jeudi 28 décembre 2006

Être père selon Georges Whitefield



Georges Whitefield et le rôle du chef de famille

Un sermon du célèbre prédicateur Georges Whitefield m'a fait beaucoup réfléchir ces derniers jours. Il s'agit de son sermon intitulé The great Duty of Family-Religion, dans lequel il brosse un tableau biblique de ce à quoi devrait ressembler une famille chrétienne, et plus particulièrement le rôle spirituel du père (le "gouverneur", dans les mots de Whitefield) envers les siens. Mais ce que j'ai principalement aimé de ce sermon, c'est la manière dont Whitefield applique la doctrine du triple office de Christ au père de famille. Ainsi, comme Christ, le père doit dans son foyer être à la fois prophète, prêtre et roi:
Chaque gouverneur de famille doit se considérer comme ayant l'obligation d'agir selon trois charges, comme prophète, pour instruire, comme prêtre, pour prier pour et avec [sa famille] et comme roi, pour gouverner, diriger et être le pourvoyeur des siens.
Il est vrai que ni l'Ancien ni le Nouveau Testament n'envisagent le rôle du père de famille d'après le modèle des trois offices. Mais cela n'invalide en rien cette analogie que fait Whitefield, puisque l'apôtre Paul recommande aux maris de prendre Christ comme leur modèle marital (Éphésiens 5.25-27). Or le Nouveau Testament atteste clairement que Christ est à la fois prophète (Luc 13.33-34; Actes 3.19-23), prêtre (Hébreux 7.24-26) et roi (Matthieu 21.5; Apocalypse 17.14). Celui-ci, en sa qualité de prophète, a maintes fois enseigné à ses disciples; en tant que prêtre, il a prié et intercède encore pour les siens; enfin, comme roi, il règne sur son Église.

Bien entendu, cette analogie du triple office du rôle paternel ne nous permet pas de transposer toutes les fonctions ministérielles de ces trois offices aux pères de famille. On ne s'attend pas à ce que les pères se mettent à prophétiser les événements à venir ni à ce qu'ils offrent des sacrifices sanglants comme le faisaient autrefois les prêtres-sacrificateurs. On ne s'attend pas non plus à ce qu'ils règnent en roi sur les nations ni à ce qu'ils fassent des nations de leurs familles. Toute analogie a ses limites. De la même façon, on ne peut exiger des pères qu'ils accomplissent tout ce que le triple office de Jésus représente: quel père pourrait régner en roi comme Christ règne sur son Église? Quel père pourrait intercéder en notre faveur comme Christ le fait? Quel père pourrait prétendre posséder une unicité prophétique semblable à celle de Jésus? Christ a accompli ces ministères d'une façon toute singulière, et nul parmi nous ne peut les reproduire à nouveau, car ils appartiennent en propre au dénouement historique et non répétable du plan rédempteur de Dieu.

Quel est donc l'avantage de faire une telle analogie si, en dernière analyse, il faut vider en partie ces trois offices de leur signification propre avant de pouvoir les appliquer aux pères de famille? Whitefield n'aurait-il pas mieux fait de souligner uniquement et sans façons l'importance de l'enseignement, de la prière et de l'autorité pour les pères de famille? Cette procédure aurait au moins eu à son avantage d'éviter toute cette gymnastique intellectuelle. Cela est certes vrai, mais pensons-y un peu: quelle autre approche, sinon celle de Whitefield, peut ancrer si solidement
le rôle du père dans la tradition biblique
? Quelle autre approche fait reposer le rôle paternel sur des assises aussi certaines que celles que constituent les offices prophétique, sacerdotal et royal? Bref, quelle autre approche est en mesure de récupérer l'ensemble de l'histoire et de la tradition juives ainsi que l'enseignement de l'Église primitive sur Christ, pour établir les fondements d'une définition cohérente et hautement pratique du rôle de chef de foyer?

Je ne veux certes pas avancer ni même sous-entendre que cette manière de concevoir le rôle de père est la seule qui soit possible pour le chrétien ou qu'en dehors d'elle il n'y en ait aucune autre qui soit biblique. Je dis cependant que celle-ci contient une bonne part de sagesse car elle permet de relier aisément le ministère de la famille aux grandes institutions de l'Écriture, soit les institutions prophétique, sacerdotale et royale, octroyant ainsi aux pères chrétiens des modèles bibliques d'hommes de Dieu qu'ils peuvent imiter.


Je vous invite à commenter ce post en exprimant ce que,
selon vous, cela signifie pour un père d'être à la fois prophète, prêtre et roi dans son foyer.

2 commentaires:

Anonyme 31 décembre 2006 à 10:11  

Très intéressant! J'ai bien hâte de lire la suite. J'imagine que tu nous donnera un petit apperçu des trois rôle du père.

Je vais essayer de revenir ajouter des commentaires afin de partager comment je vois les trois rôle dans ma vie de papa.

Anonyme 17 mai 2007 à 07:15  

Je pense faire un petit quelque chose la-dessus sur mon blogue dans les prochains jours.