dimanche 29 juin 2008

Stratégie d’accompagnement pastoral pour la crise de l’engagement comme disciple

L’engagement de devenir disciple est une démarche propre à toute personne qui, dans un acte d’amour authentique, qui se veut une réponse à la grâce ineffable et infinie de Dieu manifestée en Jésus-Christ, décide de soumettre sa volonté et son être entier à l’obéissance de la volonté divine. Cette décision de servir le Christ appartient à l’individu seul, dans ce sens que ce dernier, de son propre chef, résout librement et sciemment en son cœur de vouer sa vie pour la cause de Christ et de son royaume, sans y être d’aucune façon forcé ou contraint par des moyens de coercition provenant d’une tierce personne ou d’une communauté religieuse[1]. L’entrée dans la communauté chrétienne se fait toujours sur la base d’une décision individuelle. En revanche, toute stratégie d’accompagnement pastoral qui a pour but l’affermissement de la foi encore toute juvénile du nouveau croyant ainsi que son intégration au sein de la communauté chrétienne s’exerce toujours par et dans la communauté. Le pasteur joue un rôle prépondérant dans la manière dont l’église s’engagera dans l’intégration et la formation des nouveaux croyants. Nous démontrerons en effet de quelle façon le pasteur peut jouer un rôle déterminant pour conduire chaque nouveau croyant à vivre de manière convenable les multiples conséquences et implications nouvelles que produit cette « crise existentielle » que nous appelons la conversion.

Le baptême est la première étape majeure du croyant suivant son engagement à devenir disciple de Jésus-Christ. Mais, avant d’en discuter, mentionnons rapidement que le pasteur doit suffisamment encourager les membres de l’église qu’il dirige à accueillir chaleureusement les nouveaux croyants qui s’y ajoutent. Lui-même devra bien recevoir les frères et sœurs nouvellement convertis. Cet accueil est primordial pour une bonne intégration du nouveau croyant. C’est dans la mesure seule où le nouveau converti est chaudement accepté et reçu par la communauté qu’il ressentira un esprit familial réel et sera pleinement assuré, en voyant la joie que suscite chez les autres sa présence nouvelle, d’avoir fait le bon choix.

Comme nous venons de le mentionner, le baptême est la première ordonnance à laquelle doit se soumettre le croyant suite à sa conversion. Le pasteur peut personnellement préparer le croyant à bien obéir à cette ordonnance de Christ. Mais il peut aussi confier cette tâche à un membre de l'église locale dont la maturé et la confiance ne sont plus à démontrer. D’une façon ou d’une autre, il s’agit simplement de vérifier si le candidat au baptême confesse correctement la foi évangélique (c'est-à-dire selon l'enseignement de la Bible) et s'il comprend la signification de l’acte symbolique qu’il s’apprête à manifester publiquement[2]. Cette étape de la vie du croyant est bouleversante et toute spéciale pour lui. Le pasteur doit par conséquent s’assurer du bon déroulement de cette période particulière de la vie du nouveau disciple.

Le dernier aspect que nous voulons souligner concerne la relation d’aide. Car il est vrai que les gens de la génération précédente (les «baby-boomers») et des générations actuelles (la génération X et celle des adolescents) sont plus affectés et dérangés par les effets dévastateurs du péché. Non pas que le péché soit maintenant plus néfaste qu’autrefois. Cependant, la société actuelle est profondément marquée par le rejet des valeurs judéo-chrétiennes sur lesquelles elle a été autrefois érigée. Et quel a été le résultat de ce rejet ? Un pluralisme d’idéologies nocives qui ne contribuent qu’à un dérangement psychologique des individus. Vous trouvez peut-être que ma critique est sévère ? Mais à bien y penser, n’est-il pas vrai que notre société est profondément troublée et affectée par le relativisme philosophique ambiant et la philosophie de l’absurde ? Le pasteur doit par conséquent connaître les diverses influences philosophiques véhiculées au sein du monde dans lequel les nouveaux croyants ont grandi. Car plus que jamais la relation d’aide est sollicitée par les nouveaux croyants, ces derniers étant profondément confus alors même qu'ils viennent tout juste de naître à la vie d'en haut. Il faut donc, dans un tel contexte, que le pasteur forme des hommes et des femmes qui seront en mesure de répondre à ce besoin. S’il néglige cet aspect, il risque de ne pas parvenir à pourvoir à une relève qui prendra en main la chrétienté de demain.

Notes

[1] Évidemment, nous ne nions pas l’influence ni le rôle essentiel du Saint-Esprit dans l’œuvre de la conversion. Au contraire ! Lui seul peut convaincre un homme de s’engager sur la voie du salut. Nous parlons en fait de ces influences humaines ou de ces moyens de pression couramment employés par des gourous pour convaincre les gens d’adhérer à leurs idéologies religieuses. Ces moyens peuvent être la violence ou la torture, la persuasion malhonnête, etc. L’Église doit prêcher l’Évangile et inviter les hommes à venir à Jésus-Christ. Cependant, elle reconnaît aussi que c’est l’œuvre de Dieu qui s’accomplit, et que, malgré tous les efforts qu’elle déploie, personne ne se convertira si Dieu n’agit pas et ne convainc pas le pécheur par la puissance de son Esprit.

[2] Nous désirons copier intégralement ici un texte intéressant tiré d’un article écrit par R.T. France (« Jesus the Baptist? », Jesus of Nazareth Lord and Christ, Grand Rapids, William B. Eerdmans Publishing Company, 1994, p. 109), article dans lequel il résume la position intéressante développée par R. Brow à propos du baptème :
The sequence of the two elements in disciple-making (baptizing…teaching) does not correspond to most current church practice, at least where the baptism of adults is concerned. We generally baptize only after extensive teaching and examination. Baptism thus becomes a retrospective mark of having become a disciple, rather than an element in disciple-making. Is there then anything to be said for reexamining our practice in the light of the sequence of the two principles in Matt 28:19-20? This has been argued passionately in a surprisingly little-known book by R. Brow, Go Make Learners: A New Model for Discipleship in the Church. In a wide-ranging study of the NT, Brow argues that baptism was not the culmination but the beginning of the process of becoming a disciple. Converts in Acts were baptized immediately, not after extensive preparation and examination. From “the biblical practice of immediate baptism” Brow argues that the Christian church is to be understood on the model of a school, in which people are enrolled, by baptism, in order to learn. The baptized community is a community of learners, not of those who have already arrived. Baptism is a mark of commitment to learn, not a sort of “graduation.” Brow therefore believes that the order of the participles in Matt 28:19-20 is both deliberate and highly significant. By baptizing we mark people out as “learners,” and it is then our responsibility to make sure that they find within the church the opportunity to learn “all that Jesus commanded”.

3 commentaires:

Anonyme 29 juin 2008 à 19:16  

Wow! .... quel retour en force..... Mais, il est déchaîné..... ( lis-ça comme un compliment )

Anonyme 1 juillet 2008 à 07:16  

Un retour à la parole.... quoi ( comme si on devait en être là dans des assemblée dites bibliques ) Si le baptême n'est pas la purification des souillures dues au péché.... ( genre le sacrement de "régénération-baptismale"," l'hocus-pocus" et "l'alakazoum" religieux romain )... il se doit d'être l'engagement à vivre pour Christ, de celui qui prétend mettre sa confiance en Lui. Celui qui reconnaît Jésus comme Sauveur va aller de l'avant et "s'assermenter" à vivre en pleine fidélité pour son Seigneur. C'est en bout de ligne la réponse, ( eperotema ) logique, personnelle et individuelle du sauvé envers le Sauveur. C'est pourquoi, lorsque la Bible fut traduite en latin, le mot sacramentum y fut placé. C'était, chez les romains ( pas les "catho"-romains ) un dépôt considéré comme une garantie de bonne foi accompagné d'un serment solennel. Ainsi en est-il du baptême, il est ce serment d'un engagement personnel ( et non collectif=jusjurandum ) envers Dieu, du croyant. Et comme tout engagement, il est tout à fait naturel qu'il le soit au début de la marche, au début de "l'aventure"....... ils crurent et furent baptisés.....c 'est la "norme" du Nouveau-Testament. Bien entendu, comme tu l'as si bien spécifié, il faut tout-de-même s'assurer de ce que le "candidat" croit sur ce qu'est l'Evangile et de ce que signifie son baptême. Je pense qu'avec le temps, les assemblées on voulues être prudentes avec les candidats et ont voulues s'assurer que les candidats étaient vraiment sincères en voulant aller de l'avant.... y a tellement eu de candidats à "semences" improductives..... mais, même là, si on prêche le bon Évangile ( avec tout ce que ça implique ) l'abandon de la foi du candidat ne dépend pas de nous. La mode du "bon dosage" d'évangélisation, a amené ces "conversions" faciles qui n'ont pas résistées à l'usure de la vie et ceci a amené cette "prudence" envers les baptêmes rapides..... comme quoi, la véritable sagesse n'est pas de "finasser" dans le témoignage, mais plutôt de dire ce qui doit être dit, en toutes occasions favorables ou non. On entre dans l'eau du baptême comme une "ami" du monde et on en sort comme un ennemi de ce même monde.......et un ami de Jésus.......et ce témoignage public va faire "brasser" les choses..... Voilà pourquoi, l'Église se doit d'être cette communauté de solidarité et d'appui réel dans l'agagé ( amour volontaire, désintéressé et inconditionnel ) envers Dieu, et les uns avec les autres. Ça fait partie de l'engagement du croyant. Reste à voir comment "l'institution" va voir ces choses..... y'ont souvent des bonnes raisons d'interpréter et de commenter différemment..... Salut Daniel Audette.

Anonyme 1 juillet 2008 à 10:18  

Je suis d'accord que nous devons être plus rapide à encourager les nouveaux croyant à être baptisé.

J'aime bien dans la citation à la fin de ton article "The baptised community is a community of learners, not of those who have already arrived. Baptism is a mark of commitment to learn, not a sort of graduation."