mardi 18 novembre 2008

Le rejet

Qui n'a jamais souffert du rejet? Sans craindre de se tromper, on peut affirmer que chacun d'entre nous, à un moment ou un autre de sa vie, a été victime de rejet. Et le rejet, bien souvent, sinon toujours, engendre le sentiment de rejet. Or le sentiment de rejet, lorsqu'il est ressenti, s'enracine profondément à l'intérieur de nous. Avec le temps, il semble s'estomper, voire même disparaître. Pourtant il est toujours là. Il n'est pas seulement là, blotti quelque part dans les profondeurs de notre for intérieur, parcourant les méandres de notre inconscient, mais il est aussi actif, si actif qu'il détermine l'ensemble de nos comportements relationnels. C’est ce sentiment de rejet qui, entre autres, nous conduit à développer des mécanismes de défense relationnels; c’est aussi ce sentiment de rejet qui nous pousse à manipuler les autres dans le but de leur arracher un peu d’amour et de compassion. Comme si on pouvait recevoir l’amour sur commande! Enfin, c’est ce sentiment de rejet qui nous fait devenir exigeants envers les autres, qui nous rend prompts à réclamer des autres qu’ils respectent nos droits et prennent soin de notre personne.

Le rejet subi, bien entendu, n’est pas péché pour celui qui en est victime. Celui qui sera condamné, c’est celui qui rejette son prochain, non la victime. Par contre, le sentiment de rejet, lui, peut devenir péché. En effet, je pèche chaque fois que le sentiment de rejet me pousse à fabriquer des mécanismes de défense et des stratégies de manipulation d’autrui. Je pèche puisque je ne suis plus en train d’obéir au mandat que Dieu désire me voir accomplir, mandat qui consiste à aimer mon prochain, quand bien même ce prochain me rejetterait. Car comment pourrais-je prétendre aimer mon prochain si, cherchant à protéger égoïstement mon cœur des souffrances du rejet (que ce rejet soit réel ou non), je ne cesse de mendier son amour en le manipulant ou me protège farouchement de lui, me fermant de la sorte à lui et aux possibilités infinies du partage réciproque de l’amour?

Que faire si le sentiment de rejet a pollué ma vie?

Jésus, sur la croix, s’est écrié :

Éli, Éli, lama sabachthani? c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? (Matthieu 27.46)
Jésus, abandonné, rejeté par le Père! Abandonné et rejeté par le Père, mais après que tous, ses disciples comme sa famille, son peuple comme ses ennemis romains, l’eussent abandonné et rejeté, le laissant là, seul, sur la croix infâme, avec la dureté du bois et la froidure des clous comme uniques compagnons des dernières heures de sa vie. Jésus, on te nommera le Rejeté!

Que les hommes l’aient rejeté, ce rejet des hommes, Jésus en a manifestement triomphé. Il a triomphé de ce rejet par l’amour. Ne sont-ce pas en effet les paroles de Jésus, alors qu’il était en croix :
Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. (Luc 23.34)
Jésus a triomphé du rejet infligé par les hommes. Quel espoir! Car ton exemple, Jésus, m’inspire, me convainc de triompher du rejet par l’amour et le pardon que je rendrai à ceux qui me rejetteront. En toi, par toi et comme toi, je peux désormais vaincre le rejet par la puissance libératrice de l’amour.

Abandonné par le Père. Quel abandon! Comment pourrais-je survivre à un tel abandon? Mais je n’ai pas à subir un tel abandon, car toi, Jésus, tu as été rejeté du Père afin que je sois accueilli par le Père. Ton rejet, Jésus, m’a valu l’accueil éternel du Père. Ton abandon, Jésus, a déchiré le voile du lieu très saint (Luc 23.45), et désormais ton Père m’y reçoit, dans l’intimité de sa joie et de son amour.

Et chaque fois que les hommes me rejetteront à cause de ton nom, Jésus, ou pour quelque autre raison que ce soit, toi, Ô Père, tu m’ouvriras les bras et m’accueilleras tendrement!

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