lundi 29 janvier 2007

Prédication du dimanche le 28 janvier, à l'Église Baptiste de la Haute Gatineau (Maniwaki)

Le droit de devenir enfants de Dieu (Jean 1.11-13)


Introduction

Les titres

Tous les hommes portent des titres. Par exemple, nous sommes tous citoyens du Canada, sinon on est immigrant, au sens de la loi. Mais on peut aussi porter le titre de son métier, comme professeur, ingénieur, avocat, docteur, etc. Certains titres donnent des privilèges. Par exemple, le Premier Ministre du Canada a bien plus de privilèges que moi.

Dans l’Ancien Testament les hommes ont aussi des titres. Certains hommes sont des rois, d’autres des prophètes, quelques-uns des bergers, des esclaves, et bien d’autres encore. Dans le Nouveau Testament aussi plusieurs titres apparaissent. On nomme par exemple « apôtres » les douze disciples de Jésus. On voit aussi les titres de chrétiens, docteurs, prophètes, pasteurs, évangélistes et j’en passe. Mais il est un titre particulièrement fondamental pour nous, chrétiens. Ce titre se trouve en Jean 1.11-13 :

Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. (Jean 1.11-13)

« Enfants de Dieu ». Quel titre merveilleux ! Ceux qui croient en la Parole ont reçu le droit de devenir enfants de Dieu et de porter ce titre. N’est-ce pas merveilleux ?

Pourtant, je me souviens d’avoir souvent été effrayé par ce passage au cours de mon enfance spirituelle, lorsque je n’étais encore qu’un jeune chrétien. Surtout par la dernière partie du verset 13 : « lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. »

J’étais effrayé à l’idée que ma foi ne vienne pas de Dieu mais ne soit qu’une tentative de ma chair ou de ma volonté d’homme de croire en Dieu. Cette question revenait continuellement dans mon esprit : « Qu’est-ce qui te prouve que ta foi n’est pas le fruit de ta volonté humaine? »

Avec le temps, je me suis bien rendu compte que ma compréhension de ce texte était mauvaise. Car, loin d’effrayer le croyant, ce texte est au contraire censé le fortifier et le remplir d’assurance. Pourtant, je me suis aussi aperçu que plusieurs chrétiens lisent ce texte et sont remplis de craintes parce que, comme moi, ils ne comprennent pas correctement ce passage biblique. Quelle est donc la bonne compréhension de ce texte?

Terminologie

Le « droit » :

Ce droit est une autorité que quelqu’un a en sa possession. Deux images viennent aisément à l’esprit :

1) celle du roi qui peut faire ce qu'il lui plaît parce qu’il en a le droit,

2) et celle des esclaves du sud des Etats-Unis, qui, une fois leur émancipation accordée par Abraham Lincoln, avaient le droit de se proclamer libre et quitter la demeure de leur maître. Certains esclaves n’ont pas quitté leurs maîtres, pourtant ils en avaient le droit.

L’exemple de l’élection et l’endurcissement d’Israël

Dieu a autrefois choisi Israël pour qu’il soit son peuple. Les Israélites avaient reçu ce privilège et cette autorité d’être constitué comme peuple de Dieu. Le peuple de l’Alliance.

Dieu a fait plusieurs promesses à Israël. Il a aussi accomplis des choses grandioses pour Israël et par Israël. Mais Israël a finalement endurci son cœur et a rejeté le Messie que Dieu lui avait envoyé. Il a renoncé à son privilège d’être le peuple de l’Alliance.

Pour Israël, le privilège d'être le peuple élu de Dieu pouvait se transmettre par la naissance physique. Mais depuis qu’Israël a rejeté le Messie, la naissance naturelle parmi les Israélites n’a plus aucune importance. Naître dans une famille juive ne donne plus automatiquement ce privilège d’être membre du peuple de l’Alliance.

En effet, depuis la venue de Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection, c’est la foi en Christ qui est décisive. Les liens familiaux, de sang, ne servent à rien. C’est d’ailleurs ce que Jean a en tête lorsqu’il dit : « lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu ».

« non pas de sang » : c’est-à-dire non pas d’une descendance physique, juive ou autre.

« ni de la volonté de la chair » : c’est-à-dire non pas d’un désir sexuel en vue de la procréation.

« ni de la volonté de l’homme » : c’est-à-dire non pas de la décision d’un époux d’engendrer une postérité.

Ceux qui sont nés de Dieu sont nés d’une naissance spirituelle, que Dieu seul peut accomplir. Seul l’Esprit de Dieu a le pouvoir de faire naître des enfants de Dieu. Vous pourriez essayer toute votre vie de mettre au monde une descendance d’enfants de Dieu, vous n’y parviendrai jamais.

Mais si c’est Dieu qui fait naître de nouveau, comment expliquer ce « droit de devenir enfants de Dieu » ? Est-ce une œuvre de Dieu ou une œuvre humaine ?

Eh bien, l’œuvre de Dieu consiste en ceci : que nous croyons en celui qu’il a envoyé, c’est-à-dire son Fils unique. Jean 6.27-29 dit en effet :

Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour celle qui dure pour la vie éternelle. Cette nourriture, c'est le Fils de l'homme qui vous la donnera, car Dieu le Père lui en a accordé le pouvoir en le marquant de son sceau. Et que devons-nous faire pour accomplir les œuvres que Dieu attend de nous? lui demandèrent-ils encore. L'œuvre de Dieu, leur répondit Jésus, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé.

Si vraiment nous avons reçu ce droit de devenir enfants de Dieu, pourquoi trouve-t-on encore des chrétiens qui vivent dans la crainte ? Pourquoi éprouvons-nous parfois de la difficulté à affirmer que nous sommes devenus enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ ?

Je crois qu’on peut identifier deux raisons qui empêchent les croyants d’affirmer leur statut d’enfants de Dieu :

a) Le légalisme : le légalisme nous garde sous l’esclavage du péché ; nous sommes légalistes lorsque nous nous concentrons uniquement sur le péché et les moyens de le combattre. Je ne dis pas que résister au péché avec nos forces humaines est une mauvaise chose. Car Jésus lui-même a dit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) Or le légalisme existe lorsqu’une personne pense qu’elle gagnera son salut parce qu’elle a obéi aux commandements de Dieu.

b) Une fausse conception de l’Homme : Le christianisme enseigne qu’il existe deux mondes, le monde spirituel et le monde physique. Ces deux mondes sont la création de Dieu. Nous sommes d’accord avec cet enseignement. Mais où ça devient problématique, c’est lorsque certains chrétiens pensent que seul le monde spirituel est bon et que le monde physique est totalement mauvais. Pour ces chrétiens, tout ce qui est humain est mauvais par définition. Ces chrétiens ont beaucoup de difficulté à concevoir que la foi qui est un don de Dieu soit en même temps un exercice de notre part.

C’est cette conception erronée de l’Homme, qui conduit à ce qu’on appelle habituellement la fausse humilité chrétienne. Je me souviens d’un frère, à qui j’ai mentionné une fois avoir apprécié son aide. Il m’a alors répondu : « Je n’ai rien fait, c’est Dieu, à lui soit la gloire ! ». Je lui ai alors répondu :

« Sais-tu que tu viens tout juste de rejeter la doctrine de l’incarnation. En effet, si Dieu a choisi d’accomplir son œuvre de salut dans la personne de Jésus-Christ, Dieu fait homme, et qu’il a décidé de poursuivre cette œuvre par le moyen de son Église, on doit alors reconnaître que Dieu « s’incarne » en quelque sorte en elle pour accomplir son plan ; il se sert d’hommes et de femmes, et c’est ainsi que Dieu a décidé de se glorifier. Mais si tu refuses que Dieu puisse t’utiliser, tu rejettes du même coup la manière dont il a choisi de se glorifier, à savoir par et dans les hommes. Donc tu contredis la doctrine de l’incarnation. »

On voit ici la fausse humilité à l’œuvre. Lorsqu’une telle fausse humilité est en nous, il nous est difficile de concevoir que Dieu nous demande d’exercer cette autorité de devenir enfants de Dieu, puisque ça semble glorifier l’homme et non Dieu. Mais c’est pourtant tout le contraire : cela manifeste la grâce abondante de Dieu, qui nous a donné ce droit de lui appartenir ! Si Dieu n’avait pas envoyé son Fils, personne n’aurait pu devenir enfant de Dieu.

Tout ce que nous venons de dire touche directement la psychologie de la foi, le comment ça se passe dans notre tête. Quand je réfléchis dans mon homme intérieur, je me dis : « Je suis un enfant de Dieu, c’est ça la réalité de Dieu, telle qu’il l’a perçoit. Je suis venu à Jésus, j’ai aimé son message et la manière dont il désire que nous vivions dans ce monde, et j’ai cru en lui. Je suis devenu enfant de Dieu. Ma vie est désormais définie par cette réalité nouvelle de Christ. »

Ce que disent les autres écrivains du Nouveau Testament

L’apôtre Paul :

Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. (Rm 8.14-17)

L’apôtre Pierre :

C’est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce qui vous sera apportée, lorsque Jésus Christ apparaîtra. Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance. (1 Pi 1.13-14)

L’apôtre Jean :

Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu. (1 Jean 3.1)

Les responsabilités qui accompagnent ce droit

L’exemple d’Israël

Israël devait être la lumière des nations, par sa sainteté et son amour pour Dieu et pour les hommes. Il a échoué dans l’accomplissent de ce rôle, qui était pourtant un privilège pour lui.

La responsabilité qui accompagne ce droit de devenir enfants de Dieu se résume à ceci : aimer Dieu et aimer notre prochain. Jean dit en effet :

Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu, et quiconque aime celui qui l’a engendré aime aussi celui qui est né de lui. Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi. Qui est celui qui a triomphé du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? (1 Jean 5.1-5)

Conclusion

Comme le souligne ce dernier texte, celui qui croit en Christ aime et triomphe du monde. Ce langage est un langage de victoire, non d’échec. Dieu nous a accordé le droit et le privilège de devenir enfants de Dieu, de le dire, de se le rappeler et de l’affirmer haut et fort. Ce titre d'enfants de Dieu est le titre qui définit notre vraie nature. On peut porter plusieurs titres dans la vie, celui de patron, d’employé, de pompier, de policier, etc. Mais le premier titre, et celui qui est le plus important pour chacun d'entre nous, est celui d’enfant de Dieu.

Vous savez, la foi chrétienne n’est pas une foi pour les timides, mais une foi qui rend le croyant affirmatif quant à son identité d’enfant de Dieu. Je peux dire librement : « Je peux devenir et vivre comme un enfant de Dieu, sans crainte ni illusion. Dieu m’a gracieusement accordé ce privilège ! »

Le Seigneur Jésus t’a aussi accordé ce privilège de devenir enfant de Dieu, par la foi en lui. Le crois-tu ? Sais-tu que tu as le droit de l’affirmer et de vivre cette réalité comme si c’était la seule vérité ?

2 commentaires:

Anonyme 29 janvier 2007 à 11:23  

Je suis content que tu sois allé à Maniwaki. Comment as-tu trouvé cela?

Anonyme 29 janvier 2007 à 18:55  

J'ai beaucoup aimé mon expérience. J'ai d'ailleurs proposé à M. Langlois d'y aller une fois par mois.