vendredi 17 octobre 2008

Culture et foi

Voici deux commentaires que j'ai laissés sur la blogue de Yanick Ethier, pasteur à l'Église de l'Espoir, à Longueuil. Ces commentaires concernent la relation entre foi et culture:

Mon premier commentaire:

La rédemption de la culture : ce n'est pas un concept dont on entend souvent parler, pourtant il s'agit bien de cette dimension de la foi chrétienne lorsqu'on parle de la relation entre foi et culture. Car la réalité du Christ a ceci pour elle : elle nous pousse à porter un regard analytique sur notre culture dans le but d’opérer les transformations culturelles qui s’imposeraient suite à la confrontation de l’Évangile à certaines valeurs d’une culture donnée.

Ce regard analytique, bien entendu, ne supprime pas la liberté créatrice, donc culturellement productrice, d’une communauté en particulier ni des individus qui la composent ; car il est dans la nature même de l’homme de générer de la culture. L’homme est culture et la culture est homme. La réalité nouvelle du Christ n’abolit pas cet état de choses. Ce serait donc faire fausse piste que de penser l’abolition de la culture comme l’une des visées de l’Évangile.

Cela étant dit, il faut encore se garder de penser la culture immaculée, comme si les taches du péché « ne lui collait pas à la peau ». Bien au contraire, une lecture honnête de la Bible révèlera le fait suivant : toutes les cultures sont corrompues par le péché ; il n’y en a aucune qui soit à l’image parfaite du dessein de Dieu. Par conséquent, toutes les cultures ont besoin de la rédemption. Et cette rédemption de la culture, dans le concret, signifie ceci : que le chrétien n’est pas tenu de pratiquer un comportement culturellement déterminé qui s’opposerait à un principe moral clairement exposé ou implicitement contenu dans la Bible, mais que, au contraire, il doit laisser la puissance de l’Évangile lui permettre d’opérer une transformation profonde de ces mêmes comportements culturellement déterminés.

Cette rédemption de la culture n’est pas aisée, car elle implique que nous prenions le temps de bien réfléchir à la culture dominante ainsi qu’à la manière dont il faut articuler le message évangélique au sein de cette même culture. Mais ce qui rend la tâche encore plus ardue, c’est que la culture ne se livre pas à notre réflexion comme une donnée uniforme ; bien au contraire, la culture abonde de nuances, de sorte qu’il devient parfois plutôt difficile de décider si tel ou tel aspect de la culture est conforme ou non à la norme évangélique.

Bon j’arrête ici pour l’instant.

Puis mon deuxième commentaire:

Tu as raison de dire qu'une première question à adresser (je répondais ici au commentaire de Yanick Ethier), est celle de notre rapport à la culture en général. Et, de fait, l'ouvrage référence de Niebuhr, dont se sert Carson dans son propre livre, a justement pour but d'éclairer cette question.

En ce qui me concerne, après avoir réfléchi au concept proposé par Niebuhr, je suis parvenu à la conclusion que seule une véritable rédemption de la culture est acceptable pour des chrétiens évangéliques. C'est aussi le seul moyen de ne pas fuir la culture ou de s'y jeter à fond.

Quand je dis « rédemption de la culture », j’entends ceci : que la culture, comme toutes les autres sphères de l’existence humaine (la famille, le travail, etc.), se doit elle aussi d’être touchée et de participer pleinement à la réalité transformatrice et salvatrice de l’Évangile. En d’autres mots, la transformation qu’opère en moi l’Esprit de Dieu doit forcément me pousser à générer des transformations de la culture qui m’habite et dans laquelle je baigne.