lundi 16 octobre 2006

L'anti-esthétisme du péché

"La laideur est une forme de violence."

Francine Noël

"Dans la nature, ce sont les hommes qui décrètent de la beauté ou de la laideur."

Jean Arp

"Il y a dans l'homme assez de beautés pour provoquer l'extase, comme on y trouve assez de laideurs pour vouloir le supprimer."

Eugène Cloutier

La théologie chrétienne nous a largement habitués au caractère anéthique et contre-éthique du péché; elle a cependant manifesté une certaine timidité à confesser le caractère anti-esthétique de celui-ci. En effet, le péché est non seulement un mal moral, il est également un mal esthétique, dans ce sens que son étendue destructrice affecte aussi la beauté originelle de la création divine. En d'autres termes, le péché est cause de laideur dans le monde. Cette donnée théologique semble a priori une évidence, de sorte qu'il paraît absurde de ressortir ce point et de l'exposer. Par exemple, les oeuvres artistiques des hommes sont parfois si affreuses, que le terme "art" ne paraît nullement convenir pour décrire ce à quoi il réfère. Pourtant, il subsiste une difficulté majeure à dire le péché anti-esthétique, et cette difficulté ou timidité réside précisément dans le fait que l'esthétisme, contrairement à l'éthique, ne comprend pas de normes d'évaluation biblique précises pouvant guider le chrétien dans l'estimation du beau et du laid: sur quel fondement et à l'aide de quels critères peut-on dire que telle laideur est une corruption et destruction de la beauté de la création divine? À quel moment un comportement social ou une création esthétique propre à une tradition culturelle doivent-ils être vus comme des attitudes pécheresses?

Je crois que le chrétien n'est pas laissé à lui-même pour déterminer ce qui est beau et ce qui est laideur en tant que fruit du péché. L'Écriture, bien qu'elle ne renferme aucune norme claire sur l'aspect esthétique de la création, ne laisse pourtant pas le chrétien sans lignes conductrices pouvant le guider dans l'estimation de la beauté des choses. Mais au delà de ces lignes directrices, se trouve un principe fondamental qui devrait en temps normal offrir un cadre approprié à toute réflexion esthétique, et ce principe est le suivant: la rédemption de Christ doit aussi s'appliquer à l'esthétisme des choses, de sorte qu'un chrétien qui croisse normalement devrait s'attacher toujours plus au beau et à l'agréable esthétique. Comment un chrétien pourrait-il en effet être fasciné par la laideur? Cela serait une contradiction en soi, car la laideur est le corollaire du péché, alors que beauté et sainteté se côtoient toujours.

1 commentaires:

Anonyme 17 octobre 2006 à 07:30  

Intéressant!