jeudi 4 janvier 2007

Résolution du Nouvel An

Voilà, le temps des Fêtes est terminé; je ne me suis pas laissé prendre au jeu du matérialisme et du consumérisme. Je crois donc avoir été assez fidèle à la pensée exprimée dans mon avant-dernier post, dans lequel j'ai brièvement fait mention du danger de la surconsommation caractéristique des Noëls occidentaux. Je dois cependant avouer avoir été quelque peu tenté par cette frénésie du temps des Fêtes, surtout lors des rassemblements familiaux. Mais j'ai tenu ferme, me remémorant que Noël est le "jour où l'on adore officiellement" Celui que, en réalité, nous adorons tous les jours de l'année, Jésus notre Seigneur et Sauveur.

Mais j'ai aussi résisté à une autre tentation: celle de la résolution du Nouvel An. Cette fameuse résolution que nous sommes censés prendre chaque début d'année, comme je trouve cette idée décevante. Pour moi, la résolution du Nouvel An est un peu la même chose que l'aide caritative accordée aux familles et aux plus démunis durant les Fêtes: on cible une seule journée ou une seule chose, et ensuite on oublie le reste. Dans le cas de l'aide, on vient au secours des nécessiteux une journée dans l'année, après quoi, on les oublie, avec l'illusion d'avoir la conscience tranquille puisqu'on a fait sa part[1]. Dans le cas de la résolution du Nouvel An
, on se concentre sur un aspect déficient de son propre caractère ou de sa vie, et on y travaille l'année durant, s'imaginant que le reste n'est pas important ou peut attendre l'année suivante. Mais que fait-on de ceux qui crèvent de faim ou endurent nos défauts de caractère, peut-on leur demander de patienter encore une année? Dirons-nous aux gens dans le besoin: "Revenez l'année prochaine, c'était un seul panier de nourriture par famille!" ou à notre conjoint: "Tu devras supporter mon alcoolisme, chérie, ce n'est pas ma résolution pour cette année!"

Cette idée d'une résolution du Nouvel An ne colle pas à ma réalité parce qu'elle ne me semble pas être une démarche honnête. À mon avis, il s'agit d'une autre manière que nos contemporains se sont donnée pour féliciter et soulager leur ego; c'est une démarche entièrement individualiste: "Ah! Regardez, je me suis amélioré cette année, j'ai cessé de fumer." Tout tourne autour de nos réussites personnelles et tout cela sert à alléger un peu notre conscience en nous persuadant nous-mêmes que nous sommes meilleurs que l'année précédente parce que nous sommes parvenus à corriger un défaut de caractère ou une mauvaise habitude. Cette manière individualiste de considérer une résolution est, à mon avis, tout à fait étrangère à la pensée biblique, qui présente bien plus la transformation du caractère d'un individu pour le bien commun. En d'autres termes, si je prends une résolution, c'est parce que je sais que cette nouvelle manière d'agir procurera du bien à ceux qui m'entourent et les pousseront à glorifier Dieu à mon sujet. La gloire de Dieu, par l'accomplissement de sa volonté pour la communauté des hommes, est donc le but ultime de toute résolution.


De plus, le mot résolution ne rend pas la richesse de sens que contient le mot repentance, qui définit plus correctement la pensée scripturaire: la repentance provient d'une conviction de péché qui trouve racine dans la Parole de Dieu, seule règle de vie et de foi pour la créature humaine, alors qu'une résolution est souvent le fruit de valeurs personnelles. La repentance biblique contient certes un élément de résolution, mais le concept de repentance est plus riche que celui de résolution, car il est fondé sur la révélation historique de la grâce de Dieu accomplie et manifestée en Jésus-Christ, et non sur le potentiel individuel de changer sa vie. Le chrétien exerce la repentance dans un esprit d'amour parce qu'il sait que l'amour du Père précède et surpassera à tout jamais le sien.

Il y a sans doute des chrétiens qui, chaque année, prennent une résolution avec des intentions non individualistes mais, au contraire, bienveillantes à l'égard des autres. Je ne peux certes pas le leur reprocher. Une bonne décision restera toujours une bonne décision. Mais je m'interroge sur un autre point: pourquoi se limiter à une seule résolution, alors que le chrétien sait avoir plusieurs traits de caractère à changer et maintes péchés dont il doit se détourner? En ce qui me concerne, j'ai plusieurs traits de caractère que je désire faire disparaître et une multitude de péchés contre lesquels je me bats. Et dans la mesure du possible, je dois affronter toutes ces choses en même temps. L'apôtre Pierre met d'ailleurs en garde les chrétiens de ne pas oublier la purification de leurs anciens péchés (2 Pierre 1.9). Il est intéressant de noter que Pierre emploie ici le pluriel, et non le singulier, lorsqu'il touche la question des péchés, faisant ainsi ressortir la réalité multiple du mal dans la vie des croyants.

En ce qui me concerne, je ne prends pas de résolution au début de chaque année. Par contre, chaque journée est pour moi l'occasion de délaisser mes péchés et de me laisser transformer par Dieu afin de le glorifier. Puissions-nous cette année expérimenter non pas une résolution, mais une repentance continuelle dans le seul et unique but de glorifier Dieu et d'être des vases d'honneur utiles à leur Maître (2 Timothée 2.19-21).

Notes
[1] Le récit de l'onction de Jésus fait figure de paradoxe face à la question de l'aide apporter aux pauvres durant Noël (
Matthieu 26.6-13). En effet, dans notre société nous réservons une "journée officielle", soit Noël, pour venir en aide aux plus démunis. Or Jésus a dit à ses disciples: "Vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours." (v.11), comme quoi les pauvres sont toujours là, devant nous, tous les jours, et requièrent notre attention bien plus qu'une seule fois chaque année.

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