jeudi 24 mai 2007

La doctrine de Christ avant la Réforme

Voici le deuxième texte d'une série sur la christologie. Pour lire la première étude, cliquez ici.

De l’Église primitive au Concile de Nicée

Bien avant la composition des premières confessions de foi de l’Église des Conciles œcuméniques (aux 4e et 5e siècles), dans lesquelles a été « officiellement fixée » la doctrine de Christ, l’Église primitive confessait déjà la divinité et l’humanité de Jésus-Christ. Elle affirmait également la vie sans péché de Jésus et le considérait comme l’objet de son adoration.

La question complexe des natures divine et humaine unies dans la personne de Jésus ne posait donc aucun problème véritable pour l’Église naissante ; celle-ci adorait Jésus-Christ en toute simplicité, le déclarant à la fois pleinement Dieu et pleinement Homme. Ce n’est que dans le feu de la controverse, qu’est apparu pour l’Église le besoin d’une définition plus systématique de sa doctrine christologique, cette dernière devant principalement lui servir à réfuter les fausses doctrines. Bien que les principaux conflits christologiques aient surtout fait rage à partir du 4e siècle, on pouvait déjà les pressentir sous leurs formes embryonnaires dès le 2e siècle, notamment avec l’ébionisme et le gnosticisme.

Les ébionites, formant une secte judéo-chrétienne au 2e siècle, sont parmi les premiers à avoir attaqué de front la foi christologique de l’Église primitive. Henri Blocher résume leur doctrine : « À l’origine Jésus n’est, pour eux, qu’un homme, né sans miracle, mais revêtu de la Puissance parfaite d’En-Haut, du Saint-Esprit : à la suite de son obéissance parfaite à la Loi et à la volonté de Dieu pour lui, il a été élevé par Dieu, glorifié comme Messie —Seigneur et Fils de Dieu[1]. »

À l’instar des ébionites, les aloges[2] nieront à leur tour la divinité de Jésus-Christ. Ils ont d’ailleurs rejeté l’Évangile de Jean, qu’ils considéraient comme étranger à la pensée du Nouveau Testament à cause de sa doctrine du Logos.

Si certains rejetaient la divinité de Jésus, d’autres, au contraire, reniaient son humanité. Les gnostiques, par exemple, refusaient à Jésus la nature humaine, la matière étant en effet mauvaise selon eux. Jésus, prétendaient-ils, n’avait que l’apparence mais non la substance de l’humanité. L’influence grecque du dualisme de la chair (mauvaise) opposée à l’esprit (bon) est évidente. Quelques Pères de l’Église ont combattu le gnosticisme (Tertullien et Origène, par exemple) en affirmant la pleine divinité de Jésus, sans toutefois parvenir à procurer à l’Église une représentation équilibrée et définitive de la doctrine du Christ (peut-on le leur reprocher ?).


[1] Henri BLOCHER, Christologie, série « Fac étude », 1er fascicule, Vaux-sur-Seine, 1986, p. 90.

[2] Aloges : a privatif et logos ; les aloges sont donc ceux qui refusent la doctrine du Logos.

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