mercredi 2 mai 2007

La culture évangélique et les Églises émergeantes

Nul d'entre nous ne doute de l'existence d'une "culture évangélique" bien établie en Amérique, en Europe et ailleurs dans le monde. Cette culture a ses propres traditions et ses propres politiques, et ceux qui joignent les rangs évangéliques apprennent et imitent les comportements de cette culture.

Or les Églises émergentes, dont le livre de
Ray S. Anderson, An Emergent Theology for Emerging Churches, est un résumé de leur théologie, affirment que leur rôle ne consiste pas à renverser les cultures qui accueillent l'Évangile, mais à faire triompher les principes de la grâce de Dieu tout en préservant les aspects positifs de ces cultures d'accueil. C'est du moins ce que prône Ray S. Anderson:

Les Églises émergeantes n'exportent pas leur propre culture dans les champs missionnaires, mais cherchent à étendre le royaume de Dieu de sorte que chaque culture puisse porter dans ses propres structures sociales la réalité du royaume de Dieu et rendre manifeste l'humanité du royaume à travers ses propres formes (p.155; traduction libre)
Tout cela me conduit à poser la question suivante: si le souci et le but des Églises émergeantes consistent à atteindre les autres cultures, à y prendre place, pourquoi alors ces mêmes Églises émergeantes ont-elles quitté les Églises de culture évangélique pour former d'autres groupes ecclésiaux? Ne devraient-elles pas chercher à travailler de l'intérieur de la culture évangélique, pour rester fidèle à leur principe? Vous pourrez sans doute me répondre que le mouvement des Églises émergeantes se compare à la réforme protestante. Mais il vous faut prouver ce point. En tous cas, laissez-moi savoir ce que vous pensez de cette question.

2 commentaires:

Anonyme 4 mai 2007 à 15:55  

Salut Daniel,
Je partage ton hésitation à propos de l'éclosion de nouvelles Églises indépendantes qui fractionnent encore davantage un milieu évangélique terriblement fragmenté. Mais il faut dire qu'elles ne font que répéter l'ethos évangélique, qui est de chercher le Réveil à tout prix pour laisser les "Églises mortes" ("traditionnelles"). Les évangéliques actuels se font jouer le tour qu'ils ont joué aux Églises "mainline" (anglicans, catholiques, luthériens, etc.). La question centrale demeure toujours à mon avis: qu'est-ce qui fait la légitimité d'une Église? Si c'est le fait de se référer à la Bible comme Parole de Dieu, on a un problème parce que toutes les Églises chrétiennes prétendent être plus bibliques les unes que les autres (même entre évangéliques on s'excommunie mutuellement, et pourtant on se prétend tous bibliques, plus encore que les Églises mainline qui élèvent la tradition de l'Église; à mon avis, il faut prendre en compte la question de l'herméneutique, ça presse!). Si c'est la tradition (au sens des Conciles oecuméniques, d'Actes 15 à Chalcédoine disons), alors on peut se demander si des Églises - tels les Églises évangéliques - qui ont balancé la tradition en même temps que les Églises mainline ont une légitimité. Si c'est la continuité historique, alors là les orthodoxes et les cathos ont une longueur d'avance, mais on peut se demander quelle légitimité peut avoir un Pape supérieur aux autres évêques (ce qui est contraire à l'Église des premiers siècles). Bref: quelle légitimité ont des Églises évangéliques qui ressemblent davantage à des entreprises familiales ou à des grandes corporations (les Mégachurches) et qui sont dirigées par des pasteurs charismatiques qui n'ont de compte à rendre à personne et qui sont en compétition les uns contre les autres? En ce sens, les Églises émergentes sont typiquement évangéliques car elles imitent le caractère très "libre entreprise" du mouvement évangélique.
On aurait probablement besoin, entre autres, d'évêques (pour l'unité interéglises) et de théologien-ne-s/docteurs (pour l'unité doctrinale)reconnus.
Comme tu peux le voir, je me pose pas mal de questions! Ce qui prouve que ton message blog est intéressant!
Tu me diras ce que tu penses de mes élucubrations.

Anonyme 5 mai 2007 à 07:28  

C'est fou, mais je me dois de partager entièrement ton point de vue. C'est fou, dis-je, parce que nous en sommes rendus là. Mais en même temps, je crois que Dieu règne, et que nos divisions, bien qu'elles n'honorent pas du tout Dieu, ne le découragent aucunement dans l'accomplissement de son oeuvre.

Dans ce post, je voulais faire ressortir une contradiction des Églises émergeantes. Mais cette contradiction, il est vrai, est également à la racine même de l'évangélisme. Comme quoi nous avons tous à faire face à nos contradictions!

Sur ce, j'aimerais néanmoins rappeler que la loi de l'amour enseignée par Jésus, et reprise abondamment par l'apôtre Jean et l'apôtre Paul, est le principe qui doit triompher dans et par delà nos divisions. Car même si l'autre, qui est mon frère ou ma soeur en Christ, ne communie pas avec moi chaque dimanche matin, il n'en demeure pas moins que l'amour est véritablement le lien qui nous unit et qui doit sans cesse nous unir. Mais cet amour n'est utopique que si on le considère comme réalité doctrinale sans attache authentique à l'Église, qui est justement le lieu privilégié de la manifestation de cet amour. Aimons donc, et aimons encore plus.