samedi 12 août 2006

Réflexions sur Romains 1.18-32


L'apôtre Paul veut démontrer aux chrétiens de Rome que l'Évangile qu'il prêche est le seul qui soit une puissance de salut (Romains 1.16). Pour ce faire, il doit d'abord leur prouver que tous les hommes, sans exception, les Juifs comme les Grecs, sont sous l'empire du péché et que, en conséquence, la colère de Dieu pèse sur tous (Romains 3.9). C'est d'ailleurs ce que l'apôtre Paul entend prouver dans le passage que nous étudions.

Tous les hommes sont sous l'empire du péché. Selon Paul, cette vérité est tangible et s'inscrit dans le domaine de l'expérience humaine et des faits observables. En d'autres mots, le péché n'est pas, comme le prétendait à tort le philosophe juif Spinoza, qu'un ensemble de "modes de penser", que nous formons parce ce que nous faisons des comparaisons (voir Henri Blocher, La doctrine du péché et de la rédemption, vol. I, p. 12). Le péché, pour l'apôtre, a une réalité très concrète; sa présence signifie destruction et souffrance, et nul homme n'échappe à cette réalité de la présence du péché.

Mais Paul ne se contente pas d'affirmations d'ordre général et abstraites: il nomme le péché, en l'identifiant à telle ou telle action pécheresse. La présence du péché est si vraie, que celui-ci engendre à coup sûr des comportements pécheurs qui s'observent partout où l'homme se trouve. De ces comportements pécheurs, Paul nomme l'idolâtrie (Romains 1.23), les convoitises (1.24), le mensonge (1.25), l'homosexualité (1.26-27) et bien d'autres péchés, comme l'injustice, la méchanceté, la cupidité, la malice, l'envie, le meurtre, la querelle, la ruse, la malignité, le rapportage, la médisance, l'impiété, l'arrogance, la prétention, la fanfaronnerie, l'ingéniosité au mal, la rébellion envers les parents ainsi que le manque d'intelligence, de loyauté, d'affection naturelle et de miséricorde (1.29-31).

Mais cette réalité de la présence du péché est également le signe d'une autre réalité non moins objective: les hommes sont enfermés dans cette condition de péché parce qu'ils sont des créatures coupables et inexcusables, ayant en effet abandonné le Dieu de gloire qui les a créés. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'il faut comprendre cette parole de Paul, lorsque celui-ci affirme que "Dieu a livré les hommes à l'impureté, selon les convoitises de leurs coeurs" (Romains 1.24). Paul ne pense certes pas qu'il était dans l'intention de Dieu de livrer les hommes à l'impiété et de les voir se vautrer eux-mêmes dans leurs péchés, ce qui, bien entendu, ferait de Dieu le responsable du péché. Au contraire, la Bible affirme clairement que Dieu est lumière et qu'il habite une lumière inaccessible (1 Timothée 6.16). En fait, les hommes s'étaient déjà égarés dans leurs pensées vaines avant que Dieu ne les livre à leur impiété (Romains 1.23-24) et ils avaient déjà commencé à rendre un culte à la création au lieu du Créateur (1.25-26). Ce n'est donc pas Dieu qui les a poussés dans la voie du péché, mais ils y sont entrés de leur propre chef. Ce que Dieu a fait, par contre, c'est de les abandonner dans leurs ténèbres, de sorte que tout ce que les hommes pouvaient connaître de Dieu par la création, celle qu'ils vénéraient tant, est devenu désormais pour eux une manifestation de la colère de Dieu et non de sa bonté. Dieu les a tout simplement livrés, c'est-à-dire qu'il a coupé tous les ponts entre eux et lui. Leurs dieux et eux-mêmes sont impuissants pour les délivrer de l'état dans lequel Dieu les a livrés. D'où la grandeur de l'Évangile que proclame l'apôtre Paul, qui est justement cette puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. Car sans cet Évangile, aucun homme ne pourra échapper à la colère de Dieu, cette colère que les hommes sont en mesure de percevoir dans la Création.

2 commentaires:

Anonyme 15 août 2006 à 19:45  

Je suis d'accord dans l'ensemble avec ton post. J'aime bien quand on ne fait aucun compromis en disant la vérité sur le péché dans une époque qui affirme que le bien est mal et le mal est bien.
Une petite chose cependant; il me semble que le contexte ecclésial de l'épître, où Juifs et Grecs devaient ne faire qu'un seul peuple sous l'autorité du Christ, explique pourquoi Paul parle si fortement de l'universalité du péché: personne ne peut se glorifier au-dépend des autres (ni les Juifs pour la Loi, ni les Grecs pour leur "sagesse"). Paul amène les croyants à être unis sous l'Évangile du Christ, qui est une grâce pour tous, Juifs autant que Grecs.
Aussi, je trouve que tu y vas un peu fort en disant que Dieu a coupé tout pont entre Lui et les humains à cause du péché. Un passage dans Actes dit que Dieu a toujours continuer à prodiguer sa bonté à une humanité pécheresse, ce qui d'ailleurs fait ressortir encore plus le péché de l'homme et la bonté incomparable de Dieu. Bref, Dieu a toujours eu des témoins parmi les nations (Actes 10 si je me souviens bien), même si celles-ci ont de manière générale décider de suivre leurs propres voies.
Continue ton bon travail, Romains est une épître si riche!

Anonyme 16 août 2006 à 04:54  

Merci Steve pour ton commentaire.

En ce qui concerne le contexte ecclésial de l'épître, ta remarque me laisse un peu perplexe, car c'est exactement ce que mon post affirme, à savoir l'universalité du péché afin de réunir tous les hommes, Juifs et Grecs, sous la grâce de Dieu. Ni les Juifs, ni les Grecs n'ont de gloire à tirer.

Enfin, en ce qui concerne les ponts entre Dieu et nous, l'image est très appropriée: un pont, ça sert à traverser un gouffre qui, autrement, reste infranchissable, n'est-ce pas? Si donc nous croyons à la gravité et à l'universalité du péché, il faut aussi reconnaître qu'aucun homme ne peut "traverser" de lui-même pour se rendre vers Dieu. Cela ne nie aucunement le témoignage de Dieu présent dans la Création et dans la conscience des hommes. J'affirme seulement que Dieu, depuis la chute, ne permet pas aux hommes de se rendre à Lui sans la grâce.