vendredi 25 janvier 2008

Théologie et puissance de Dieu 2

Pour faire suite et répondre en partie à mon billet précédent, Théologie et puissance de Dieu, voici une citation fort à propos de Charles Henry Mackintosh, qui illustre bien le type de chrétiens anti-théologiens auxquels j'ai fait allusion dans ce dit billet. Voici ce qu'il a écrit dans son ouvrage Notes sur le livre du Deutéronome:

Nous serons entièrement délivrés des influences desséchantes des systèmes théologiques quels qu’ils soient! Nous pourrons dire aux promoteurs de toutes les écoles de théologie sous le soleil, que quels que soient les éléments de vérité qu’ils puissent trouver dans leurs systèmes, nous les possédons avec une perfection divine dans la parole de Dieu; ni tordus, ni tourmentés, afin de les faire entrer dans un système, mais étant tous à leur vraie place dans le vaste cercle de la révélation divine, dont le centre éternel est la personne bénie de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
Il est intéressant de constater que cet auteur, qui accuse les écoles théologiques de tordre et tourmenter la parole de Dieu, offre dans son ouvrage sur le Deutéronome tout sauf une exposition claire et satisfaisante de ce livre biblique. En effet, pour Mackintosh, le texte scripturaire sert de prétexte pour aborder des thèmes doctrinaux certes bibliques, mais qui n'ont toutefois aucun lien avec le livre biblique étudié. Il en résulte une « exposition massacrée » du texte, où il devient tout à fait impossible de comprendre l'idée directrice du récit biblique ainsi que le sens des versets, tant en eux-mêmes que dans l'ensemble de leur contexte immédiat et du livre biblique lui-même. Il est d’ailleurs malheureux de constater que Mackintosh applique cette même approche interprétative dans tous ses ouvrages sur le Pentateuque. Ce qui prouve que le fait d'affirmer fièrement ne s'accrocher à aucun système théologique, quel qu'il soit, ne garantit nullement une meilleure interprétation du texte sacré.

Il m'apparaît évident qu'une confusion règne dans l'esprit de ceux qui rejettent la théologie: ils ne font pas la distinction entre rationalisme et raison. Le rationalisme, selon deux définitions du dictionnaire Le Petit Robert, est

1) Une croyance et confiance dans la raison, dans la connaissance naturelle (opposé à mysticisme, révélation religieuse).

2) Une doctrine selon laquelle on ne doit admettre en matière religieuse que ce qui est conforme à la raison naturelle et saisissable par elle (opposé à fidéisme).

Qu'il se trouve des individus pour s'opposer et dénoncer le rationalisme, vous m'en verriez heureux, car le rationalisme est contraire au message de la Bible. La Bible, en effet, laisse clairement entendre que la sagesse des hommes ne peut aucunement les conduire à Dieu :
Aussi est–il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ?Dieu n’a–t–il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. (1 Corinthiens 1:19-21)
Par contre la raison, dans sa signification fondamentale, désigne les facultés intellectuelles de l'homme. La pensée discursive et la logique appartiennent en propre aux facultés intellectuelles humaines, bien que certaines personnes possèdent ces facultés dans une plus grande mesure. La raison, ainsi considérée et contrairement au rationalisme, ne s'oppose pas à la pensée biblique; elle ne fait que se placer au service de la foi chrétienne, pour systématiser le message évangélique et nous faire ainsi découvrir l’harmonie du tout et de chacune de ses parties. Quiconque a déjà cultivé un potager comprend ce que je veux dire : pour aider le potager à fructifier et pour que le jardinier s’y retrouve plus aisément, il convient de planter les légumes en les ordonnant selon un plan. C'est un peu la même chose que la théologie désire faire.

Dans un prochain billet, je vais poursuivre cette réflexion en démontrant que la Bible enseigne une utilisation saine de la raison et que la raison renouvelée ne s'oppose pas à la puissance de Dieu.

1 commentaires:

Anonyme 7 février 2008 à 07:35  

La distinction entre raison et rationalisme est la clé du conflit, selon moi. On s'entend tous (ou presque) pour décrier le second.
Et pourtant, la théologie, et l'étude (organisée) de la théologie est un bienfait à l'étude biblique, nullement un tort.
Cette tension entre l'étude académique et la méditation des textes et pourtant réelle. À force d'étudier pour des buts précis (cours, prédication...), il devient parfois difficile de laisser l'Esprit agir, de méditer, de laisser la Parole s'imprégner dans notre âme. Je trouve personnellement que c'est un défi.
En ce qui concerne Makintosh, merci pour la mise en lumière de ses commentaires - limités par ses propres convictions.
Mais entre nous, avec un nom pareil, il fallait se douter qu'on en verrait des vertes et des pas mûres. (bon, c'était facile).
Merci Daniel!