mercredi 11 octobre 2006

L’interprétation allégorique de la Bible

par Daniel Audette

Plusieurs philosophes stoïciens et platoniciens considéraient Homère comme un véritable classique littéraire. Par contre, ces philosophes étaient en même temps embarrassés par l’absurdité et le caractère primitif des récits des dieux et déesses appartenant à l’ancien polythéisme religieux des Grecs. Pour réduire cette tension, quelques-uns d’entre eux décidèrent de réinterpréter allégoriquement l’œuvre d’Homère.

Dans les cercles juifs, Philon (v. 13 av. J.-C. – v. 54 apr. J.C.) se servait couramment de l’interprétation allégorique ; à l’aide de cette méthode, il entendait en effet découvrir les doctrines platoniciennes et stoïciennes contenues dans les écrits de Moïse. Ainsi, l’interprétation allégorique était déjà bien implantée dans les milieux grecs et juifs avant de faire son apparition dans le christianisme.

En ce qui concerne son usage dans la chrétienté, l’exégèse allégorique a souvent été associée au nom du grand théologien alexandrin Origène (v. 185 – v. 254). Pourtant, environ deux siècles avant ce dernier, Clément de Rome ( – 97) pratiquait déjà l’interprétation allégorique des Saintes Écritures. Et Clément d’Alexandrie (v. 150 – v. 215), quelque un demi-siècle avant Origène, employait aussi cette méthode, bien que d’une manière moins systématisée que lui. Ce sont plus particulièrement les disciples d’Origène qui ont fortement encouragé la pratique de l’interprétation allégorique, allant parfois jusqu’à commettre des excès forts regrettables.

Clément d’Alexandrie soutenait que le lecteur doit espérer découvrir un sens caché dans le texte biblique, car le mystère de l’Évangile, disait-il, « transcende la signification de n’importe quel passage[1] ». Origène affirmait essentiellement la même chose que son prédécesseur, expliquant par surcroît que le lecteur doit commencer son interprétation par le sens évident ou grammatical du texte biblique, et ensuite passer de la « lettre » à l’« esprit » du texte[2]. (Selon Origène, l’Écriture renferme trois sens, le sens littéral, le sens moral et le sens spirituel.) Et c’est l’interprétation allégorique, ajoutait-il, qui permet au lecteur de saisir l’« esprit » (le sens spirituel) d’un passage biblique. Pour justifier cette méthode, Origène inférait que l’Écriture, en raison de son origine spirituelle, possède forcément une signification digne de cette origine.

Pour circonscrire plus exactement ce qu’est la « lecture allégorique » de la Bible, nous dirions simplement qu’une allégorie est une représentation symbolique. Ainsi, quand le sens littéral d’un texte biblique leur semble « incomplet », certains interprètes préfèrent alors interpréter allégoriquement le texte en question. Les mots, dans ce cas, ne sont plus compris dans leur sens normal, mais d’une manière symbolique, ce qui modifie du coup la signification du passage biblique ainsi interprété, puisqu’on lui attribue un sens qu’il n’a sans doute jamais eu l’intention de rendre. La lecture allégorique s’oppose donc à la lecture littérale de la Bible.

Les chrétiens qui utilisent cette méthode le font habituellement dans le contexte de la prophétie biblique (par exemple, les prophéties de l’Ancien Testament et l’Apocalypse) et des paraboles du Nouveau Testament. Mais on retrouve aussi des interprétations allégoriques de chaque genre littéraire contenu dans l’Écriture Sainte.

Un exemple classique d’un passage biblique interprété allégoriquement est sans aucun doute la parabole du Bon Samaritain (Lc 10.25-37). Comme le mentionne le docteur Amar Djaballah, « jusqu’à la fin du XIXe siècle, cette parabole est interprétée dans une perspective presque entièrement allégorique, et on lui attribue une signification christologique (...)[3] ». C’est d’ailleurs de cette façon que Saint Augustin a jadis interprété ce passage biblique. Voici en quoi consistait son interprétation :
  1. Un homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho = Adam
  2. Jérusalem = la cité céleste de la paix, d’où Adam est tombé
  3. Jéricho = la lune, signifie ainsi la mortalité d’Adam
  4. les brigands = le diable et ses anges
  5. le dépouillèrent = c’est-à-dire de son l’immortalité
  6. le rouèrent de coups = en le persuadant de pécher
  7. et le laissèrent à demi mort = en tant qu’homme il est vivant, mais il est mort spirituellement, il est donc à demi-mort
  8. le sacrificateur et le Lévite = le sacerdoce et le ministère de l’Ancien Testament
  9. le Samaritain = signifie gardien, dit-on, c’est pourquoi il s’agit de Christ lui-même
  10. banda ses plaies = signifie ôta le joug du péché
  11. l’huile = la consolation d’une bonne espérance
  12. le vin = exhortation à travailler avec ferveur d’esprit
  13. la monture = la chair du Christ incarné
  14. l’hôtellerie = l’Église
  15. le lendemain = après la résurrection
  16. deux deniers = promesse de cette vie et de la vie à venir
  17. l’hôtelier = Paul[4].

Objections à la méthode allégorique

C’est en nous servant de la parabole du Bon Samaritain que nous démontreront notre première objection à la méthode allégorique. Si, pour être comprise dans son sens « spirituel » et « christologique », cette parabole doit être interprétée d’une manière allégorique, on s’explique difficilement alors comment le docteur de la loi est parvenu à la comprendre un tant soit peu[5]. En effet, puisque Jésus, au moment où il raconte cette parabole, n’avait pas encore vu ni la mort de la croix ni la résurrection d’entre les morts, il est par conséquent totalement impossible que le docteur de la loi ait pu « saisir » le sens « spirituel » de cette parabole comme l’expliquait Saint-Augustin, qui affirmait découvrir en elle le plein accomplissement de l’œuvre rédemptrice accomplie par Jésus-Christ. Et pourtant, le docteur de la loi a bel et bien compris la parabole ! Si donc ce docteur de la loi a compris correctement la parabole du Bon Samaritain, n’est-il pas tout à fait raisonnable alors d’affirmer que celle-ci n’a pas besoin d’être lue allégoriquement pour être comprise[6] ?


Charles C. Ryrie explique, à juste titre, que la lecture allégorique, si elle est utilisée de façon consistante, « réduirait la Bible à de la presque-fiction, car le sens normal des mots perdrait sa pertinence et serait remplacé par une quelconque signification que l’interprète donne aux symboles[7] ». Il faut en effet reconnaître le caractère subjectif de cette approche herméneutique. Si celle-ci est subjective, c’est parce qu’elle fait premièrement appel à l’imagination du lecteur plutôt qu’à son bon sens. Bien entendu, notre intention n’est pas de dénigrer l’imagination des lecteurs en disant cela. Au contraire, l’imagination peut parfois s’avérer très bonne et utile. Même lorsqu’il s’agit d’avoir du bon sens ! Mais afin qu’elle ne divague ni ne fabule, l’imagination doit être solidement tenue en laisse. Or l’un des principaux problèmes avec l’interprétation allégorique se trouve dans le fait que cette manière de lire la Bible produit habituellement plusieurs excès regrettables dans l’interprétation. Car il n’existe pratiquement aucun critère ni aucune clé herméneutique pouvant guider le lecteur dans son interprétation allégorique de la Bible. L’interprétation est donc totalement livrée à l’arbitraire.

Un autre argument contre l’interprétation allégorique de la Bible, c’est que cette approche n’est pas encore parvenue à démontrer son utilité. Comment en effet les allégoristes expliquent-ils que le sens spirituel qu’ils affirment découvrir par l’allégorisation soit identique au message divin que l’on peut comprendre en lisant normalement le texte biblique ? Ils rétorqueront probablement que le sens spirituel que l’on découvre en pratiquant l’allégorisation n’est jamais censé contredire le sens normal de la Bible ni aller au-delà de ce même sens. Car, disent-ils, il y a nécessairement correspondance entre ces deux sens, étant donné que Dieu est l’auteur de la Bible et qu’il lui est absolument impossible de se contredire. Or, s’il y a bel et bien correspondance entre ces deux sens, quel est donc l’avantage de poursuivre la pratique de l’interprétation allégorique de la Bible, puisque de toute façon il est possible d’obtenir les mêmes résultats en lisant l’Écriture d’une manière normale ? Ne vaut-il pas mieux alors cesser tout simplement d’utiliser la lecture allégorique ?


Langage figuratif et lecture allégorique

Autre est le langage figuratif contenu dans la Bible, autre est la lecture allégorique de celle-ci. Quiconque désire interpréter correctement l’Écriture Sainte doit d’abord reconnaître ce fait. Il est en effet important de prendre conscience que la lecture allégorique, en dépit des similitudes que cette manière de lire semble partager avec le langage figuratif contenu dans la Bible, agit cependant comme une « structure externe », qu’on « superpose » arbitrairement au texte biblique. Contrairement à la lecture allégorique, le langage figuratif appartient intrinsèquement à la composition même de la Bible ; ce langage n’est pas une interprétation forcée du texte scripturaire. Il s’agit tout simplement d’un langage imagé, qui exprime des réalités spirituelles à l’aide d’images terrestres. Aussi, en utilisant des images et des symboles, les auteurs bibliques entendaient-ils se servir de modes de pensées propres à refléter de manière suffisamment adéquate les vérités spirituelles qu’ils avaient reçues de la part de Dieu. On ne peut donc pas les accuser de tordre le sens du message divin ! Bien au contraire. Ce qu’ils ont écrit est le message divin, dans toute son intégralité.

Les images que les écrivains bibliques ont utilisées pour dépeindre certaines réalités spirituelles ne reproduisent ces mêmes réalités que d’une manière dite analogique. Autrement dit, la réalité spirituelle exprimée par l’image n’est pas cette image prise dans son essence. La Bible, par exemple, dépeint à l’occasion Dieu comme un « rocher », un « bouclier » et une « lumière ». Mais il est évident que Dieu, au sens propre du terme, n’est ni un rocher, ni un bouclier, ni une lumière. De la même manière, lorsque l’Écriture Sainte désigne Dieu comme Seigneur, Juge, Roi, Père et Fils (Jésus-Christ), elle le fait forcément à partir de figures ou de termes qui sont empruntées au domaine des relations personnelles et sociales de l’homme. Car la seigneurie de Dieu, sa judicature, sa royauté, sa paternité ainsi que sa filiation transcendent à l’infini les réalités terrestres dont l’Écriture se sert figurativement pour le représenter.

Prenons la filiation de Jésus-Christ pour illustrer plus en détails notre point. En décrivant Jésus comme Fils de Dieu, le Nouveau Testament n’affirme aucunement par là que la filiation du Logos éternel est essentiellement identique à la relation humaine entre un père et son fils. Ce serait d’ailleurs une grave erreur que de confondre ces deux types de filiations. Certes, entre le Père et le Fils, il y a paternité et filiation, et c’est ce que la théologie trinitaire a tenté de nous démontrer avec le plus de clarté possible, eu égard aux nombreuses difficultés insurmontables que représente l’étude de ce sujet tout à fait énigmatique. Il serait toutefois déraisonnable de prétendre connaître pleinement l’essence de cette relation intra-trinitaire en se référant au modèle humain de la filiation. C’est pourquoi nous confessons, d’une part, que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, et, dans cette confession même, nous parvenons malgré tout à saisir quelques bribes de cette filiation divine grâce à l’intelligence que nous, êtres humains, avons des relations filiale et paternelle. D’autre part, nous bronchons tous contre le mystère de la Trinité et des relations internes qui la composent. Car il n’appartient, somme toute, qu’à l’exigence de la foi de renfermer ce mystère.

Culte de l’image et lecture allégorique

Pourtant, malgré cette distinction que nous venons d’établir, un certain nombre de chrétiens continuent à confondre langage figuratif et lecture allégorique. Nous avons même l’impression parfois que certains d’entre eux sont complètement subjugués par le concept d’« image », comme si chaque parole, chaque mot dans la Bible était en fait une figure ou une image recélant une signification à la fois plus profonde et plus spirituelle, qu’il nous importe de découvrir en mettant en action une méthode rigoureuse d’allégorisation ! On peut même se demander s’il n’y a pas lieu de considérer une telle attitude comme un véritable culte de l’image, car il se trouve des gens qui paraissent totalement incapables d’interpréter la Bible sans devoir du même coup faire intervenir d’une manière ou d’une autre un jeu de représentations symboliques. Pour ces personnes, presque tout est figuratif dans la Bible. Ce qu’il faut faire, disent-ils, c’est de découvrir les multiples trésors spirituels cachés à l’intérieur de l’Écriture Sainte en creusant du mieux qu’on peut, c’est-à-dire en appliquant scrupuleusement la méthode allégorique. Cependant, leur fascination pour l’image prend parfois des proportions si gigantesques, que nous croyons être en droit de nous interroger sur la légitimité de leur démarche : est-ce une démarche saine et convenable ou un vice caché dans la réflexion elle-même ?

Afin de répondre à cette question, il nous paraît nécessaire de faire d’abord une remarque succincte à propos de la notion d’image comme celle-ci se présente à nous dans la société occidentale. Cette remarque, spécifions-le tout de suite, ne prétend nullement épuiser le sujet du concept d’image ni en donner une explication définitive. À vrai dire, il s’agit d’une observation qui, nous le croyons, pourrait s’avérer fort utile pour mieux comprendre cette obsession de l’image chez certaines personnes.

Une caractéristique singulière de notre société occidentale, c’est la valeur considérable que les gens attachent à l’image, qu’il s’agisse de leur propre image ou encore de celle des autres. On exprime à l’occasion cette même idée en opposant « paraître » et « être ». Le « paraître », dit-on, consiste à refuser la belle occasion d’« être » ce que nous sommes en réalité. Le « paraître », dans ce sens, correspondrait donc à une représentation idyllique de soi, que l’on jetterait intentionnellement à la face des autres dans le but bien arrêté de faire montre non pas de soi-même mais d’une mascarade de soi, c’est-à-dire d’une image de soi fabriquée de toutes pièces. C’est bien ce qu’avait jadis observé Montesquieu, lorsque, par exemple, il disait que « la vérité demeure ensevelie sous les maximes d’une politesse fausse » et qu’on « ne met point de différence entre connaître le monde et le tromper[8]. » Non seulement jouons-nous cette comédie, mais nous exigeons des autres qu’ils la jouent également, car l’image qu’ils projettent d’eux-mêmes sur nous nous éblouit tout autant que la nôtre. Cela est ainsi parce que nous croyons à tort que l’image est de loin plus agréable et plus vraie que la vérité elle-même. Les agents publicitaires et les politiciens connaissent très bien ce phénomène ; ils savent d’ailleurs parfaitement quelle peut être la puissance de l’image et comment celle-ci peut littéralement inciter les gens à consommer à la démesure ou à voter pour leur parti politique. Ils se servent du pouvoir de l’image parce qu’ils ont compris que nous nous laissons facilement berner et assujettir par l’image. Bref, ils savent très bien qu’image égale pouvoir. Ils n’ignorent pas que ceux qui régneront sont ceux qui auront la capacité de manipuler l’image à leur guise ! Or cette puissance de l’image est peut-être ce qui nous fascine le plus dans l’image ; c’est peut-être aussi pour cette raison qu’il nous est si facile de projeter sur les autres une image de nous-mêmes, car une telle image nous fait sentir plus grands et plus puissants dans la société des hommes. Elle nous aide en effet à refouler nos complexes ou encore à camoufler soigneusement un manque d’estime de soi. Nous savons tous très bien que tout cela n’est rien de plus qu’une illusion. Pourtant, nous jouons volontiers le jeu.

Certaines personnes peuvent penser que nous nous sommes éloignés de notre sujet initial. En fait, nous y revenons, mais par une autre porte d’accès. Ce que nous cherchons à démontrer, c’est que derrière l’obsession de l’image se cache parfois un besoin profond de valorisation et de puissance. Nous avons dit « parfois », car nous sommes tout à fait conscient que d’autres raisons peuvent motiver les gens à insister fortement sur les images. Néanmoins, ce que nous sommes en train de dire, c’est qu’il est fort possible que des gens interprètent allégoriquement la Bible parce que cette manière de la lire leur procure un sentiment vertigineux de puissance ou encore de réalisation personnelle. En d’autres termes, certaines personnes pourraient, consciemment ou non, allégoriser la Bible dans le but de se prouver à elles-mêmes ainsi qu’aux autres qu’elles détiennent une autorité spirituelle en propre. Pire, il pourrait même s’agir d’une méthode de manipulation spécialement destinée à tromper les gens afin de les assujettir. À titre d’exemple, on n’a qu’à penser aux sectes religieuses (aussi bien les sectes chrétiennes que les sectes juives ou musulmanes) qui, afin d’établir solidement leur soi-disant « autorité spirituelle », jouent volontiers la carte de l’interprétation mystique et allégorique des livres sacrés. Elles prétendent en effet être les seules à pouvoir démystifier la signification de ces livres sacrés. Sans elles, insistent-elles par surcroît, personne ne saurait être en mesure de connaître la vérité ! Entre leurs mains, l’interprétation allégorique devient donc un puissant outil de domination et de manipulation religieuse.


Mais il ne faut surtout pas s’imaginer que les sectes religieuses sont les seules à agir de cette façon. Car les églises évangéliques ne sont aucunement exemptes de membres (tant des laïques que des ministres) qui pratiquent l’allégorisation pour des raisons similaires ! Nous ne disons évidemment pas (est-il nécessaire de le rappeler ?) que tous ceux qui font une lecture allégorique de la Bible sont par le fait même des manipulateurs religieux en quête de puissance spirituelle et d’autorité ecclésiastique. Cependant, nous sommes convaincus que le phénomène que nous venons de décrire existe bel et bien dans nos églises et qu’il continue malheureusement de ravager non seulement des communautés chrétiennes au complet, mais encore des vies entières. Ainsi, quand certaines personnes, fascinées à outrance par la puissance de l’image, tentent d’affermir leur autorité par une joute ingénieuse et très efficace d’allégorisation des Écritures, l’Église se doit de réagir dans les plus brefs délais, sans quoi elle court le risque de subir tôt ou tard un dur revers.

______________________
[1] Voir la rubrique « Hermeneutics », in Anthony C. Thiselton, New Dictionary of Theology, Downers Grove, IVP, 1988, p. 294.

[2] Ibid.

[3] Amar DJABALLAH, Les paraboles aujourd’hui, Québec, La Clairière, 1994, p. 224.

[4] Cette liste est tirée du livre de Gordon FEE & Douglas STUART, op.cit., p. 133-134.

[5] Voir Lc 10.36-37 ; le dernier verset indique clairement que le docteur de la loi avait compris correctement la signification de la parabole, car Jésus, pour manifester au docteur de la loi qu’il est en accord avec sa réponse juste, lui répond tout de suite : « Va, et toi, fais de mêmes ». Voir aussi Gordon FEE & Douglas STUART, op.cit., p. 134.

[6] Le docteur Amar Djaballah rejette l’interprétation allégorique de la parabole du Bon Samaritain, tout comme il repousse l’opinion selon laquelle ce passage serait en réalité un récit exemplaire (une illustration-modèle). Il préfère actualiser cette parabole en suivant trois possibilités : 1) « Que l’expérience de la grâce de Dieu vient d’abord, le service de Dieu et du prochain viennent après » ; 2) Que « la manière dont nous investissons les problèmes inter-confessionnels et inter-raciaux contemporains est avant tout une affaire d’aimer son prochain comme soi-même » ; 3) Et, finalement, en s’accordant sur ce point avec le philosophe contemporain Emmanuel Lévinas, qu’il « me faut apprendre à aimer l’autre comme prochain, car je suis là pour lui ou pour elle ; c’est à cette seule condition que mon amour lui-même pourra être moins étouffant et plus libérateur, à l’exemple de l’amour de Dieu » ; Voir Amar Djaballah, op.cit., p. 240-241.

[7] Charles C. RYRIE, Basic Theology, Wheaton, Victor Books, 1986, p. 110.

[8] MONTESQUIEU, Éloge de la sincérité, Éditions Mille et une Nuit, 1995, p. 11. Nous avons modernisé la citation, qui, dans cette édition, préserve le vieux français du texte intégral. Le philosophe existentialiste Karl Jasper, de son côté, nous offre une description peu reluisante des politiciens qui sont attachés au pouvoir uniquement pour exploiter honteusement le peuple et faire montre de leur puissance politique : « Ce sont des réalistes opportunistes, factieux, roublards, maîtres chanteurs. (...) Avec des phrases sentimentales, ils jouent la comédie du sérieux. » ; Karl Jasper, Initiation à la méthode philosophique, Paris, Payot & Rivages, 2001, p. 99-100.

0 commentaires: