donné un exemple admirable de ce type de célibat. D’autant plus que le célibat n’était pas monnaie courante parmi les Juifs de l’époque du Nouveau Testament. On peut donc voir dans les paroles de Jésus une propre justification de son statut de célibataire.


[1] Eh! oui, la première épître de Paul aux Corinthiens n’est pas la première que l’apôtre a écrite à cette Église.

[2] Les autres questions sont respectivement la viande sacrifiée aux idoles (voir 1 Co 8.1), la tenue de la femme dans les assemblées ainsi que la manière de célébrer le repas du Seigneur (voir 1 Co 11.1, 17, 34b) et les dons spirituels (voir 1 Co 12.1).

Alors qu'Israël envahit le Liban, les spams envahissent mon blogue!

J'ai commencé à recevoir des "spams commentaires" (des "splogs") dans les posts de mon blogue. Ce sont des publicités qui entrent dans les posts, mais qui ressemblent à des commentaires bien ordinaires. Cliquez ici, et vous trouverez un exemple de ces spams.

J'hésite à utiliser la fonction de vérification de mots, qui règle ce problème, car je la trouve vraiment fastidieuse à utiliser. Je pars donc sur le merveilleux monde du Web à la recherche d'un programme ou de quelque chose d'autre qui pourra protéger mon blogue de ces intrusions.

Si vous connaissez quelque chose qui peut régler ce problème, n'hésitez pas à me le communiquer.

jeudi 3 août 2006

Mel Gibson, le chrétien de la honte

Ces jours-ci, le cinéaste et acteur Mel Gibson se trouve dans l'embarras. C'est qu'il a fêté un peu trop, alcool, femmes, etc., pour ensuite se faire intercepter par les autorités policières, alors qu'il était au volant de sa voiture, en raison de sa conduite en état d'ébriété. Mais, pour ajouter l'insulte à l'injure, M. Gibson s'est permis de lancer des propos antisémites! (voir l'article dans Cyberpresse.com)

Le propos de mon post n'est pas d'être injuste envers Mel Gibson, mais d'être juste à l'égard de la vérité de l'Évangile. Car Mel Gibson, par son film La Passion du Christ, a publiquement confessé son christianisme. Mais voilà que ses déboires personnels viennent ternir ce témoignage chrétien qu'il avait pourtant réussi à imposer dans les milieux artistiques d'Hollywood. Sa situation actuelle, son alcoolisme et sa vie désordonnée, est vraiment triste à voir, mais cela est encore plus triste pour la cause de l'Évangile. Les journalistes n'ont d'ailleurs pas manqué de nous le rappeler, en nous montrant à la télévision des scènes du film La Passion du Christ, comme pour ne pas nous faire oublier que ce film est l'œuvre de ce même Mel Gibson, qui fait maintenant face à la justice.

Cet événement nous rappelle cependant une vérité: Que ceux qui enseignent seront jugés plus sévèrement (Jacques 3.1).

mercredi 2 août 2006

Prières d'un jeune chrétien

J'ai mis la main dernièrement sur quelques prières que j'avais écrites dans les revers de la couverture de ma Bible de jeune chrétien. J'ai pensé que cela serait une bonne idée de vous les partager.

Mon Père céleste, le Dieu Tout puissant et le Créateur de toutes choses par la Parole du Christ-Jésus, tu m'as laissé tes paroles et ton plan, la Bible. Je te prie afin que, par ton Esprit, tu puisses toujours m'enseigner Ta Vérité et me garder de l'erreur, afin que je sois gardé en Toi irréprochable pour le Jour du jugement dernier. Amen

Seigneur, je sais que tu m'appelles à aimer et donner aux frères pauvres ma subsistance. Aide-moi car je n'ai pas la force pour cela. Amen

Seigneur, je vois l'importance de vivre pour toi dès aujourd'hui. Aide-moi à me consacrer dès maintenant de tout mon coeur. Amen

Père, aide-moi à être, comme ton Fils, l'ami des pécheurs, et que, comme Lui, je puisse moi aussi les aimer! Amen

Père céleste, permets-moi, par ta grâce, de mettre en pratique ta Parole, afin qu'elle soit réellement vivante en moi. Amen

Seigneur Jésus-Christ, Toi seul nous révèles dans un amour et une pureté absolus ton tendre Père, le Dieu unique. Ta Parole est l'instrument par lequel tu nous brosses ce beau tableau du Père. Enseigne-moi et affermis-moi par ton Esprit. En ton nom, Seigneur Jésus, je t'ai prié. Amen

mardi 1 août 2006

Prière de repentance


Aujourd'hui, je désire vous faire connaître une prière écrite par le réformateur français Jean Calvin. Il s'agit d'une prière de repentance.
Seigneur Dieu, Père éternel et tout-puissant, nous reconnaissons et nous confessons devant ta sainte majesté que nous sommes de pauvres pécheurs. Nés dans l'esclavage du péché, enclins au mal, incapables par nous-mêmes de faire le bien, nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières tes saints commandements, attirant sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort.

Mais, Seigneur, nous avons une vive douleur de t'avoir offensé ; nous nous condamnons, nous et nos vices, avec une vraie repentance; nous recourons à ta grâce et te supplions de nous venir en aide dans notre misère. Veuille donc avoir pitié de nous, Dieu très bon, Père miséricordieux, et nous pardonner nos péchés pour l'amour de Jésus-Christ, ton Fils, notre Sauveur.

En effaçant nos souillures, accorde-nous aussi et nous augmente continuellement les grâces de ton Saint-Esprit, afin que, reconnaissant de plus en plus nos fautes, nous en soyons vivement touchés, nous y renoncions de tout notre coeur et nous portions des fruits de justice et de sainteté, qui te soient agréables, par Jésus-Christ notre Seigneur.

Amen.

Vous pouvez obtenir cette prière ici.