mercredi 21 mars 2007

Les bonnes oeuvres chez le chrétien dans le contexte des groupes maison

Fondement biblique

Selon la Bible, le chrétien est appelé à abonder dans les bonnes œuvres. Comme l’enseigne l’apôtre Paul, c’est la puissance de Dieu qui constitue le fondement de cette abondance dans les bonnes œuvres. Car Dieu a le pouvoir de combler ses enfants de richesses afin que ces derniers puissent en retour œuvrer au bien commun de la communauté de foi. L’apôtre affirme en effet aux Corinthiens: «Mais Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce envers vous, afin qu’ayant toujours en toutes choses tout ce qui suffit, vous abondiez pour toute bonne œuvre» (2 Co 9.8).

Le contexte immédiat de ce passage est celui de la collecte entreprise par Paul en faveur des chrétiens pauvres de Jérusalem (voir Ga 2.10; 1 Co 16.1-3). L’apôtre veut s’assurer de l’entière participation de l’Église de Corinthe à cette œuvre de bienfaisance, cette église qui, ayant beaucoup reçu de Dieu, peut de ce fait être riche en libéralité.

Le verbe abonder en 2 Corinthiens 9.8 traduit donc l’idée de richesse, d’une personne ou d’une communauté qui a reçu de Dieu en abondance et qui, en retour, manifeste elle-même une générosité envers les autres. Il est expédient de noter ici le choix des verbes utilisés par Paul: Dieu fait abonder toute grâce, pour que les Corinthiens, à leur tour, abondent en toute bonne œuvre. La répétition du verbe abonder n’est pas fortuite sous la plume de l’apôtre: c’est parce que cette abondance est vraie pour Dieu, en vertu de sa providence, qu’elle est aussi vraie pour eux; c’est parce que Dieu donne en abondance à ses enfants qu’il devient possible à ceux-ci de donner également avec largesse (voir aussi 1 Co 8.8).

Quelles raisons devraient inciter les chrétiens à pratiquer de bonnes œuvres? Selon le Nouveau Testament, six raisons peuvent être avancées:

  1. Sans conteste, une des raisons principales de pratiquer de bonnes œuvres est de glorifier Dieu le Père, comme le mentionne le Seigneur Jésus lui-même: «Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.» (Mt 5.16; voir aussi 1 P 2.12).
  2. Jacques rappelle aux croyants que les bonnes œuvres sont la démonstration de la réalité de la foi: «Il en est ainsi de la foi: si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j’ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres» (Jc 2.17-18).
  3. Dans le même ordre d’idées, l’apôtre Paul exhorte les chrétiens à l’exercice des bonnes œuvres dans le but d’affermir le témoignage chrétien devant les incroyants et les autorités civiles: «Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité» (1Ti 6.18).
    L’apôtre dit ailleurs: «Rappelle-leur d’être soumis aux magistrats et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à toute bonne œuvre […] Cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu s’appliquent à pratiquer de bonnes œuvres. Voilà ce qui est bon et utile aux hommes» (Tt 3.1, 8).
  4. Ces mêmes passages bibliques introduisent également une quatrième raison, celle de la pratique des bonnes œuvres pour l’utilité et le bien communs. Doit-on discerner en cela une invitation à l’engagement social? Le texte ne l’affirme pas explicitement. On peut certes penser que Paul le sous-entend. Quoiqu’il en soit, l’apôtre Paul est convaincu que les bonnes œuvres pratiquées par les chrétiens sont d’une manière ou d’une autre utiles et bonnes pour les hommes. Il est donc évident que nos bonnes actions ont des répercussions qui vont bien au-delà des frontières de nos églises locales.
  5. Les bonnes œuvres sont l’un des motifs qui incitent les chrétiens à veiller les uns sur les autres: «Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres.» (Hé 10.24).
    Le terme grec utilisé dans ce passage, que nous rendons en français par le verbe exciter, a un sens très fort; il traduit l’idée d’une provocation (dans un sens positif), afin de susciter chez l’autre une réaction qui le pousse à l’activité. Ainsi, selon l’auteur de l’épître aux Hébreux, c’est pour provoquer nos frères et sœurs à l’amour et aux bonnes œuvres que nous veillons sur eux.
    Il est intéressant de noter que le mot grec pour provoquer est celui qui nous a donné le terme français "paroxysme". Comme en témoigne le dictionnaire le Petit Robert, l’utilisation française de ce mot n’a pas totalement perdu son sens ancien. En effet, selon le Petit Robert, un paroxysme est « le plus haut degré d’une sensation, d’un sentiment », d’où l’emploi du mot exacerbation comme synonyme possible. L’auteur de l’épître aux Hébreux désire donc que nous nous provoquions à un tel point aux bonnes œuvres, allant même jusqu’à « exacerber » nos frères et sœurs afin qu’ils les pratiquent, que seule la pratique de bonnes œuvres pourra être considérée comme une réponse satisfaisante à cette exhortation incessante!
  6. Enfin, celui qui pratique les bonnes œuvres agit envers les hommes comme un modèle chrétien, que les membres de la communauté de foi sont invités à imiter: «Te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, et donnant un enseignement pur, digne.» (Tt 2.7-8; voir aussi 2 Ti 2.20-26). L’apôtre Paul fait cette recommandation à Tite et Timothée, les exhortant à avoir une conduite irréprochable face aux ennemis de l’Évangile. En les exhortant de la sorte, Paul désire surtout que Timothée et Tite soient des modèles pour les chrétiens afin que ceux-ci les imitent et qu’ils deviennent eux aussi des vases d’honneur, sanctifiés et utiles à leur maître (2 Ti 2.20-21).

Autres notions bibliques à propos des bonnes œuvres

L’apôtre Paul établit clairement que l’Écriture seule peut rendre un croyant accompli et propre à toute bonne œuvre: «Dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre.» (2 Ti 3.15-17).

Toujours selon Paul, la pratique des bonnes œuvres est le fruit d’une consolation et d’un affermissement produits par Dieu en nous: «Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, et Dieu notre Père, qui nous a aimés, et qui nous a donné par sa grâce une consolation éternelle et une bonne espérance, consolent vos coeurs, et vous affermissent en toute bonne œuvre et en toute bonne parole!» (2 Th 2.16-17).

L’auteur de l’épître aux Hébreux affirme, à l’instar de Paul, que c’est Dieu qui rend ses enfants capables d’accomplir de bonnes œuvres : «Que le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté!» (He 13.20-21).

Dans sa deuxième lettre à Timothée, Paul enseigne que c’est dans la mesure où quelqu’un se conserve pur et s’éloigne de l’impiété qu’il devient apte à pratiquer de bonnes œuvres: «Si donc quelqu’un se conserve pur, en s’abstenant de ces choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié, utile à son maître, propre à toute bonne œuvre.» (2 Ti 2.21).

Dans la lettre qu’il a écrite à Tite, son enfant dans la foi, Paul insiste pour que celui-ci rappelle aux chrétiens de toujours être prêts à pratiquer de bonnes œuvres: «Rappelle-leur d’être soumis aux magistrats et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à toute bonne œuvre.» (Tt 3.1). Paul insiste sur cela car il veut de la sorte que le témoignage chrétien ne soit pas terni devant les hommes.

De tous ces passages bibliques, on peut dégager les principes suivants à propos de la pratique chrétienne des bonnes œuvres :

  1. Les bonnes œuvres sont le fruit produit par l’enseignement des Écritures. La lecture, la méditation et l’étude de la Bible constituent donc des exercices spirituels de premier ordre pour quiconque désire pratiquer des bonnes œuvres conformes à la volonté de Dieu.
  2. Les bonnes œuvres chez les croyants sont d’abord œuvre de Dieu, puisque c’est lui qui console ses enfants, les affermit et les rend capables de pratiquer de bonnes œuvres. On peut se rappeler cette parole de l’apôtre Paul, lorsqu’il dit «je puis tout par celui qui me fortifie» (Ph 4.13).
  3. Bien que la pratique des bonnes œuvres soit d’abord une œuvre de Dieu, cela n’empêche pas que cette pratique soit également œuvre d’homme. En effet, les croyants sont exhortés à se conserver purs et à être sans cesse prêts à pratiquer de bonnes œuvres. Il est donc de la responsabilité du croyant, en qui Dieu produit le vouloir et le faire (Ph 2.13), de se préparer à pratiquer efficacement des bonnes œuvres.

Milieu relationnel

Les groupes maison constituent d’excellents milieux relationnels où il est possible de mettre en application la pratique des bonnes œuvres. Bien entendu, ils ne sont pas les seuls contextes où il est possible d’accomplir de bonnes œuvres. Pourtant il faut reconnaître que certaines caractéristiques des groupes maison favorisent les bonnes œuvres. On peut penser, entre autres, à la proximité particulière qui se développe entre les participants d’un même groupe maison. Une telle proximité permet de connaître les besoins spécifiques des autres participants, voire les besoins d’autres membres de l’église locale qui n’assistent pas aux réunions de ce groupe maison, ou encore les besoins d’un ami d’un des participants ou d’un membre de sa famille. En outre, la familiarité et l’intimité grandissantes entre les participants d’un même groupe maison favorisent aussi les bonnes œuvres. En effet, plus nous nous attachons aux autres participants du groupe maison auquel nous assistons, plus le souci de prendre soin d’eux croît en nous. Si, par exemple, il se trouve une mère monoparentale au sein d’un groupe maison, et que celle-ci éprouve des difficultés financières sérieuses, il est presque assuré que l’intimité existante entre les participants de ce même groupe maison poussera ces derniers à trouver des solutions concrètes aux difficultés financières de cette maman.

Les deux caractéristiques mentionnées ci-dessus, à savoir la proximité et la familiarité-intimité, illustraient très bien comment les groupes maison sont des lieux propices pour pratiquer de bonnes œuvres. Mais, comme nous le verrons maintenant, les possibilités de bonnes œuvres pour les groupes maison ne se limitent pas à cela ; les groupes maison peuvent eux-mêmes s’engager à pratiquer de bonnes œuvres en organisant des projets de bienfaisance. Ces projets peuvent être multiples, ceux-ci étant surtout en fonction des besoins discernés ou de l’imagination de chaque groupe maison. Si un projet est souvent l’initiative d’un seul groupe maison, rien n’interdit toutefois qu’un projet soit aussi l’affaire de plusieurs groupes maison à la fois. L’important, ce n’est pas le nombre de groupes maison qui participent à un projet, mais ce sont les besoins réels qui réclament notre attention et notre dévouement. Par exemple, la préparation de repas pour les mamans venant tout récemment d’enfanter, une collecte de denrées en vue d’offrir de la nourriture à des nécessiteux, le parrainage d’un enfant du tiers-monde : tous ces projets, et tant d’autres, peuvent facilement être entrepris par un ou plusieurs groupes maison, dès lors qu’il se trouve à l’intérieur des groupes maison une volonté réelle de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.

L’exigence néo-testamentaire d’abonder dans les bonnes œuvres n’a rien de banal. Bien au contraire, c’est par les bonnes œuvres qu’il est possible de démontrer la réalité de notre foi. Le chrétien en vie est celui qui désire servir les autres en répondant à leurs besoins. Pareillement, un groupe maison en vie est celui qui désire servir les autres en répondant à leurs besoins.

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