mercredi 9 août 2006

Réflexions sur Romains 1

(Lire Romains 1)

L'apôtre Paul, dans le début du premier chapitre de l'Épître aux Romains, décrit l'étendue de son apostolat: il se doit de proclamer l'Évangile à tous, aux Grecs et aux barbares, aux sages comme aux ignorants (Romains 1.14). Car, comme il le dit lui-même, l'Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, le Juif premièrement, le Grec ensuite (Romains 1.15). L'Évangile, donc, s'adresse à tous les hommes, peu importe leur rang social, leur arrière-plan religieux ou leur condition humaine.

L'apôtre introduit ensuite le sujet de la justice de Dieu, sujet qu'il développera d'ailleurs durant la première moitié de son épître. Paul commence ce thème de la justice en indiquant le moyen par lequel cette justice nous est révélée: la justice de Dieu est révélée par l'Évangile (Romains 1.17). Cependant, Paul prend immédiatement soin de spécifier que c'est par la foi que nous parvenons à la connaissance de cette justice de Dieu. Nous y parvenons par la foi et pour la foi. Car il s'agit de "la justice qui vient de la foi" (Romains 9.30; 10.6), la justice de Dieu pour le salut de quiconque croit en la bonne nouvelle. Dans la terminologie théologique, on parle ici de la révélation spéciale de Dieu, dans ce sens que cette révélation n'est pas contenue dans la Création.

Paul n'abandonne cependant pas à ce point-ci de son raisonnement le thème de la justice en rapport à la révélation. Il entend en effet démontrer un autre aspect de la justice divine, celui du jugement de Dieu contre ceux qui commettent l'impiété (Romains 1.18, 32). Or cette justice de Dieu pour le jugement, contrairement à la justice de la foi (qui est le salut des croyants), est une révélation à la portée de tous les hommes, puisqu'elle est inscrite dans les ouvrages de Dieu, c'est-à-dire dans la Création (voir Romains 1.18-32). Dans le langage théologique, on lui donne le nom de révélation naturelle, dans ce sens que cette révélation est contenue dans la création elle-même. Cette révélation, depuis la chute, n'accomplit vraiment qu'une seule chose: rendre les hommes inexcusables devant Dieu. Le théologien et apologète
Cornelius Van Til a montré les implications graves de la théologie naturelle:
Après la chute de l'homme, la révélation naturelle est toujours historiquement suffisante. Elle est suffisante pour ceux qui, en Adam, ont entraîné la malédiction de Dieu sur la nature. Elle est suffisante pour les rendre inexcusables. (Cornelius Van Til, Nature and Scripture, cité par Raymond Perron, Plaidoyer pour la foi chrétienne: l'apologétique selon Cornelius Van Til, p. 275).

La suite de l'épître nous montrera comment se développe la logique de Paul, mais on peut d'ores et déjà la résumer de la manière suivante: si Dieu juge les Juifs par la Loi, il juge tout aussi bien les Grecs et les barbares (les païens) par la révélation naturelle. Ce qui a fait dire à l'apôtre Paul cette vérité incontournable:

Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit : il n'y a point de juste, pas même un seul ; nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Romains 3.9-11).

Mais comment, demandera quelqu'un, la révélation naturelle peut-elle révéler la colère de Dieu? La réponse est en réalité très simple: la Création nous montre la perfection de Dieu et, du même coup, notre incapacité à vivre à la mesure de la perfection divine. Quand l'homme contemple le reflet de Dieu dans la Création, il ne peut que se condamner lui-même et se savoir inexcusable devant le divin, en raison de son péché. L'apôtre exprime cela de la façon suivante:

En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables (Romains 1.20).

Cette vérité explique bien des comportements religieux présents dans un bon nombre de sociétés. Le premier comportement étant l'idolâtrie, qui est en fait une tentative de la part des hommes de se soustraire à la présence accusatrice de Dieu, et cela en façonnant des dieux qui sont faits d'objets créés et qui paraîssent de la sorte moins terribles à leurs yeux que le Dieu souverain qui se tient au-dessus de toutes choses. Un deuxième comportement, que l'apôtre condamne aussi dans ses écrits, est le système sacrificiel élaboré par les hommes (excepté celui des Juifs, qui est le fruit de la révélation de Dieu à Moïse), avec toutes ces règles et prescriptions sacrificielles visant à apaiser la colère des dieux.

Ces deux comportements religieux ont pourtant ceci en commun: ils sont la preuve que le genre humain se sait inexcusable devant le divin. Mais, au lieu de se tourner humblement devant le Dieu vivant, les hommes se sont égarés dans leur idolâtrie, se rendant de la sorte encore plus coupables.

1 commentaires:

Anonyme 10 août 2006 à 05:46  

Bonne idée de nous partager ton parcours dans l'épitre aux Romains! En passant, l'image de Jules me donne le goût de regarder un film d'Astérix.