vendredi 25 janvier 2008

Théologie et puissance de Dieu 2

Pour faire suite et répondre en partie à mon billet précédent, Théologie et puissance de Dieu, voici une citation fort à propos de Charles Henry Mackintosh, qui illustre bien le type de chrétiens anti-théologiens auxquels j'ai fait allusion dans ce dit billet. Voici ce qu'il a écrit dans son ouvrage Notes sur le livre du Deutéronome:

Nous serons entièrement délivrés des influences desséchantes des systèmes théologiques quels qu’ils soient! Nous pourrons dire aux promoteurs de toutes les écoles de théologie sous le soleil, que quels que soient les éléments de vérité qu’ils puissent trouver dans leurs systèmes, nous les possédons avec une perfection divine dans la parole de Dieu; ni tordus, ni tourmentés, afin de les faire entrer dans un système, mais étant tous à leur vraie place dans le vaste cercle de la révélation divine, dont le centre éternel est la personne bénie de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
Il est intéressant de constater que cet auteur, qui accuse les écoles théologiques de tordre et tourmenter la parole de Dieu, offre dans son ouvrage sur le Deutéronome tout sauf une exposition claire et satisfaisante de ce livre biblique. En effet, pour Mackintosh, le texte scripturaire sert de prétexte pour aborder des thèmes doctrinaux certes bibliques, mais qui n'ont toutefois aucun lien avec le livre biblique étudié. Il en résulte une « exposition massacrée » du texte, où il devient tout à fait impossible de comprendre l'idée directrice du récit biblique ainsi que le sens des versets, tant en eux-mêmes que dans l'ensemble de leur contexte immédiat et du livre biblique lui-même. Il est d’ailleurs malheureux de constater que Mackintosh applique cette même approche interprétative dans tous ses ouvrages sur le Pentateuque. Ce qui prouve que le fait d'affirmer fièrement ne s'accrocher à aucun système théologique, quel qu'il soit, ne garantit nullement une meilleure interprétation du texte sacré.

Il m'apparaît évident qu'une confusion règne dans l'esprit de ceux qui rejettent la théologie: ils ne font pas la distinction entre rationalisme et raison. Le rationalisme, selon deux définitions du dictionnaire Le Petit Robert, est

1) Une croyance et confiance dans la raison, dans la connaissance naturelle (opposé à mysticisme, révélation religieuse).

2) Une doctrine selon laquelle on ne doit admettre en matière religieuse que ce qui est conforme à la raison naturelle et saisissable par elle (opposé à fidéisme).

Qu'il se trouve des individus pour s'opposer et dénoncer le rationalisme, vous m'en verriez heureux, car le rationalisme est contraire au message de la Bible. La Bible, en effet, laisse clairement entendre que la sagesse des hommes ne peut aucunement les conduire à Dieu :
Aussi est–il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ?Dieu n’a–t–il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. (1 Corinthiens 1:19-21)
Par contre la raison, dans sa signification fondamentale, désigne les facultés intellectuelles de l'homme. La pensée discursive et la logique appartiennent en propre aux facultés intellectuelles humaines, bien que certaines personnes possèdent ces facultés dans une plus grande mesure. La raison, ainsi considérée et contrairement au rationalisme, ne s'oppose pas à la pensée biblique; elle ne fait que se placer au service de la foi chrétienne, pour systématiser le message évangélique et nous faire ainsi découvrir l’harmonie du tout et de chacune de ses parties. Quiconque a déjà cultivé un potager comprend ce que je veux dire : pour aider le potager à fructifier et pour que le jardinier s’y retrouve plus aisément, il convient de planter les légumes en les ordonnant selon un plan. C'est un peu la même chose que la théologie désire faire.

Dans un prochain billet, je vais poursuivre cette réflexion en démontrant que la Bible enseigne une utilisation saine de la raison et que la raison renouvelée ne s'oppose pas à la puissance de Dieu.

mardi 22 janvier 2008

Théologie et puissance de Dieu

J'ai souvent entendu certains chrétiens dire que les théologiens, en raison de leur intérêt pour la réflexion, nient la puissance de Dieu. Comme si le fait de réfléchir faisait du même coup en sorte que diminue la foi du théologien en la puissance de Dieu. Dans l'esprit de ces chrétiens, il paraît en effet impossible que la réflexion théologique ainsi que la systématisation de cette réflexion puisse aller de pair avec la foi chrétienne en la toute puissance du Seigneur, car, disent-ils, la réflexion « tue » la foi. Ils proposent donc à la place une pratique de la foi qui se garde de placer les doctrines chrétiennes en système théologique et se persuadent de la sorte avoir mis leur foi en sécurité contre cette « théologie-systématique-dévoreuse-de-foi-chrétienne ».

Je ne partage pas l'opinion de ces gens. C'est pourquoi je prendrai le temps de la réfuter dans un billet ultérieur.

Être papa!

Je suis papa. Quelle joie! Mais quelle responsabilité également! Dans ce rôle de papa, je découvre une multitude de choses nouvelles, dont, entre autres, l'importance d'être équilibré dans la manière dont j'éduque ma fille. Je sais, d'une part, qu'il est important d'être assez ferme pour corriger mon enfant et lui enseigner l'obéissance et les bonnes manières. Mais je sais également, d'autre part, à quel point il est nécessaire de ne pas être trop ferme afin de laisser ma fille exprimer sa personnalité et manifester son autonomie. Je dois sans cesse trouver l'équilibre entre fermeté et liberté. Car si je suis trop dur à son égard, je l'abêtirai. Par contre, si je suis trop laxiste, elle risque de développer un caractère insoumis, dominant et égocentrique. L'art d'être papa, dis-je donc, consiste à jongler avec cette nécessité d'encadrer fermement ma fille pour bien l'éduquer tout en lui donnant suffisamment de liberté pour ne pas l'étouffer mais pour lui permettre au contraire de développer le plein potentiel de sa personnalité. Cette tâche n’est pas simple ; elle exige de moi que je m’examine continuellement pour discerner les motifs profonds qui me poussent à appliquer telle règle ou permettre telle liberté.

Par exemple, il peut m’arriver d’être tenté de corriger ma fille parce que son attitude en public me fait honte, et non pas parce qu’elle aurait commis quelque chose de mal. Dans une telle circonstance, j’étouffe la personnalité de mon enfant. À l’inverse, je peux ne pas corriger mon enfant par crainte des hommes, de ce qu’ils pourraient dire ou penser de la manière dont j’éduque mon enfant, alors que je sais très bien que mon enfant a commis quelque chose de mal méritant une réprimande. Dans un cas comme celui-là, j’incite mon enfant à continuer de commettre impunément des actes répréhensibles. Par voie de conséquence, si je veux maintenir l’équilibre dont j’ai parlé plus haut, je me dois d’examiner les motifs derrière les principes que j’entends enseigner à mon enfant et m’efforcer de soustraire à ces principes tous les motifs qui n’auraient pas pour but le plein épanouissement de mon enfant. De tels motifs mauvais peuvent être, entre autres, l’amour propre, la crainte des hommes, une blessure morale antérieure, une humiliation d’enfance, le légalisme, le perfectionnisme, etc.

Le défi que représente la recherche de cet équilibre constitue pourtant un défi fort enrichissant, tant pour le papa que pour l’enfant lui-même. Car le papa y trouve croissance personnelle et renforcement de la volonté d’accomplir le bien, tandis que l’enfant, en plus de trouver le plein épanouissement de sa personnalité, y découvre également le sens profond de la justice.

vendredi 18 janvier 2008

Confession de foi 4

6) L'homme : Certains se plaisent à penser que l'homme a été formé à l'image du singe, suite à un long processus évolutif; nous croyons plutôt que l'homme, qui n'a absolument rien d'un singe, a été divinement créé à l'image de Dieu. L'homme a commis le mal, devenant ainsi coupable devant Dieu. Par conséquent, il se trouve désormais dans un état de dépravation totale dans lequel il est mort spirituellement et meurt physiquement.

Les cinq premières rubriques:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

3) Christ : Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

4) Le Saint-Esprit : Il est aujourd’hui à la mode de concevoir le Saint-Esprit comme une « puissance », mais non comme une personne. Mais cela n’est pas notre opinion: nous croyons que le Saint-Esprit est non seulement une puissance, mais qu’il est aussi une personne absolument divine dans son être même et qu’il agit dans cette qualité en convaincant le monde de péché, de justice et de jugement et en régénérant, sanctifiant, illuminant et réconfortant ceux qui croient en Jésus-Christ.

5) Satan : L’iconographie populaire s’est plu à représenter le Diable comme un personnage aux oreilles pointues, avec des cornes, des pieds fourchus et une longue queue. Mais cette représentation, en plus d’être inexacte, incite les gens à croire que Satan est un personnage légendaire et non un être mauvais qui existe réellement. Nous croyons non seulement qu’il existe, mais qu’il est aussi à l’origine du mal et qu’il est le suprême ennemi de Dieu et de l’homme.

mercredi 16 janvier 2008

Confession de foi 3

4) Le Saint-Esprit : Il est aujourd’hui à la mode de concevoir le Saint-Esprit comme une « puissance », mais non comme une personne. Mais cela n’est pas notre opinion: nous croyons que le Saint-Esprit est non seulement une puissance, mais qu’il est aussi une personne absolument divine dans son être même et qu’il agit dans cette qualité en convaincant le monde de péché, de justice et de jugement et en régénérant, sanctifiant, illuminant et réconfortant ceux qui croient en Jésus-Christ.

5) Satan : L’iconographie populaire s’est plu à représenter le Diable comme un personnage aux oreilles pointues, avec des cornes, des pieds fourchus et une longue queue. Mais cette représentation, en plus d’être inexacte, incite les gens à croire que Satan est un personnage légendaire et non un être mauvais qui existe réellement. Nous croyons non seulement qu’il existe, mais qu’il est aussi à l’origine du mal et qu’il est le suprême ennemi de Dieu et de l’homme.

Les trois premiers:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

3) Christ : Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

mardi 15 janvier 2008

Confession de foi 2

Voici la suite de la confession:

3) Christ: Eh bien oui, nous croyons que l'homme Jésus qui a vécu au début de notre ère et dont parlent les quatre évangiles est aussi pleinement Dieu. Avant de naître, il vivait depuis toute éternité auprès du Père dans la gloire. Encore aujourd'hui, nous croyons que Jésus est né d'une vierge, même si la science prétend que cela est impossible. Jésus n'a jamais commis le mal, soit en pensée, soit en acte. Il est mort à la croix pour apaiser la colère de Dieu. Bien que la science dise que cela est impossible, nous croyons néanmoins que Jésus est corporellement revenu à la vie. Il est ensuite monté avec triomphe auprès du Père et il est dorénavant le seul lien entre Dieu et nous. Bientôt il reviendra.

Un rappel des deux premières rubriques:

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.

lundi 14 janvier 2008

Dieu est généreux

Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Recommande–leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. (1 Timothée 6:17-19)
Il y a dans ce verset une affirmation théologique à propos de la personne de Dieu : Dieu est bon et généreux. En effet, « Dieu nous donne en abondance toutes choses pour que nous en jouissions ». Mais la vérité de la bonté de Dieu nous renvoie également à la notion de Dieu le créateur. Car c’est bien en raison du fait que Dieu est le créateur des cieux et de la terre qu’il peut ainsi nous accorder toutes choses. Voici ce qu’enseigne la Genèse :
Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture. (Genèse 1:26-30)
Dieu, dans sa bonté, nous a donc donné de dominer sur la création afin que nous jouissions de tout ce qu’elle contient.

J’aime beaucoup la pêche. J’apprécie la pêche parce qu’il s’agit d’une occasion de découvrir la générosité de Dieu en contemplant ce qu’il a créé et donné en partage aux hommes. La richesse de nos lacs et rivières où abondent les poissons, les oiseaux qui virevoltent au dessus de ma tête, les animaux qui se blottissent derrière les arbustes pour épier mes moindres mouvements, les feuilles frissonnantes des arbres: quand j’erre dans les bois, toute cette faune et flore pleine de vitalité me témoignent de la générosité de Dieu.

Mais d’une manière plus spécifique encore, Dieu ordonne à l’homme d’être fécond et de se multiplier. Cet ordre de se multiplier est également une démonstration de la générosité de Dieu. Il indique en effet que la création est suffisamment abondante de richesses pour accueillir des multitudes de vies humaines.

Nous pouvons jouir de la création de manière directe. Par exemple, quand je mange les poissons que je pêche, je jouis de la création directement, puisqu’il n’y a aucun intermédiaire entre le produit et moi. Il en va de même lorsque je cultive mon propre jardin et me nourris de sa récolte. Dans un cas comme dans l’autre, les produits dont je jouis n’ont jamais été introduits dans l’activité économique.

En règle générale, nous jouissons de la création en consommant des produits qui proviennent des différents secteurs de l’économie. Ces produits peuvent être non transformés, comme les fruits, les légumes, le poisson, etc., ou être transformés, par exemple une télévision, une voiture, une maison, etc. Dans la majorité des cas, les produits appartenant à cette seconde façon de consommer se payent en argent. Dans notre société, on dit d’une personne qu’elle est riche lorsqu’elle possède une abondance d’argent lui permettant d’acquérir des biens provenant des différents secteurs de l’économie.

Pourquoi la pauvreté?

Dieu est bon et généreux, comme l’Écriture l’enseigne. Pourquoi alors la pauvreté? Comment expliquer que certaines personnes nagent dans l’opulence alors que les autres ont de la difficulté à « joindre les deux bouts »?

Selon une étude de l’Institut mondial de recherche sur l’économie du développement de l’université des Nations unies, en 2000, les 1 % d’adultes les plus riches du monde possédaient à eux seuls 40 % des biens mondiaux et 10% de la population la plus riche détenait 85 % du total mondial. Comment expliquer le fait que la presque totalité des biens mondiaux se trouvent entre les mains d’un petit nombre de personnes alors que tous les autres êtres humains se partagent le peu qui reste ?

Quand on considère la pauvreté dans le monde et ce qu’elle entraîne comme conséquences désastreuses pour ceux qui la subissent, on peut être tenté de douter de la générosité de Dieu. Pour les chrétiens, cette considération est d’autant plus troublante que ceux-ci peuvent, comme Asaph l’a fait autrefois, en arriver à remettre sérieusement en cause la bonté de Dieu pour les siens :
Mon pied allait fléchir, Mes pas étaient sur le point de glisser ; Car je portais envie aux insensés, En voyant le bonheur des méchants. Rien ne les tourmente jusqu’à leur mort, Et leur corps est chargé d’embonpoint ; Ils n’ont aucune part aux souffrances humaines, Ils ne sont point frappés comme le reste des hommes. Ainsi sont les méchants : Toujours heureux, ils accroissent leurs richesses. C’est donc en vain que j’ai purifié mon cœur, Et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence: Chaque jour je suis frappé, Tous les matins mon châtiment est là. (Psaume 73:2-5, 12-14)
Comment expliquer cette « injustice » humaine, criante et qui n’épargne aucun peuple ni aucune société? Comment expliquer que ce sont les impies qui ont la vie facile, alors que nous, les enfants de Dieu, sommes parfois dans la misère ? Dieu aurait-il abandonné son peuple ?

Injustice des hommes

Comme les textes bibliques nous l’ont démontré, Dieu est bon et généreux. Il est donc hors de question de contester cette donnée scripturaire. La Bible, cependant, donne une explication de l’origine de l’injustice et de la pauvreté qu’elle fait naître. Selon le récit de la Genèse, tout a commencé à la chute; c’est à cause du péché de l’homme que la pauvreté a pris place :
Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. (Genèse 3:17-19)
La malédiction du sol constitue en effet la première conséquence du péché pour l’homme : l’homme devra désormais peiner toute sa vie pour obtenir sa subsistance quotidienne. Telle est la réalité de l’homme depuis la chute. Et, bien entendu, ce sont les plus robustes et les plus endurants qui ont tiré parti de cette situation. En effet, on voit cela peu de temps après le déluge :
Cusch engendra aussi Nimrod ; c’est lui qui commença à être puissant sur la terre. Il fut un vaillant chasseur devant l’Eternel ; c’est pourquoi l’on dit : Comme Nimrod, vaillant chasseur devant l’Eternel. Il régna d’abord sur Babel, Erec, Accad et Calné, au pays de Schinear. (Genèse 10:8-10)
Nimrod a été le premier tyran à vouloir exercer une domination sur les autres hommes. L’expression hébraïque « un puissant sur la terre » signifie un grand soldat[1]. Nimrod a donc été le premier homme à conquérir des nations par la puissance militaire. Dans son commentaire biblique sur le livre de la Genèse, Jean Calvin décrit Nimrod de la manière suivante :

Nimrod s’est mis au « plus haut degré » ;
Il a été un « homme cruel » ;
Il a été « le premier auteur de la tyrannie »[2].
Depuis Nimrod, bien d’autres hommes comme lui ont établi leur domination, de sorte que même un proverbe a été écrit à propos de ce type d’hommes qui obtiennent puissance et richesse par la force :

La femme gracieuse obtient de l’honneur, et les hommes robustes obtiennent les richesses. (Proverbe 11:16)
D’autres traductions de ce même passage offrent quelques nuances intéressantes :

Et ceux qui ont de la force obtiennent la richesse.

Et les hommes violents obtiennent des richesses.

Jacques fait également mention des riches qui vivent dans l’abondance tout en opprimant le juste :
A vous maintenant, riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés ; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours ! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées. Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices, vous avez rassasié vos cœurs au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste, qui ne vous a pas résisté. (Jacques 5:1-6)
Les voies de Dieu

De toutes évidences, Dieu tolère l’injustice des hommes qui acquièrent des richesses par le moyen de l’oppression. Cependant cela ne signifie pas que Dieu permettra cette situation à tout jamais. En effet, au jour du jugement, Dieu anéantira les oppresseurs et les infidèles. Le psalmiste Asaph, dont nous avons parlé ci-dessus, a finalement compris les voies de Dieu quant au sort final des oppresseurs, et son cœur en a été apaisé. Reprenons le psaume 73 là où nous l’avons laissé :
Quand j’ai réfléchi là–dessus pour m’éclairer, La difficulté fut grande à mes yeux, Jusqu’à ce que j’eusse pénétré dans les sanctuaires de Dieu, Et que j’eusse pris garde au sort final des méchants. Oui, tu les places sur des voies glissantes, Tu les fais tomber et les mets en ruines. Eh quoi ! en un instant les voilà détruits ! Ils sont enlevés, anéantis par une fin soudaine ! Car voici, ceux qui s’éloignent de toi périssent ; Tu anéantis tous ceux qui te sont infidèles. Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien : Je place mon refuge dans le Seigneur, l’Eternel, Afin de raconter toutes tes œuvres. (Psaume 73:16-19, 27-28)
Proclamer la générosité de Dieu

À ce stade-ci de notre étude, une question s’impose : de quelle manière pouvons-nous proclamer la générosité et la bonté de Dieu dans un monde où Dieu tolère momentanément l’acquisition injuste de richesses et la tyrannie des riches? Comment, par exemple, parvenir à cette belle confession de l’apôtre Paul, qui, dans son dénuement même, peut dire avec assurances aux frères de l’Église de Philippe :
Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ. (Philippiens 4:19)
La vérité, c’est que nous démontrons la réalité de notre confiance en la bonté de Dieu lorsque, à l’exemple de lui, nous nous montrons généreux envers les autres. En d’autres mots, Dieu est généreux, oui, mais il a choisi de l’être par le truchement de ses enfants, comme si la main que nous tendons vers les nécessiteux serait une extension de la sienne. Aussi Dieu se sert-il de nous pour remédier à l’injustice humaine que subissent nos frères et sœurs en la foi.

Si nous retournons à notre texte de départ, 1 Timothée 6:17-19, nous pouvons y lire ce que Timothée, sous l’ordre de Paul, devait recommander aux chrétiens riches :
Recommande–leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. (1 Timothée 6:18-19)
Les riches, à qui Timothée doit faire cette recommandation, avaient acquis leurs richesses avant de faire profession de foi. Paul ne leur interdit nullement de préserver leur statut de riches. Par contre il les exhorte à adopter une attitude différente face à leurs richesses; il désire que leurs biens ne soient plus pour eux un sujet d’orgueil et de fausses espérances, mais que ces biens, au contraire, deviennent entre leurs mains une démonstration de la générosité chrétienne et du même coup de la générosité divine.

Mais ce ne sont pas uniquement les croyants riches qui sont appelés à faire montre de générosité; les pauvres aussi peuvent agir avec libéralité, comme en témoignent les Églises de la Macédoine, qui, malgré leur pauvreté extrême, ont contribué de bon cœur à la collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem :
Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Eglises de la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au delà de leurs moyens, nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints. (2 Corinthiens 8:1-4)
Non seulement cela, parmi les Églises de la Macédoine, il s’en trouvait une qui, malgré sa pauvreté profonde, s’est montrée particulièrement généreuse à l’endroit de l’apôtre Paul. Il s’agit de l’Église de Philippe. Or c’est aux membres de cette église locale que Paul adresse les paroles que nous avons lues précédemment :
Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ.
Si nous retournons dans l’Épître aux Philippiens, nous lisons en effet :
Vous le savez vous–mêmes, Philippiens, au commencement de la prédication de l’Evangile, lorsque je partis de la Macédoine, aucune Eglise n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous fûtes les seuls à le faire, car vous m’envoyâtes déjà à Thessalonique, et à deux reprises, de quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche les dons ; mais je recherche le fruit qui abonde pour votre compte. J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance ; j’ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable. Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus–Christ. (Philippiens 4:15-19)
Chrétien égoïste?

Un chrétien égoïste, ça va sans dire, serait une contradiction! Par définition, le chrétien est un être généreux, comme Dieu est lui-même généreux. Jacques va même plus loin : selon lui, a une foi morte le chrétien qui refuserait d’accorder nourriture et vêtement à son frère ou sa sœur :
Mes frères, que sert–il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut–elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez–vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert–il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle–même.(Jacques 2:14-17)
Conclusion

Dieu est bon et généreux. Mais comme nous l’avons vu, la générosité de Dieu s’exprime par le moyen de ses enfants; c’est à travers notre amour pour autrui que Dieu entend démontrer sa propre générosité. Serons-nous être à la mesure de ce que Dieu désire accomplir à travers nous?

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[1] Voir Gordon J. WEHNAM, Word Biblical Commentary: Genesis 1-15, Word Books, Waco, 1987, p.223.
[2] Voir Jean CALVIN, Commentaires bibliques : Le livre de la Genèse, Éditions Kerygma, Aix-en-Provence, 1978, p.175.

mardi 8 janvier 2008

Concours littéraire

Pour ceux qui le savent, j'ai participé récemment à un concours littéraire. Malheureusement, je n'ai pas été sélectionné pour figurer parmi les finalistes. Je vous livre donc ce texte. Il s'agit d'une nouvelle, qui s'intitule "Panne d'inspiration"

Panne d’inspiration

Café troisième

Déjà deux heures et trois cafés que je suis dans ce bistrot et j’en suis encore à la case départ.

Ce n’est pourtant pas si difficile : une petite histoire fictive à pondre pour un concours littéraire; il suffit d’un peu d’imagination et de ma plus belle prose, et hop! je poste le texte puis on n’en parle plus, on attend seulement le dévoilement des résultats du concours. Mais non, quand ça arrive à moi ces affaires-là, il faut toujours que ça se complique et que ça s’enlise dans le « nulle part ». L’inspiration, j’en viens à croire que c’est du crayon dont elle s’effraye : aussitôt que celui-ci se montre, celle-ci s’enfuit illico presto. D’ailleurs ce concours littéraire, ce n’était pas mon idée. C’était son idée. On peut dire qu’elle me l’a quasi imposée, cette idée :

« Quel prix formidable que cette bourse d’études à Paris, qu’elle disait ma femme, tu ne peux pas laisser passer ça! »

Au début ça ne m’enchantait guère ce projet, mais j’ai finalement cédé sous le poids des insistances de ma femme. Après coup, je me plais à penser avoir accepté d’y participer parce qu’elle croit en mon talent. Qu’importe, ce qui compte désormais, c’est l’idée. Pas l’idée du concours, mais l’idée d’une histoire pour le concours. L’idée de l’idée du concours, si l’on veut. Or je ne la sens pas encore cette idée, elle n’a toujours pas émergé des profondeurs de mon inconscient. Et puis, est-ce vraiment de l’inconscient que surgit une idée? J’en sais trop rien. Ce dont je suis certain, par contre, c’est qu’il me faut un autre café. Je fais signe à la serveuse de venir. Elle vient, prend hâtivement ma commande et retourne derrière son comptoir.

J’attends toujours. La serveuse a dit qu’elle reviendrait bientôt me l’apporter. Un café, ce n’est pourtant pas compliqué à servir. Elle m’énerve cette serveuse. Non, c’est inexact; c’est plutôt la situation qui me rend fou : trois cafés, je patiente pour le quatrième, et voici encore cette même page blanche, ce même vide dans ma tête, en plus de cette frayeur croissante de ne jamais y parvenir. J’ai l’impression de tourner en rond. D’ailleurs, si j’étais un Anglais, dirait-on que je « tourne en carré »? Mais je suis un « frog », comme eux, les « they », se plaisent à dire. Après tout, quand j’y réfléchis, les grenouilles, elles marquent bien un demi-cercle lorsqu’elles se projettent d’un nénuphar à l’autre. Je suis donc une grenouille qui tourne en demi-rond! Mais soyons réaliste: il n’y a pas de quoi faire une histoire avec ça. Qui, en effet, voudrait lire une histoire de « frogs », de carrés et de demi-ronds? De toute façon, ici au Canada, c’est risqué d’avoir pour sujet nos deux Grandes solitudes. On peut effleurer le sujet des lèvres, laisser quelques-unes de nos réflexions s’échapper, mais il n’est pas indiqué de foncer tête première dedans, du moins pas publiquement, et encore moins en littérature : nos écrits demeurent, et quand ils déplaisent, ça prend un rien de temps qu’on s’en serve contre nous. J’ai entendu parler de certains journalistes qui l’ont appris à leurs dépens. Espérons que leurs exemples serviront de leçons pour nous.

Café quatrième

Enfin, voilà la serveuse qui apporte mon café. Quinze minutes d’attente uniquement pour un café, ce n’est certainement pas ici qu’on battra un record de vitesse pour le service. Mais je suis un type poli, je passe donc par dessus cette infime offense. En m’efforçant de lui servir mon plus bel accent québécois, je lui demande alors :

« Can I have sugar, please? »

― Sure » me répond-elle tout en affichant un sourire timide.

J’attaque mon quatrième café deux crèmes deux sucres. Zut! j’en ai renversé sur mon calepin. Que je suis maladroit! Seulement voilà que je suis fasciné par les taches de café qui trempent progressivement les pages blanches de mon calepin. Le brun crème sur le blanc des pages évoque de formidables souvenirs tout frais dans mon esprit : ce joli poupon mulâtre que je tiens emmailloté dans un lange de laine blanc neige. Ma fille. Je revois distinctement ses grands yeux noisette et je sens encore l’odeur subtilement sucrée de sa peau de bébé couleur moka, tandis que mon cœur de papa chavire de tendresse en contemplant cette petite existence mi-antillaise mi-québécoise pure laine. Née au confluent de deux cultures, l’amour qui l’a engendrée exprime à lui seul une harmonie que maintes civilisations hautement politisées ne sont jamais parvenues à réaliser. Elle est une histoire nouvelle, une histoire qui, par sa présence singulière, renouvelle notre histoire à nous. Combien de récits serais-je à même d’écrire qu’à la regarder grandir? Par exemple, la semaine dernière, elle… Non, je dois me faire violence et revenir à ma tâche, me concentrer sur cette idée non avenue et ne plus laisser mon esprit errer dans le rêve. J’ai besoin d’un cinquième café. Du regard, je fais signe à la serveuse. Elle fait comme d’habitude : elle vient, prend ma commande et repart aussitôt.

Café cinquième

Le cuisiner du bistrot s’approche de ma table, une tasse de café à la main : il est venu m’apporter le café à la place de la serveuse, m’expliquant que celle-ci profite à l’instant de ses quelques minutes de pause. Je remarque que la chemise du cuisinier laisse entrevoir une poitrine velue. Ses bras sont pareillement grassement poilus, et on devine à le regarder que le reste de son corps l’est tout autant. Ça me fait penser : moi aussi, je suis poilu. Mais, dans mon cas, c’est différent : des poils raides poussent sur mes oreilles. Je trouve ça inesthétique. Quand il m’arrive d’y penser, je les enlève avec le rasoir. Sinon, ma chevelure garnie se charge de les dissimuler, heureusement. Je croyais depuis longtemps être le seul bipède-à-oreilles-de-poils, lorsqu’un jour, à mon grand étonnement, je me suis retrouvé face à un autre spécimen de mon espèce. C’était dans un autobus de ville, aux heures de pointe. Curieusement, cet événement m’a servi de consolation : à voir cet autre spécimen, on comprend pourquoi. C’était un homme, fin trentaine, dont le visage arborait une barbe noire finement taillée. Sa chevelure, courte et bien coiffée, contournait proprement ses oreilles, de sorte que celles-ci se trouvaient fièrement exposées, du moins ce qu’on pouvait en voir. En effet, il avait la peau des oreilles entièrement touffue de poils noirs frisottés, si bien que le contraste que cela créait avec la netteté de son visage offrait une composition faciale plutôt inusitée. Sur le coup, j’ai failli m’écrier :

« Hé! l’ami, désormais tu n’es plus seul, moi aussi je suis un bipède-à-oreilles-de-poils. »

Mais cela aurait été sans doute déplacé de l’interpeller de la sorte; c’est pourquoi j’ai préféré le regarder à la dérobée, non sans être poussé par une certaine curiosité. Je me disais : « Ces poils sur ses oreilles, ça ne peut être que trois possibilités : une négligence esthétique, une nouvelle mode ou une observance religieuse. » J’excluais d’emblée la première : étant donné l’ensemble de son allure, qui était plutôt soignée, il aurait été étonnant qu’il ait fait preuve d’un tel laisser-aller. Quant à la deuxième possibilité : peut-être, qui sait? Mais il aurait fallu le lui demander, ce que je me refusais catégoriquement à faire. Il va sans dire que la troisième possibilité, l’observance religieuse, paraissait bien farfelue au premier abord. Pourtant, en songeant aux talibans, qui exigent le port de la barbe chez les hommes, ou encore aux hommes juifs hassidiques, qui se laissent pousser des péotes, ces tresses boudinées qui longent leurs tempes et qui paraissent parfois accrochées à leur chapeau noir, je me suis dit que ce n’était peut-être pas une idée si folle que ça. Il s’agirait cependant d’une religion de nature exclusive, considérant le fait que la population humaine est majoritairement composée d’oreilles dépourvues de poils! Je pense d’ailleurs que… « Ah!, you gave me a fright! » : c’était la serveuse qui, en me tapotant légèrement l’épaule gauche, a trouvé moyen de m’arracher à mes rêvasseries. Je tourne la tête et la regarde alors qu’elle se tient debout à côté de moi, le même sourire timide accroché au visage : elle veut savoir si je désire un autre café. Un sixième café : pourquoi pas? Voltaire, à ce qu’on dit, buvait plus de quarante tasses de café par jour, sans doute pour éveiller son intelligence. Sait-on jamais, après que j’ai éclusé quarante cafés, peut-être recevrais-je aussi, à l’instar de Voltaire, un génie sublime, et peut-être aussi une idée extraordinaire pour le concours littéraire? Voilà que je délire : m’élever au rang de Voltaire, pour l’humilité, on repassera! Mes jambes, qu’elles sont lourdes tout d’un coup : elles sont ankylosées. Je crois que je vais aller marcher un peu, pour les dégourdir.

Café sixième

Tiens! la serveuse a déposé la tasse de café sur ma table alors que je faisais ma promenade de dégourdissement. Elle s’améliore. Ou peut-être qu’après six cafés, elle me considère déjà comme un habitué de la maison, ce qui me vaut le privilège d’un service diligent? Ça tombe à point : j’ai besoin justement d’un café, là, maintenant, sans attendre, car le dedans de ma tête est comme une confusion. Aucune réflexion ne s’y fixe : parfois telle pensée me saisit et je me laisse alors bercer par elle quelques instants, parfois c’est une songerie qui m’attire à elle et je la suis aveuglément, comme une bête docile et obéissante. Je suis à la fois vide et plein de pensées. Quel étrange paradoxe? Ne m’accrocher à aucune pensée volage et chasser le vide : voilà ce que je dois parvenir à faire. Mais comment? Je dois persister à me concentrer, ça c’est sûr, et, pourquoi pas aussi, à me droguer de caféine s’il le faut! Vive Voltaire le caféïnomane! J’ai bu coup sec mon sixième café. J’en commande immédiatement un autre, puis un autre…

…café vingtième

Je suis définitivement à court d’inspiration. Toi, fichu concours littéraire, tu m’en fais baver! C’est à cause de toi si je suis ici à me torturer les méninges pour chercher l’inspiration. Pire encore, tu agis à mon égard comme un miroir qui renvoie inexorablement une image de moi que je voudrais ne jamais avoir vue : tu me fais voir à quel point je suis un être totalement dépourvu d’imagination. Une épouse charmante, une fille merveilleuse, même des poils sur les oreilles : ces choses, je les ai et je m’en réjouis hautement, sauf pour les poils sur les oreilles. De l’imagination, de toute évidence, je n’en ai guère, et je ne supporte pas que tu me le fasses savoir de la sorte. Tu me places devant un choix tragique: lâcher tout ça là ou continuer à me carburer de cafés et à essayer de faire de l’original avec du creux.

Café vingt-deuxième

Mon cœur palpite; tout va si vite dans ma tête, trop vite : c’est le café. Je dois sortir d’ici pour prendre l’air, aller marcher à l’extérieur, marcher, marcher plus vite encore, courir. Beaucoup, beaucoup de caféine il y a dans mon sang. Je dois m’activer, activer tout mon corps, le mettre en puissance. Courir, courir. J’y vais, je vais courir. Sortir d’abord d’ici. Mettre mes affaires dans mon sac à dos et ensuite quitter ce lieu. Ah oui! j’allais oublier : payer les cafés à la serveuse. Oh! oh! je dois faire pipi. Ça presse. Courir d’abord aux toilettes. « Que ça soulage! »

Ça y est, je suis à l’extérieur, devant la porte d’entrée du bistrot. Courir maintenant. Je cours, je cours… je tombe. « Aïe, mon genou! » C’est pas grave : oublier la douleur, se relever, repartir. Voilà, je suis reparti. Je cours dans le centre-ville. On me regarde. Je cours. On m’observe toujours. Je continue à courir. Tous les yeux sont maintenant braqués sur moi. J’ai envie de crier très fort à tout ce monde qui me dévisage comme si j’étais un énergumène : « Vous ne savez pas ce que c’est, vous, que d’être un homme en panne d’inspiration qui a carburé à la caféine! » Je ne les occupe guère; je poursuis ma course folle. Je cours. Mon téléphone portable sonne. Je continue à courir. Ça sonne encore cinq fois : c’est mon épouse.

« Allo chérie! lui dis-je en haletant.

― Allo? C’est toi? Tu sembles essoufflé? Qu’est-ce qui se passe?

― Je cours!

― Tu cours? Comment ça tu cours?

― C’est à cause de Voltaire.

― Voltaire?

― Oui, oui, Voltaire et le café.

― Voltaire et le café? Qu’est-ce que tu veux dire?

― Laisse faire, n’essaie pas de comprendre! J’arrive à la maison.

― En autobus?

― Non, à la course!

― Mais c’est 14 kilo…

― Je dois raccrocher maintenant. Bye! » Clic. Je poursuis ma course folle dans le centre-ville.

Je dois respirer correctement si je veux bien courir. Donc : inspirer, puis expirer. Inspirer, expirer. Inspirer, expirer. Inspiration, expiration. Inspiration? Expiration? Inspiration pour le concours littéraire; expiration du concours littéraire : « C’est pas possible! Même courir me fait penser à mon manque d’inspiration et à la date d’expiration du concours littéraire. » Ne plus réfléchir à ça. Je dois cesser d’y penser. Courir plus vite encore.

Tiens! une araignée qui trotte à ma droite, le long de la bordure du trottoir. Je pourrais m’arrêter et la croquer. Il paraît que Lalande, le célèbre astronome français, les croquait pour faire venir l’inspiration scientifique. « Ouache! c’est quoi cette idée-là? » Je ne vais tout de même pas m’abaisser à ce niveau uniquement pour une question d’inspiration.

Une araignée? Mais oui, quelle idée excellente! Pourquoi n’y ai-je pas songé avant? Une araignée! Enfin, j’ai une idée pour ma nouvelle littéraire! Eurêka!


samedi 5 janvier 2008

Confession de foi

Je comprends pourquoi bien des chrétiens trouvent que les confessions de foi sont arides et "plates" à lire. Cependant j'aime bien le format qu'ont donné à leur confession de foi les dirigeants de Saddleback Church, qu'on peut lire ici (en anglais). C'est simple et agréable à lire. D'autres diront que c'est "moderne". Je me propose donc de faire un peu la même chose, en utilisant comme document de base la confession de foi qui se trouve sur mon site. Commençons d'abord par les deux premiers thèmes de cette confession de foi, à savoir la Bible et Dieu.

1) Bible : Quand nous ouvrons la Bible, nous sommes convaincus que ce livre, considéré par plusieurs de nos contemporains comme dépassé et rempli d'erreurs, est la parole de Dieu complète. À ceux donc qui disent que les soixante-six (66) livres de la Bible (qui forment l'Ancien et le Nouveau Testament) contiennent des erreurs, nous leur répondons: « Non, car ces livres ont été inspirés verbalement par l'Esprit de Dieu et sont par conséquent sans erreur. » Et s'il s'en trouve d'autres pour dire que la Bible n'a plus aucune pertinence dans une société moderne comme la nôtre, nous leur répondons: « Évidemment qu'elle est pertinente, car la Bible est l'autorité finale en toute matière de foi et de pratique, et la vraie base de l'unité chrétienne! »

2) Dieu : Vraiment, nous croyons que Dieu existe et qu'il a créé toutes choses. Nous disons même qu'il est pur, parfait, souverain et éternel. C'est lui le seul vrai Dieu, et il existe en trois personnes égales: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier point nous le croyons fermement, quand bien même ces trois titres de la Trinité sont aujourd'hui des objets de moquerie pour les humoristes.